Brèves de comptoir

La Banque Nationale Suisse a donc décidé de fixer un cours plancher de 1 franc 20 pour un euro, cours en dessous duquel elle achètera des euros pour en faire remonter le cours par rapport au franc, ce qui risque de coûter bonbon, et surtout lie directement la monnaie helvétique à la monnaie européenne. Et « les milieux politiques et syndicaux applaudissent ». Même ceux, dans les milieux politiques, qui grimpent aux rideaux quand on évoque la possibilité éventuelle de l'hypothèse virtuelle d'une adhésion de la Suisse à l'Union Européenne et à la zone euro ? Ben oui, même eux. La prochaine étape, c'est quoi ? le taux de change fixe du Franc Suisse par rapport au Yuan accompagné d'un vibrant discours sur le «péril jaune »?

On est bien contents (même si tout le monde dans la gauche tessinoise ne partage pas forcément notre contentement) : L'ancien Conseiller national socialiste (et ancien chef du groupe socialiste au Conseil national) Franco Cavalli reprend du service et est présenté par son parti au Conseil des Etats, que quitte le radical de gauche Dick Marty, avec comme mission celle de« combattre la droite populiste et xénophobe qui monte en puissance au Tessin ». Et en effet, pour combattre cette droite-là, celle de la Lega et de l'UDC (qui n'est au Tessin qu'un satellite de la Lega) un socialiste bien ancré àgauche, comme Cavalli, ça clarifie les choses, et les choix.

Le Conseiller d'Etat François Longhamp a inauguré lundi un sixime EMS confessionnel àGenve (un EMS juif, qui s'ajoute àdeux protestants et trois catholiques). Des copains laïcards (on se calme : c'est pas péjoratif, c'est affectueux) ont groumé dans leur coin. Et ils ont tort. Parce que la place de la religion, c'est bien àl'hospice.

L'initiative populaire fédérale « Cleantech »lancée par le PSS a abouti, avec 125'000 signatures. Elle propose la création de 150'000 emplois dans l'« économie verte »(énergies renouvelables, assainissement des bâtiments, extension des transports publics) et l'augmentation en vingt ans de 20 à50 % de la part des énergies renouvelables dans la consommation totale d'énergie. L'initiative inscrit dans la constitution un objectif qui devra être atteint en se traduisant dans des lois contraignantes, avec des moyens accordés par la création d'un fonds pour l'assainissement des constructions, par l'augmentation du prix de l'essence et par celle du prix de l'électricité. L'aboutissement de l'initiative a été saluée par des cris de la droite et du patronat. Pas des cris de joie, on est en campagne électorale : non, des cris d'alarme. C'est le préfixe « clean »qui leur fout la trouille ?

L'Usine ne sera pas punie pour avoir poussé vers la sortie de son bar, le Moloko, un Conseiller municipal MCG àqui d'autres consommateurs voulaient faire un sort : le Conseil d'Etat a renoncé àsanctionner l'Usine parce qu'en fait, le Conseiller municipal en question n'a pas été interdit d'entrée, ni même été empêché de consommer, mais juste reconduit vers la sortie. Mais le Conseiller d'Etat Unger a assuré qu'il veillerait àce que de pareils faits ne se reproduisent plus. Ah bon ? La prochaine fois que des consommateurs du bar de l'Usine veulent faire une grosse tête àun élu (MCG ou pas), l'Usine devra faire quoi ? laisser bastonner ou organiser elle-même la baston ?

Le MCG ne pourra pas placarder pour les élections fédérales une affiche s'en prenant nommément à deux directeurs d'assurances maladie et au président de leur faîtière, Santé Suisse, accusés de profiter de l'« arnaque d'Etat » que serait (et qu'est, en effet) le système suisse d'assurance-maladie actuel. Deux plaintes pour diffamation avaient été déposées contre ladite affiche. Qui sera remplacée par une autre faisant indirectement référence à la première et dénonçant la censure dont elle a été victime. Coup de pub double pour le MCG, donc, qui va une fois de plus pouvoir se poser en victime, comme il adore le faire. Surtout qu'en fait de diffamation, son affiche ne faisait qu'enfoncer une porte ouverte. Mais bon, l'épiderme des assureurs est sensible. Tellement que l'un d'eux a poursuivi un blogueur, notre camarade Ezzedine Haykel, pour avoir simplement reproduit la photo de l'affiche du MCG. Ils sont riches à milliards, les assureurs. Et ils demandent des dommages-intérêts quand on dit que quelqu'un a dit que cette richesse n'était pas forcément bien acquise. Pour avoir ici écrit que quelqu'un avait publié une photo de l'affiche les présentant en profiteurs d'une arnaque d'Etat, on risque quoi ? Le pilori ? L'estrapade ?

La « Tribune » organisait hier un débat entre Thomas Büchi et Christian Dandrès sur les « surélévations d'immeubles : solution ou illusion ». Et précisait que les deux intervenants allaient débattre « face à face ». C'est vrai que si elle avait invité Christian Lüscher et Mark Müller à causer surélévations, ils auraient plutôt débattu côte à côte...

Le 23 août, en lançant la campagne électorale du PDC valaisan, le président du PDC suisse, Christophe Darbellay, a traité l'UDC de « secte de débiles ». C'était injuste : quand on pèse entre 25 et 30 % de l'électorat, on n'est plus une secte, mais carrément une église. Le parti catholique devrait en savoir quelque chose. Surtout en Valais.

L'UDC se verrait bien diriger le Département des Affaires étrangères, nous annonce « Le Matin Dimanche » du 18 septembre. C'est vrai que les étrangers, elle en a fait ses affaires, l'UDC. Et que les affaires, elle connaît. Et qu'à l'étranger, c'est plein d'étrangers. Bon, elle l'a déjà dirigé, avec Friedrich Traugott Wahlen (celui du Plan), le Département des Affaires étrangères, l'UDC, quand ce département s'appelait encore Département Politique et que l'UDC était encore le parti agrarien, et pas la poubelle de presque toute l'extrême-droite suisse. Mais les temps changent. Et les étrangers aussi. Et l'UDC aussi. Et pas en mieux.

La salle du Grand Conseil et du Conseil municipal de Genève va être complètement rénovée. Il est vrai qu'elle est devenue assez inapte à remplir sa fonction d'enceinte parlementaire : sièges inaccessibles aux handicapés, et trop petits pour la plupart des élus, installations vétustes, pupitres inadaptés, ventilation déficiente... La rénovation va être l'occasion de passer d'une disposition à l'anglaise (les élue-s se font face et interviennent de leur place) à une disposition en hémicycle (les élu-e-s sont disposés en demi-cercle face à la présidence, et interviennent depuis une tribune). Certains en attendent une pacification des débats... Ouais... Il suffit de regarder les retransmissions des débats aux Assemblées française ou italienne, organisées elles-aussi en hémicycle, pour avoir des doutes. Mais bon, le projet retenu (qui coûtera dans les seize millions) permettra au moins aux élus d'être assis plus confortablement. Et c'est bien ça, l'essentiel, non ?

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