Masques

Les mots ne sont pas venus
que j'attendais de ces lèvres
ni sous ma main de cette peau
tiède comme une étoffe que l'on froisse
ni de cette clarté d'or roux
qui à mes lèvres meure
comme les chants qu'attendent la nuit.

Je n'ai cessé de te fuir
ai fermé mes maigres bagages
ne suis sorti qu'à la nuit
retrouver sur des terres enterrées
la trace d'un ancien ruisseau
pour m'en faire un lit.

Tu ne connais ni ne désire
celui qui de si loin te rassemble
pièces éparses comme des copeaux
car enfin nous sommes semblables
du même bois
du même cri
de la même blessure inguérissable
de nos deux vies séparées.

Un jour que je pressens à peine
ton regard aura cette flamme qui coule en moi comme une trace
où l'aube dans chaque veine me martèle
J'attendrai dans l'ombre caché
bienheureux d'avoir été malheureux
comme le supplicié que l'agonie délivre
dans cet instant où tout en lui se dénoue
et que la faiblesse libère de la peur.

Enfuie alors sera la douleur
car la vie avec elle fait reddition.



Masque

Amie, mon amie

qui plaisante de mes feintes
Reconnais-moi derrière mon masque
tel que je suis et ne me montre pas.
Je te souhaite ne pas m'être invitée
je me rêve ne pas t'être étranger.

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