Fonds de tiroirs

L’Union des Espaces Culturels Autogérés (UECA) profite, fort opportunément, de l'étrange apparition d'un climat « enfin favorable et consensuel sur la question des lieux nocturnes », après des années d'éradication policière de ces lieux, pour redéposer une pétition pour une salle de concerts dans l’Ecoquartier Jonction. L’UECA avait déposé en février dernier une pétition « Pour des espaces publics autogérés sur le futur site d’Artamis », pétition munie de 8'649 signatures dont la majorité politique (cantonale) de droite s'était torchée. C'était avant la fermeture du MOA, en un temps où cette majorité politique cantonale se confretoutait des lieux nocturnes qui fermaient les uns après les autres, puisqu'elle ne les fréquentait pas, et qu'elle en abhorrait le public. Puis est tombée, soudainement, sans prévenir, mais des mêmes instances (le Procureur Général, le Conseil d'Etat) que celles qui avaient présidé à la fermeture des espaces culturels et festifs installés dans des squats, la décision de fermeture du MOA. Que fréquente une partie de la droite. Qui donc se réveille et s'aperçoit tout soudain qu'on manque de lieux «nocturnes festifs» à Genève. Ce qui était auparavant illusoire devenant donc, à six mois des élections municipales, indispensable et urgent, et les éradicateurs s'étant mués en teuffeurs, l'UECA a parfaitement raison de saisir la balle au bond et de leur rappeler que « les collectivités publiques n’étant pas capables de fournir des solutions d’urgence, (...) les décisions qui seront prises dans les mois qui viennent, concernant l’intégration au sein de l’Ecoquartier Jonction d’une salle de concerts, correspondent à des besoins évidents à l’échelle cantonale », et qu'il convient donc d'intégrer au plan d'aménagement de l'Ecoquartier Jonction une « salle d'une capacité d’accueil de 500 personnes maximum pour des soirées djs, tout en étant modulable pour la réalisation de petits événements ou concerts intimistes». Le projet concret de cette salle ayant été déposé le 30 septembre par l’association l’ACàJE, il ne reste plus qu'à le soutenir : si c'est au pied du mur qu'on voit le maçon, c'est au pied de cette salle qu'on verra les démagogues. Ou qu'on les cherchera en vain, alors que les députés au Grand Conseil ont voté jeudi dernier, avec la voix départageante de son président PDC, une résolution urgente qui n'engage qu'eux. Et encore, pas pour longtemps.

Pour la troisième Journée mondiale du lavage des mains, organisée le 15 octobre sous l'égide de l'ONU part le « Partenariat public-privé pour le lavage des mains au savon (PPPLM) » (on ne rigole pas, c'est sérieux), plus de 200 millions d'écoliers, de parents, d'enseignants, de célébrités et de responsables gouvernementaux se sont savonnés les mains aux quatre coins du globe pour rappeler que ce geste peut sauver des millions de vies. Finalement, Ponce Pilate, c'était pas un si mauvais bougre que ça...

Dans un rapport présenté le 14 octobre (jour des navets, ce qui tombe bien) à ses actionnaires, l'UBS fait son mea culpa, ou plutôt, ajoute une pierre à la lapidation de ses anciens dirigeants -qui le méritent amplement, du moins tant que la lapidation reste médiatique : ils ont failli à la fois stratégiquement (dans leur conduite de la banque) qu'éthiquement (s'agissant de leur propre rémunération). C'est bien le moins que l'UBS pouvait reconnaître. Et ça ne lui coûte rien : la banque a été sauvée par les caisses publiques, le Parlement a renoncé à une commission d'enquête, les actionnaires sont rentrés dans le rang après s'être symboliquement payé la tête des anciens dirigeants en refusant de leur accorder décharge pour 2007 mais l'UBS n'entend nullement poursuivre ses ex en justice, bref, tout est rentré dans l'ordre et les bonus ont repris l'ascenseur. C'est l'avantage des autocritiques bancaires sur les autocritiques staliniennes : on en sort vivant, à peine égratigné dans son amour-propre. Pour le reste, l'autocritique bancaire a la même fonction que l'autocritique stalinienne: défendre le système en place. On savait que les banques suisses étaient de formidables lessiveuses à argent sale. Il faut désormais ajouter qu'elles sont aussi de formidables lessiveuses d'elles-mêmes. C'est le génie helvétique : quoi de plus beau qu'une blanchisserie qui se blanchit ?

