Fonds de tiroir

Si on en juge par le tintouin que ça a fait, l'épisode du chargé de com' lourdé par Sandrine Salerno à la fin de sa période d'essai, et réengagé ipso facto par Pierre Maudet (logique, le recyclage, c'est son dicastère...) doit tenir, dans la hiérarchie des scandales planétaires, un rang intermédiaire entre le Watergate et l'Affaire Calas. Pas moins. En gros, et selon la version du chargé de com' en question (un ancien journaliste de la «Tribune de Genève »), il aurait été viré après avoir refusé de continuer à animer sous pseudo un blog électoral de la magistrate. Savoir si c'est vrai ou faux, on avoue qu'on s'en balance. En revanche, on s'interroge sur ce qui peut pousser un journaliste à devenir porte-parole d'un-e magistrate-e, ou de la direction d'une entreprise, publique ou privée, ou d'un service public. Parce que, grands naifs que nous sommes, il nous semble qu'il y a une légère différence entre un boulot qui consiste à dire ou écrire ce qu'on pense, et un boulot qui consiste à dire ou écrire ce que d'autres pensent, en étant payé pour le dire à leur place. Mais si des politiques peuvent se payer des journalistes comme chargés de com', c'est bien qu'il y a des journalistes d'accord de se vendre, non ?

On savait le parti libéral-radical en méforme : sa campagne électorale, en tout cas en Romandie, le confirme : plutà´t que mettre en valeur ses propres choix (il doute à ce point de leur popularité ?) et ses propres propositions, plutà´t que faire campagne pour lui, le PLR fait campagne contre les autres. Un peu contre l'UDC, mais surtout contre le PS et les Verts. Quitte pour cela à user de méthodes à l'élégance contestable, comme par exemple acheter le nom de ses adversaires comme mots-clés sur Google. Vous tapez «Manuel Tornare» dans votre moteur de recherche ? Le premier lien qu'il vous proposera, par un bandeau publicitaire, sera un lien vers le site du PLR. La méthode est légale, parait-il. Nos noms propres ne nous sont donc plus propres : le PLR y a mis les doigts.

« Le Matin Dimanche » d'avant-hier lance un missile contre Fernand Melgar et son film « Vol spécial », sur la détention administrative et le renvoi forcé des requérants d'asile déboutés : l'un des protagonistes du film est un dealer récidiviste... Oui, et alors ? Ce n'était pas pour cela qu'il était détenu et allait être expulsé, c'est seulement parce qu'il était sans autorisation de séjour en Suisse. Aurait-il eu un casier judiciaire aussi vierge que Mère Teresa, ça aurait été le même prix : la détention administrative, sans autre forme de procès. Et c'est de cela que le film de Melgar traite : les détenus de Frambois ne le sont pas pour une autre raison que leur non-statut d'immigrants clandestins. Et ceux d'entre eux qui ont commis des délits en Suisse ont été condamnés pour cela, et ont purgé leur peine. S'ils étaient Suisses, on s'en tiendrait là . Ils sont immigrants, on leur colle une double peine. Une pétition électronique a été lancée le 1er octobre 2011 pour exiger l'arrêt des vols spéciaux et la fermeture de Frambois et des centres de détention administrative similaires. SIGNEZ LA PETITION POUR L'ARRET DES VOLS SPECIAUX ET LA FERMETURE DE FRAMBOIS : www.stop-vols-speciaux.ch

Le 28 septembre, un serveur du Moloko a été acquitté par le Tribunal de Police : il avait reçu une amende de 800 balles pour non respect de l'interdiction de fumer dans les lieux publics, en fumant lui même et en ne faisant pas respecter cette interdiction par les clients (des cendriers étaient disposés sur les tables du bar). Mais l'interdiction de fumer est néanmoins affichée un peu partout dans l'Usine, et le tribunal a reconnu qu'il n'était pas possible de contrôler le comportement de tous les clients du lieux, bondé en soirée. D'autres membres du Moloko se sont pris pour près de 15'000 francs d'amende entre tous, dont 10'000 pour un seul d'entre eux. Ils peuvent être optimistes : le serveur acquitté le 28 septembre a été mis au bénéfice d'une indemnité de 1800 francs pour frais de justice. Maintenant, on peut toujours exiger de l'Usine qu'elle s'astreigne réellement à faire respecter dans ses lieux l'interdiction de fumer, et donc fasse sortir les fumeurs sur la place des Volontaires pour qu'ils puissent y torrailler légalement, mais faudra pas s'étonner ensuite que les riverains se plaignent du bruit. Alors, entre deux maux, si on choisissait le moindre ? Non ? C'est trop demander ?

Le MCG veut faire annuler l'élection des représentants genevois au Conseil des Etats. Motif ? sur une des listes de l'Entente de droite, la candidat radelibe Christian Lüscher se voit privé de son prénom pour prendre celui de Christophe. Le MCG estime que cette erreur est de nature à avantager Lüscher, par le bruit qui'elle a fait. Il est vrai que la loi stipule que les bulletins doivent comporter le nom exact des candidats. Mais dans le cas de Lüscher, lui attribuer le prénom de Christophe Blocher n'est après tout qu'un constat de leur fraternité de discours politique. En fait, c'est pas une erreur, c'est juste un lapsus.

A Piogre, mardi de la semaine dernière, la police a du intervenir avec quatre ou cinq voitures et une dizaine d'agents pour séparer des bonneteurs et des miliciens anti-bonneteau qui se chicoraient au pied du monomument Brunswick, et embarquer tout le monde au poste des Pquis, à la grande fureur des miliciens de l'association « One, two, three », qui se donne pour (noble) mission de restaurer l'image de Genève auprès des touristes en faisant tout pour empêcher les bonneteurs de bonneter. Bon, si ça les amuse et qu'ils n'ont rien de mieux à faire, les miliciens... mais la police avertit tout de même qu'il est dangereux de se substituer à elle. Le bonneteau est illégal, d'accord, et tient de l'escroquerie, d'accord, mais c'est un peu comme les arnaques au pactole caché dans une banque africaine qui sévissent sur internet, les promesses d'amour, de pouvoir et d'argent des « grands marabouts africains » ou les campagnes électorales de l'UDC ou du MCG : faut quand même être un peu con pour s'y laisser prendre, non ?



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