Sandrine Salerno met les pieds dans le Dies : Feu sur la socialiste !

Cette année, le Dies Academicus de l'Université de Genève s'est donné comme thème : « Maîtriser la croissance ». Et il a été ouvert par la contribution d'une invitée surprise : la Conseillère administrative socialiste Sandrine Salerno. Qui a précisément dit ce qu'elle pensait de la « croissance à la genevoise ». Et a mis toute la droite en un émoi dont les clameurs ont assourdi la République. Mais qu'est-ce qu'elle a bien pu dire, Sandrine Salerno, qui suscite une telle rage ? Elle a dit ce que tout le monde à Piogre peut constater : que le modèle de développement économique sur lequel se fondent les choix du gouvernement genevois a des conséquences calamiteuses. Et du coup, les flingues à tirer dans les coins ressortent de tous les placards de droite : feu sur Salerno ! A propos de tout, de rien et de n'importe quoi. Mais qu'attendre d'autre qu'un écran de fumée d'une droite qu'on est capable de faire, d'un doigt, sortir de la salle du Conseil Municipal ?

Dis moi qui tu énerves, tu me diras qui tu défends


Dans un article publié en septembre par le mensuel de la Ville de Genève, Vivre à Genève, la ministre municipale des Finances, Sandrine Salerno, exprime sa conviction qu'il est « nécessaire de revoir notre politique fiscale », en cessant de faire des cadeaux aux multinationales et aux riches résidents étrangers sans activité. D'où une mobilisation hargneuse, contre Sandrine Salerno, de tout ce que la République compte de défenseurs du secteur financier : la Fédération des Entreprises Romandes, la Chambre de Commerce et d'Industrie, la Fondation Genève Place Financière, le Groupement des Banquiers Privés, les partis de droite, le groupement des hôtels cinq étoiles, les multinationales implantées à Genève... L'offensive lancée par la droite et le patronat genevois contre la socialiste est logique : les principes sur lesquels elle s'appuie (à commencer par celui de l'égalité devant l'impôt) et les intérêts que défendent ses contempteurs sont en effet rigoureusement contradictoires. De ce point de vue, la polémique actuelle est fort bienvenue -mais pour Sandrine Salerno : dis-moi qui tu énerve, tu me diras en même temps qui tu défends... Et puis, il y a ces initiatives socialistes contre les forfaits et les allégements fiscaux. Et puis encore, les prochaines proposition d'assèchement des ressources fiscales de la Ville (suppression de la taxe professionnelle et de l'imposition au lieu de travail), auxquelles Sandrine Salerno sd'est déjà vigoureusement opposée, et auxquelles elle a propmis de continuera non moins vigoureusement de s'opposer. Enfin, il y a ce mécontentement grandissant (or nous sommes en période électorale...) d'une population qui subit, plein pot et pleine poire, les effets de la politique que dénonce la socialiste : à coup de cadeaux fiscaux, on attire à Genève des multinationales et des cadres bourrés de pognon, qui font exploser les prix de l'immobilier dans la région, ce qui pousse les Genevois aux revenus modestes à aller s'installer en France voisine, ce qui y fait aussi exploser les prix de l'immobilier, ce qui pousse aussi des Français voisins à aller s'installer plus loin, là où le coût de la vie n'a pas encore (mais cela ne saurait tarder) été poussé vers le haut par Genève. Genève, où la moitié de l'espace utile du canton est occupé par des zones villas et la zone agricole, on fait de la résistance sam'suffiste à tout projet de construction de logements -et surtout à tout projet de construction de logements sociaux... Les missiles tirés par la droite d'affaire contre la Conseillère administrative socialiste visent donc autant les deux initiatives fiscales que lance le Parti socialiste (l'une pour supprimer les forfaits fiscaux accordés aux riches étrangers sans activité lucrative en Suisse, l'autre pour supprimer les allègements fiscaux accordés aux entreprisses étrangères) que la magistrate municipale qui les défend. Mais on peut aussi leur supposer quelques objectifs plus lointains, à ces attaques. Electoraux, ces objectifs-là. Pour les Municipales, évidemment, c'est un peu tard : Sandrine Salerno a été brillamment réélue à l'exécutif de la Ville, alors que la droite y subissait une déculottée mémorable (un seul candidat élu sur les quatre présentés -et encore l'élu le fut en queue de classement, loin derrière les candidat-e-s de la gauche)... mais qui sait si la campagne pour les Cantonales ne vient pas de commencer ? A ras le bitume, certes. Mais à l'étiage électoral et intellectuel de la droite municipale...

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