Elections municipales genevoises : L'Alternative, qui d'autre ?


A vaincre sans péril, on ne triomphe peut-être pas, mais on gagne tout de même. Le contrat a été rempli en Ville de Genève et à Lancy, plus que rempli à Carouge(on rafle tous les sièges de l'exécutif), à Vernier (on lourde le MCG) et. à Meyrin (on gagne la majorité). A Onex cependant, les brouillards montant de la plaine de l'Aire et stagnant sur les urnes ont permis l'élection du Conducator. En Ville, on ne se demandait même plus si les quatre candidat-e-s de l'Alternative allaient être élus, mais seulement s'ils allaient tous obtenir la majorité absolue au premier tour (finalement, Seul Sami Kanaan l'atteint,, Sandrine Salerno ne la manquant que pour quelques suffrages), et sortir comme à la parade, en tête des dix prétendant-e-s à la Municipalité de Genève, ce qui a été le cas... Quant à la droite, plus grand monde ne la croyait capable de menacer sérieusement l'un des sièges de la gauche, la seule question restant étant de savoir qui, de Maudet ou Kraft-Babel allait compléter le quatuor de l'Alternative pour en faire le quintette de la Municipalité. Ce sera Maudet. Enfin, Chevrolet, l'UDC et le MCG sont dans les choux. Bref, les jeux sont faits, et pour les vainqueurs (nous), les emmerdements commencent. Enfin !

Comment être majoritaire politiquement en ayant cessé de l'être arithmétiquement

On a gagné, et ça fait quand même du bien par où ça passe. On a fait ce qu'il fallait pour que cela soit, et les sanglots longs de la droite et de l'extrême-droite défaites ce dimanche peuvent nous être, fugacement, de douces petites musiques de nuit, mais à vrai dire, notre victoire était tout de même un peu prévue, si elle n'était pas inéluctable. On a gagné contre qui ? En face, il n'y avait que des girouettes, des moulins à vent, des épouvantails, des fantômes. La participation électorale a stagné autour d'un misérable tiers, mais la gauche n'en a pas souffert, et la campagne unitaire de l'Alternative a fait passer sans grand problème la candidate des Verts. Quant au MCG, qui se persuade avoir fait un tabac en proclamant qu'il a plus de bulletins de partis que les autres (forcément, puisque les électeurs des autres se sont répartis sur plusieurs listes, les électeurs socialistes s'étant par exemple répartis sur sept listes) , il serait pédagogique de lui rappeler que le destin du tabac, sauf à le priser ou le chiquer, est de partir en fumée, que Genève n'est pas Lugano, que le MCG n'est pas la Lega et que Pardo et Medeiros ne sont pas Bignasca. Reste que nous voilà dotés d'une Municipalité de Genève légèrement schizophrène, avec un exécutif à 80 % de gauche, et un législatif à 51,25 % de droite. Le jeu politique est jouable en une telle enceinte, et il est gagnable, mais il y faudra mettre deux qualités qu'une majorité absolue nous dispensait de requérir avec trop d'insistance : de la subtilité et de la cohérence. De la subtilité : rien ne servirait d'être mécaniquement « gouvernementaux » pour la seule raison que, minoritaires pour deux sièges au Conseil Municipal, nous sommes hégémoniques au Conseil administratif. Une proposition de l'exécutif n'est pas acceptable a priori, sans autre examen, pour la seule raison que cet exécutif est de gauche. Insuffisante à nous faire accepter ce que nous serions tentés de refuser, cette raison le serait aussi de nous faire renoncer à proposer ce dont notre Municipalité-de-Gauche ne voudrait pas. Ce n'est pas tant avec des morceaux de la droite que nous aurons à négocier, qu'entre nous et nous, entre les 39 «nous » du Conseil Municipal et les 4 « nous » du Conseil administratif. Et puis, avec un surcroît de subtilité, il nous faudra aussi montrer un surcroît de cohérence. Dans les urnes, les populisme a progressé. Il a certes été battu, mais il s'est renforcé dans les conseils municipaux. Et il proclame que rien ne pourra se faire sans lui. Au vrai, c'est avec lui que rien ne pourra se faire, parce que rien de ce qu'il propose ne vaut tripette. Le sort de la candidature libérale, tardivement accouplée à l'UDC, devrait nous enseigner qu'il y a des alliances qui perdent ceux qui les passent, même (ou surtout) si elles ne sont passées que par opportunisme et sans qu'aucune conviction commune ne les légitime. Cela vaut pour les campagnes électorales, cela vaut aussi pour les conduites parlementaires. Il convient donc de laisser le MCG (ce n'est d'ailleurs pas lui qui doit nous intéresser, mais son électorat...) seul à croire qu'il est indispensable à une majorité et que rien ne peut se faire sans lui, quand tout ce qui peut et doit être fait le sera sans lui, malgré lui, ou contre lui. Il siégera au Conseil Municipal, mais comme un appendice du caecum siège dans nos tripailles. Au fond, un surcroît de subtilité et de cohérence ne nous sont nécessaire que pour rester majoritaires politiquement en ayant cessé de l'être arithmétiquement.

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