Fonds de tiroir

Qu'un seul conseiller municipal socialiste arrive, d'un seul doigt, à dissoudre le groupe PLR, comme il nous fut donné de pouvoir le faire mardi dernier, en dit plus long que ce doigt sur l'état de santé de la droite démocratique genevoise : fuyant déjà comme une vieille outre percée sur ses flancs gauche et droit, la voilà qui, collectivement, s'enfuit tout court. Et nous suggère un nouveau slogan socialiste : « Fais ce que doigt ! » A moins que... Le 28 septembre prochain, le PLR invite à la représentation de sa «revue satirique» . Qui porte comme titre : «On déménage !». Mardi soir, c'était donc la répétition générale.

Les Verts Libéraux genevois (de moins en moins verts et de plus en plus libéraux -ils sont d'ailleurs apparentés aux deux partis de l'Entente, le PLR et le PDC, avec pour objectif de « ravir un siège à la gauche ») ont placé leur campagne électorale sous le signe du cénovis. Pour les allogènes : il s'agit d'une pâte à tartiner assez infecte, mais très populaire en Suisse dans les années cinquante et soixante. L'huile de foie de morue n'était pas disponible ?

Comme on pouvait s'y attendre (quoiqu'en fait on s'attendait plutôt à un acquittement général), le procès des responsable de la BCG s'est conclu par la condamnation symbolique de deux lampistes (l'ex-directeur général de la banque, Marc Fues, et son adjoint, René Curti), qui connaissaient l'état de la banque mais l'ont caché, et l'acquittement (puis l'indemnisation pour tort moral) des trois autres ( le président de la banque, Dominique Ducret, et les deux réviseurs), qui pourtant connaissaient aussi l'état de la banque, et l'ont aussi caché. Le tribunal a reconnu que Fues et Burri ont recouru à des solutions illégales (faux bilans, embellissement des comptes, politique du secret), mais que c'était pour « bien faire », éviter d'alerter l'autorité de surveillance, et pas pour s'enrichir personnellement. Ducret et les réviseurs sont acquittés au bénéfice du doute : le tribunal constate leur incompétence, mais les libère de tout soupçon de malhonnêteté. Les charges de gestion déloyale et de gestion déloyale aggravée ont été écartées, les unes par la prescription, les autres parce qu'il n'y a pas eu d'enrichissement personnel des accusés. Le tribunal constate en outre, s'agissant du travail de la Justice dans cette affaire, que le principe de célérité a été violé. Il a en effet suffit de faire traîner les choses : les manoeuvres de la défense et l'incompétence de l'accusation y ont pourvu. Ce qui ne démonte pas le Conseiller d'Etat François Longchamp, qui se dit satisfait de ce que la justice ait fini par constater ce que tout le monde savait : que les comptes de la BCG étaient faux et que «l'Etat a été trompé par des personnes en qui il avait placé sa confiance ». Mais bon, puisque les accusés s'en sont sortis parce que l'incompétence n'est pas un délit, le canton peut bien plaider l'aveuglement, non ?

Le député, Conseiller muncipal verniolan, ex-Conseiller administratif et encore gendarme Thierry Cerutti, qui s'etait déjà illustré par son sens aigu de la miction de marquage du territoire, puis en menaçant un travailleur social de sa commune, vient de récidiver en menaçant, oralement et gestuellement, un député socialiste, au sortir d'une commission parlementaire. Et alors ? Alors rien, on vous raconte ça, juste histoire de meubler. D'un doigt distrait.

Les sujets du Prince du Liechtenstein ont, à l'appel du Prince et de l'église catholique, refusé dimanche dernier de légaliser l'interruption volontaire de grossesse, comme le leur suggérait une initiative populaire, qui proposait un régime des « délais », comme en Suisse : l'IVG serait légale pendant les douze premières semaines de grossesse. De toute façon, le Prince, qui dispose d'un droit de veto, avait annoncé qu'il l'utiliserait si le peuple ne faisait pas ce que lui, le Prince, voulait qu'il fasse : refuser l'initiative. Ce que le peuple, à 52,3 %, a fait. Résultat : les Liechtensteinoises voulant avorter continueront d'aller le faire en Suisse, ce que la loi actuelle leur interdit d'ailleurs aussi de faire, et qui reste punissable de la même peine -un an de prison- que s'il était pratiqué au Liechtenstein. C'est l'office du tourisme gynécologique de Saint-Gall qui doit être content.

UBS vient de se faire chourer deux milliards par l'un de ses traders londoniens, qui spéculait sur le franc suisse. « Bien que cette nouvelle soit perturbante, elle ne modifiera en rien la force fondamentale de notre entreprise », a commenté le patron d'UBS, Oswald Grübel. Qui a parfaitement raison : si jamais y'a un problème, si jamais un petit manque de pognon se faisait sentir, UBS n'aurait qu'à demander à la Banque Nationale ou au Conseil fédéral d'ouvrir leurs caisses. Comme d'hab'.

Le Conseiller d'Etat neuchâtelois Jean Studer, en charge de la police, a ouvert une enquête disciplinaire à l'encontre d'un policier de son canton, qui a publiquement déclaré approuver le recours à la torture, par exemple dans le cas d'un pédophile ayant enlevé un enfant et refusant de révéler où se trouve sa victime. La position prise par le policier étant à la fois contraire à la constitution neuchâteloise, à la constitution fédérale et au serment prêté par le policier, tous textes proscrivant absolument et sans exception la torture. l'enquête et la sanction du policier ne devraient être qu'une formalité. Sauf que le policier en question s'appelle Yvan Perrin, qu'il est Conseiller national (UDC, bien sûr), vice-président de l'UDC suisse et candidat au Conseil d'Etat neuchâtelois. Commentaires convergents du socialiste Andy Gross et du Vert Antonio Hodgers : en tant que policier, Perrin peut être sanctionné, mais en tant que politicien, il peut dire toutes les conneries qui lui passent par la tête, et il ne s'en prive pas, c'est à ses électeurs de le juger. Et comme les électeurs de Perrin sont ceux de l'UDC, Perrin peut dormir ses ses deux gégènes.

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