Fadeur

Le désir emplit le silence
mais c'est celui de mourir
de faire place nette
ne plus aimer ce qui tenaille
et que l'on tait
ne plus haïr ce qui appelle
et à quoi l'on cède

La colère dissout le désespoir
abolit la douleur
et l'on tourne en un rond étouffant
comme ces animaux en cage
ou ces autres prisonniers
aux regards sans rêves d'hommes rendus trop sages
tout faits d'ombre
et de nuit

et de ciels bornés.


Je puis tenir dans une seule main
tout ce que j'ai fait de mes rêves
et d'un geste abattre
ce que j'attends
ce qui me lie
et que je puis encore fuir
mais ne fuirai pas
Ce jeu est lourd
qui se paie d'un sourire
prix trop haut encore
pour l'orgueil de toutes les blessures.

Je suis ce silence obstiné
qui fait de la douleur une armure
Je suis cette aube étrange
qui adoucit l'ivresse du reflet d'un songe
Je suis ce reflet mauve
seul sur la rive d'un monde mort
Je suis ce dernier départ
pour l'ombre amère
Je suis ce geste rare
de tendresse et de colère

J'aime
me tais
erre
et meurt.

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