Au turbin, les invalides !

Le petit cadeau de Noël du Parlement fédéral à 17'000 rentiers AI

C'est le petit cadeau de Noël du Parlement fédéral : la suppression en six ans (2012-1018) de l'équivalent de 12'500 rentes invalidité pleines. Objectif : « faire des économies » (de 231 millions de francs par an en moyenne). Argutie : « faciliter la réinsertion et la réadaptation professionnelles » des invalides. En clair, les remettre au turbin. Mais comme dans le même temps, on refuse d'introduire des quotas obligatoires d'engagement des personnes handicapées dans les entreprises, on laisse celles-ci libres d'engager ou non les 17'000 personnes qu'on va priver de leurs rentes. Et c'est finalement à l'assistance publique qu'on va demander de se charger des personnes dont on aura purgé l'assurance sociale. -mais peu importe aux charitables auteurs de cette décision : eux, et leur Conseiller fédéral (Burkhalter) en premier, sont obsédés par une seule chose : le «déficit structurel» de l'assurance-invalidité. Déficit qu'on réduira donc en aggravant celui de l'assistance sociale -mais comme celle-ci est à la charge des cantons et des communes, ça ne se verra pas dans un budget fédéral. Joyeux Noël.


On attendait Grouchy ? c'était Blücher

La révision de l'AI suit de nombreuses tentatives, abouties ou contrées par des référendum, de réduire les assurances sociales suisses à un badigeon cosmétique passé sur les précarités les plus voyantes : l'AVS, l'assurance-chômage, l'assurance-maladie et accidents, la prévoyance professionnelle, les allocations familiales, les allocations pertes de gain et les prestations complémentaires (y compris, comme à Genève, les prestations municipales complémentaires aux prestations cantonales) sont depuis dix ans l'objet d'un exercice de rabotage obsessionnel, alors même que, globalement, leur situation financière est bonne (leurs recettes ont augmenté plus fortement la dernière année que leurs dépenses -3,4 % contre 2,7 %). Les critères des assurances privées se sont, politiquement, imposés aux assurances sociales : il faut au moins équilibrer les comptes de chaque assurance, et si possible dégager un petit surplus. A cette offensive de la droite suisse s'ajoute, dans chaque canton, une offensive-relais des droites cantonales (les droites municipales des villes ne manquant, pour y ajouter leur grain de sel, que d'une majorité politique). En témoigne par exemple la révision de la loi genevoise sur l'aide sociale individuelle -on se reportera pour en savoir plus, sur l'excellent papier de Jocelyne Haller dans le bimensuel de solidaritéS (
www.solidarites.ch/geneve/index.php/social-m-travail/). En témoigne également, toujours à Genève, l'aigreur du canton face à la volonté de la Ville de ne pas démanteler son propre dispositif social pour la seule et piètre raison que le canton lui demande de le faire. La révision de l'AI, contre laquelle un référendum sera lancé, frapperait indistinctement les personnes souffrant d'un handicap pychique, et leurs familles. Et elle serait vraisemblablement, si le référendum ne l'annule, suivie d'une deuxième révision du même genre, mais plus rude encore, puisqu'il s'agira d'« économiser » 800 millions de francs par an dès 2018... Il ne s'agit d'ailleurs que de ça : d'économiser. Le reste, les discours sur la réinsertion par exemple, n'est qu'emballage promotionnel. Un emballage qui se déchire à la première demande d'un peu de cohérence : refusant l'introduction de quotas d'engagement de handicapés dans les entreprises, le préposé qui essaie de se faire passer pour un ministre des affaires sociales a expliqué qu'il ne fallait pas « rigidifier le marché du travail ». On demandait des politiques ? On a des comptables. La Majorité qui les élus les a d'ailleurs élus pour cela.

Commentaires

Articles les plus consultés