Fonds de tiroirs


Oskar Freysinger s'est donc déplacé à Paris pour agrémenter de sa présence un raoût rouge-brun (des « Assises sur l'islamisation de l'Europe ») tenues à l'initiative du « Bloc Identitaire » (là, on est franchement dans l'extrême-droite) et de « Riposte Laïque » (un machin qui vient de l'extrême-gauche et qui a viré de bord en réduisant sa voilure « laïque » à la seule toile islamophobe). Les deux tribus s'étaient déjà intelligemment manifestées en organisant un « apéro saucisson-pinard » (pur porc, le saucisson, évidemment) à la Goutte d'Or. On fait mumuse comme on peut : les uns prient, les autres bâfrent, tant que les uns et les autres nous foutent la paix et se contentent de se foutre sur la gueule entre eux, tout baigne). Bref, le Génie des Alpages est tout à fait à sa place dans ce brouet néanderthalien (le « Bloc Identitaire » s'était déjà illustré en invitant l'un de nos plus mirifiques produits du terroir, le Conseiller national UDC jurassien Dominique Baettig). On pourrait même suggérer qu'il y reste, dans le marigot identitaire gaulois, le Génie des Alpages, mais « Infrarouge » et « Genève à Chaud » se sentiraient orphelins, et on est compatissants.

On retrouve en triant de vieux papiers un intéressant (si, si, y'en a) article de la «Tribune de Genève », du 11 janvier 2010, qui fait le point sur les contributions des communes genevoises à l'aide au développement, telles que budgetées,. Où l'on constate que la majorité des communes n'atteint pas l'objectif de 0,7 % de leur revenu, pas plus d'ailleurs que le canton, qui en 2009 se traînait au tiers (0,25 %) de cet objectif. La Ville de Genève, siège d'une palanquée d'organisations gouvernmentales et non-gouvernementales de coopération au développement, se contentait elle-même d'un modeste 0,47 %, à peine mieux que la Confédération (0,42 %). Mais bon, pour la Ville de Genève, ces 0,47 %, c'est sans compter le prix des leçons qu'elle donne aux autres. En attendant, on félicitera, avec un an de retard et en attendant d'avoir les chiffres pour 2011, les 21 communes (y compris des communes solidement à droite) qui atteignent l'objectif de 0,7 %. Quand à celles qui se traînaient en-deçà de cet objectif, on espère qu'elles auront rattrapé leur retard. En particulier les deux principales communes du canton, toutes deux à gauche, la Ville de Genève et Vernier... même si près de la moitié des contributions totales des communes genevoises à l'aide au développement vient de la Ville de Genève.

Le Conseil d'Etat a annoncé que les communes genevoises ont présenté aux comptes 2009 un total cumulé d'excédent de revenus de 274,628 millions de francs. La Ville de Genève présente un excédent de revenus de 161,423 millions de francs. Sans tenir compte des résultats de la Ville de Genève, les communes de Lancy, Meyrin, Plan-les-Ouates et Carouge totalisent environ 50% de l'excédent de revenus 2009. On constate également que l'excédent de revenus 2009 des villes, Genève comprise, s'établit à 220 millions de francs. La fortune nette des communes s'est accrue de 9,9% en 2009, pour atteindre un total de 3,049 milliards de francs. On comprend mieux dès lors les lourds regards d'envie que ne cesse de jeter le canton sur les communes en général, et la Ville en particulier...

Alors comme ça, Christophe Blocher propose d'instituer des test de langues pour les candidats à l'immigration en Suisse, seul-e-s celles et ceux qui maîtrisent une langue nationale pouvant obtenir un permis de séjour. Ce qui prouve bien que, finalement, il est pas raciste, le Pithécanthrope. Parce que si sa proposition était retenue, les managers américains blancs et chrétiens ne parlant pas un mot de français, d'allemand, d'italien ou de romanche, c'est-à-dire la quasi totalité de l'espèce, ne pourraient plus venir manger les hamburgers des Suisses. En revanche, 50 millions d'Africains francophones (dont un bon tiers d'Algériens) pourront les remplacer... Azul, Christophe !

Le 9 octobre dernier, sur un terrain de foot, à Colovray, dans la région de Nyon, un match sans enjeu opposait deux équipes de juniors E (8-11 ans). Sur le terrain, le match s'est bien déroulé. Ensuite... ensuite, le père d'un joueur a agressé, frappé puis menacé de mort l'entraîneur de l'équipe nyonnaise, lui reprochant d'avoir aligné son gniard en défense alors que lui, le pater familias, le voulait en attaque. Ce sont les joueurs qui avaient de 8 à 11 ans. L'âge mental du père n'est pas précisé. Ce qui est précisé, en revanche, c'est la contagion de la connerie sportive, des enfants aux parents.