Lors du débat au Grand Conseil sur un projet (qui sera finalement accepté) de résolution interpartis (sauf les Verts et le MCG) incitant le Conseil d'Etat, après la fermeture du Moa, à développer « une politique volontariste de maintien dans le canton d'une offre culturelle et de divertissement nocturne diversifiée (...) notamment à l'intention des jeunes », on a pu mesurer de quoi était tissée cette soudaine sollicitude d'une partie de la droite : alors que la gauche prônait le maintien ou l'installation en ville des lieux « culturels et de divertissement » pour les djeuns (et les autres), la droite, elle, en prônait le déplacement à la périphérie, le plus loin possible du calme des quartiers résidentiels. Dans un campement sauvage de Rroms, ça irait ? Ou alors à Frambois ?

Une quarantaine de manifestants qui voulaient exprimer pacifiquement vendredi à midi devant le Consulat de France à Genève leur solidarité avec les travailleurs et citoyens qui luttent actuellement en France contre la réforme des retraites ont été empêchées de le faire par les autorités genevoises, qui ont fait disperser sans ménagement les manifestants, qui pourtant ne menaçaient aucunement l'ordre public. Un agent a laissé entendre que les manifestants présents n'étaient pas des êtres humains dignes de respect, tandis qu'un autre exigeait que des photos prises sur place soient immédiatement effacées et que plusieurs manifestants ont été obligés de décliner leur identité et menacés d'amendes. Le rassemblement, à l'appel des Communistes et du NPA, visait à souligner que le combat pour le maintien de retraites dignes est d'actualité dans tous les pays européens, au moment même où l'Union suisse des arts et métiers (USAM) propose de relever l'âge légal de la retraite en suisse à 67 ans. C'était donc en effet un rassemblement porteur d'une immense menace subversive. Mais heureusement, nos autorités veillaient, et la République est sauvée. Sauf du ridicule.

Dans son tous-ménages de campagne pour son dernière dite « pour l'expulsion des criminels étrangers », l'UDC tripatouille allégrement les statistiques pour renforcer la part apparente des étrangers dans les statistiques de la criminalité : elle gonfle le pourcentage de la population étrangère en y intégrant les personnes naturalisées dans le dernier quart de siècle. On se demande pourquoi elle s'en tient là : elle devrait considérer comme « étrangers » toutes celles et tous ceux dont tous les ancêtres n'étaient pas Suisses le 1er août 1291. ça lui permettrait de proclamer que la criminalité en Suisse est exclusivement le fait d'étrangers.

« Bien que le nombre de personnes souffrant de la faim ait baissé par rapport au record de plus d'un milliard atteint l'an dernier, il est encore de 925 millions. Tout nous prouve constamment que les systèmes alimentaires mondiaux opèrent dans un sens qui aggrave la précarité vivrière des membres les plus vulnérables de nos sociétés », a déclaré le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-mon, à l'occasion de la Journée mondiale de l'alimentation, le 15 octobre. Pour sa part, le Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), Jacques Diouf, a appelé à « inverser la tendance négative sur la part de l'agriculture dans l'aide au développement, qui est passée de 19% en 1980 à 3% en 2006 et à environ 6% aujourd'hui », et le président du Fonds international de développement agricole (FIDA), Kanayo F. Nwanze, a rappelé qu'« en Afrique seulement 6% des terres sont irriguées, (que) la quantité d'engrais utilisé sur le continent représente seulement un dixième de la moyenne mondiale (et) que 60% des terres arables en friche se trouvent en Afrique ».

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