Fonds de tiroir

A Bellinzone, le Ministère public de la Confédération a requis une peine de quatre ans et demi de prison contre une militante d'extrême-gauche, Andrea Stauffacher, accusée d'avoir utilisé des fusées de feux d'artifice pour commettre des «attentats àl'explosif » ... contre des portes vitrées de divers bâtiments àZurich et Berne. Bon, c'est pas Ulrike Meinhof, et le dispositif de mise à feu à foiré dans la moitié des tentatives, mais pour le Procureur, Andrea Stauffacher, tête pensante du mouvement « Revolutionärer Aufbau Schweiz » fait preuve d'une « grande énergie criminelle », rien ne laisse penser qu'« elle s'arrêtera un jour » et elle risque d'entraîner des jeunes dans son «endoctrinement idéologique ». Ah oui, on oubliait un truc : Andrea Stauffacher a 61 ans. Ben ça fait plaisir qu'à cet âge, elle soit toujours d'attaque. ça nous laisse optimistes pour nous-mêmes. Prenez garde, v'la la vieille garde...

Les entreprises de sécurité privées, dans le climat légèrement paranoïaque que nous subissons, ont le vent en poupe. Les milices « citoyennes » aussi, d'ailleurs. Tout cela étant sans doute lié à l'insuffisance de la présence policière dans la rue pour autre chose que racketter les mendiants. Mais les entreprises de sécurité privées, à qui de plus en plus de tâches sécuritaires sont sous-traitées (y compris par des collectivités publiques), se font une concurrence acharnée : elles sont nombreuses, et les marges sont faibles. Du coup, les Pinkertons suisses font des heures sup' àla pelle et travaillent dans des conditions irrespectueuses de la loi. Dans le canton de Vaud, on apprend que pour la seule Securitas (un millier d'agents), 500 infractions ont été constatées pour le seul mois de juillet : trop d'heures de travail par jour, trop de jours de travail par semaine, pas assez de temps de repos... un Securitas a ainsi travaillé 17 heures de suite chaque jour (et nuit) pendant dix jours. la dernière heure de boulot du dernier jour de service, il devait plus voir grand chose à ce qu'il surveillait... On résume, donc : parce que la peur règne et que les flics publics sont débordés, on fait appel à des flics privés. Dont les employeurs ne respectent pas la loi. Comment on va faire pour contraindre les employeurs de flics privés qui remplacent les flics publics à respecter la loi ? On va s'adresser à une police privée des polices privées ? à une Inspection générale privée des services privés ? A des boeufs-carottes bios ?

Le 28 septembre, Paolo Gilardi, militant (entre autres) de la Gauche Anticapitaliste, a été acquitté de l'amende qui lui avait été collée, et qu'il contestait, au titre d'organisateur d'un rassemblement non autorisé (mais qui s'est déroulé sans le moindre incident), le soir de l'acceptation en votation populaire de l'initiative udéciste pour le renvoi des « criminels étrangers ». Le Tribunal de police a acquitté Paolo parce qu'il n'avait pas été prouvé par la police qu'il était réellement été l'organisateur de cette manif, mais qu'il en avait seulement «donné l'impression». Ben dis donc, si on peut même plus se fier aux «impressions» de la police pour taxer les gauchistes, maintenant, c'est vraiment que tout fout le camp. Vous allez voir qu'on va même finir par leur accorder le droit de vote, aux gauchistes, si ça continue... Et même le droit d'être élus? Ah non, faut pas déconner quand même... Et une semaine après Paolo Gilardi, ce sont Eric Decarro et Christian Tirefort qui ont eux aussi été acquittés d'une amende de 360 balles pour avoir participation à une manif interdite. Une manif de masse : 15 personne devant le Consulat de France, pour soutenir le mouvement français contre la réforme des retraites. 15 personnes entourées de 10 policiers. En revanche, en mai dernier, pour la même manif, Laurent Tettamanti, des Communistes, avait, lui, été condamné. On veut bien croire que les vacances d'été portent conseil, et que le Tribunal de police qui siégeait en mai n'avait pas la même composition que celui qui a siégé à l'automne, mais quand même : l'égalité devant la loi, ils connaissent, nos juges ? Notez bien que nous, les amendes, on s'en fout, on les paie pas. Mais quand on a affaire à des militants de gauche assez respectueux du droit « bourgeois » pour aller se faire chier au tribunal à contester dans les formes une amende, on pourrait leur en savoir gré, non ?

ça tombe sur Sandrine comme à Gravelotte, ces jours. Hier, c'était « Le Matin » qui s'y mettait. Avec comme titre alléchant: « Sandrine Salerno a favorisé un proche », et comme chapeau : « La magistrate socialiste de la Ville de Genève a offert sur un plateau un poste de haut cadre au Vert Boris Drahusak » en partance de la direction, sous Patrice Mugny, du Département de la Culture. Problèmes (tout à fait secondaires compte tenu de l'éthique du « Matin ») : Sandrine Salerno n'a rien offert du tout à Boris Drahusak, c'est le Conseil Administratif qui a, comme le statut du personnel lui en fait obligation, recasé Drahusak à une fonction comparable à celle qu'il quittait, et a décidé de le mettre à la tête, vacante, des « Ressources Humaines » de la Ville. C'est en effet un « poste de haut cadre », mais Drahusak occupait déjà un tel poste. Ensuite, « Le Matin » se réfère au rapport annuel de la Cour des Comptes pour suggérer une nomination par copinage. Or non seulement on ne peut pas dire que Salerno et Drahusak aient été particulièrement copains, mais c'est la clause de départ de la fonction publique municipale de Boris Drahusak, après son passage à la DRH qui est critiquée par la Cour des comptes. D'ailleurs. elle l'aurait voulu où, Boris, la Cour des Comptes ? à la tête de la police municipale ? Et le prochain scud tiré sur Salerno en période électorale, post-électorale ou pré-électorale, ça sera à propos de quoi ? La couleur des tapis de son bureau ? La démission de quatre procureurs genevois (chuis sûr qu'elle est dans le coup. Elle est forcément dans le coup).


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