Le canton veut urbaniser Cointrin -qui l'est d'ailleurs déjà assez largement- en déclassant un secteur de villas en zone 3 de développement, permettant la construction d'immeubles de sept étages, dans un quartier assez proche du centre de la ville, et assez bien desservi par les transports publics. Mais la commune, et certains propriétaires renâclent. Ils auraient tort de s'affoler : c'est Mark Muller qui est chargé du dossier. S'il avance à l'allure de celui des Communaux d'Ambilly, les pèropriétaires de villas et la commune ont le temps de voir venir. Largement le temps.

« Les terrains du PAV (Praille-Acacias-Vernets seront les terrains de la nouvelle Ville de Genève », nous annonce (dans « Affaires Publiques » de décembre) le candidat PDC-UDC des milieux immobiliers, de la famille régnante kazakhe et des amateurs de pince-fesses et de petits fours. Ouais. Sauf que ces terrains sont essentiellement sur le territoire de la Ville de Carouge. Après tout, pourquoi pas ? On annexe Carouge et Lancy (et tant qu'à faire, le Grand Saconnex, Veyrier, Collonge-Bellerive et Pregny-Chambésy en prime, et on l'a, la « nouvelle Ville de Genève » de Chevrolet...

L'Eglise catholique romaine de Genève clopine sur un chemin de croix financier : son budget 2011 est déficitaire d'un million et demi, les dons et contributions ecclésiastiques (volontaires, à Genève) ont diminué de 600'000 francs en cinq ans, le nombre de prêtres de 60 % en quinze ans (les partants ne sont pas remplacés, pour des raisons financières)... du coup, les papistes cherchent des sous pour renflouer leurs caisses : comme elle est propriétaire de neuf immeubles locatifs, elle va augmenter les loyers, elle va vendre ou louer une propriété occupée par un EMS, et elle va solliciter des donateurs. « L'Eglise catholique espère un miracle pour ses finances », titre « La Tribune de Genève ». Quelle genre de miracle ? la multiplication des pains briochés ? la transmutation de l'eau du lac en Sauternes ? Vaudrait mieux qu'elle retrouve ses bonnes vielles recettes : la vente d'Indulgences, par exemple. Tiens, une idée, comme ça : vendre des Indulgences en même temps que se déroule la campagne de la votation de février prochain sur l'amnistie fiscale, ça aurait une certaine cohérence : payez un peu, vous serez beaucoup pardonné, si ça marche pour le fisc, ça doit pouvoir marcher pour le Paradis ou le Purgatoire, non ?

L'enquête sur la mort de Skander Vogt, détenu de Bochuz mort asphyxié dans sa cellule après qu'il ait mis le feu à son matelas, s'est achevée par un non lieu général : tous ceux qui ont assisté, sans intervenir et en attendant que d'autres qu'eux interviennent, à l'agonie de Skander Vogt, ressortent de l'enquête du juge Stoll sans être inculpés. Le juge reconnaît qu'ils ont commis des erreurs, mais explique qu'il n'y a aucune preuve que ces erreurs aient entraîné la mort de Vogt, et qu'on ne peut donc inculper personne d'homicide involontaire ou par négligence. Et qu'après tout, c'est Skander Vogt qui est responsable de la mort de Skander Vogt. L'avocat de la famille du détenu qualifie la décision du juge de «mascarade», et continue de penser que « cette affaire mérite un procès », parce qu'on perle tout de même « d'un homme qu'on a laissé suffoquer durant une heure et demie », jusqu'à ce qu'il meure Encore faudrait-il qu'on admette qu'un détenu soit vraiment un homme... et l'avocat de déclarer avoir l'impression « qu'on a mis cette affaire dans une machine à laver avec programme essorage rapide pour blanchir tout le monde ». Tout le monde ? Ben non, pas tout le monde : Skander Vogt, lui, est reconnu coupable de sa propre mort. Encore heureux qu'il ne soit inculpé à titre posthume... Pour trouble à l'ordre public, par exemple...

Pour la campagne électorale des Fédérales de l'automne prochain, le PS genevois dispose d'un modeste budget de 200'000 balles, qu'il explique par le renoncement au recours à une agence de communication. Vu les expériences navrantes de quelques élections passées, c'est en effet une décision judicieuse. Surtout qu'à la place d'une agence de com', on a Olga qui est une boîte de com' à elle toute seule, et qui coûte quasiment rien. ça, c'est de l'investissement intelligent. Les socialistes, qui d'autre ?

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