Fonds de tiroir

Une motion de la droitunie (du PDC au MCG) a été acceptée au Grand Conseil, contre les Verts et les socialistes (la majorité de ceux-ci se contentent hélas de s'abstenir) pour demander au Conseil d'Etat de présenter un plan pour «désengorger» le centre ville, en lien avec la traversée routière de la rade. Qui devrait précisément concourir à l'engorger encore un peu plus. C'est intelligent, comme démarche : on défend à la fois un projet foireux et l'obligation pour le gouvernement de dire comment il en gérera les conséquences foireuses.

Dans son toujours roboratif communiqué hebdomadaire (celui du 12 octobre), le Conseil d'Etat nous apprend que « les techniciens-dentistes auteurs de fautes professionnelles sont désormais passibles de sanctions », car notre bon gouvernement « a modifié le règlement sur les techniciens-dentistes du 27 juin 2007. En rattachant le règlement sur les techniciens-dentistes à l'article 124 de la loi sur la santé du 7 avril 2006, la modification adoptée remédie à l'absence de sanction possible ». C'est bien, ça. Mais est-ce que cette nouveauté s'applique aux banquiers, aux assureurs et aux financiers qui nous mentent comme des arracheurs de dents ?

l'Asloca n'est pas contente de Mark Muller. Bon, jusque là, on n'a pas franchement renouvelé la description du paysage politique local, mais on l'a peut-être un peu précisé: dans le dossier du projet Praille-Acacias-Vernets, l' « incompétence » de Mark Muller « a dépassé les limites » (il y en avait donc, des limites, à cette incompétence...), résume Christian Dandrès : pas de plan localisé de quartier ni de plan directeur, pas de pilotage, le lancement d'un concours d'architecture pour la Marbrerie en court-circuitant le groupe de suivi créé en 2010 par convention et même pas de respect de la convention avec l'Asloca, les milieux immobiliers, les communes... Du coup, l'Asloca demande que le dossier du PAV soit retiré à Mark Muller et mis sous tutelle du Conseil d'Etat. A quoi Mark Muller répond qu'il fait tout bien, comme toujours, et tout dans les règles, et dans la concertation et le dialogue et le respect des délais. Et qu'il faut lui faire confiance. C'est beau comme du Zappelli, non ?

Le soldat franco-israélien Gilad Shalit, enlevé et détenu depuis cinq ans par un groupe armé palestinien, devrait être libéré en échange de 1027 détenus palestiniens. On comprend bien la joie de la famille de l'Israélien et celle des familles des Palestiniens, mais on comprend un peu moins bien les cris de victoire du Hamas, qui semble trouver acceptable un taux de change humain où un seul Israélien vaut 1027 Palestiniens...

Après que l'offensive de la droitunie, à la commission des arts et de la culture, contre le budget culturel de la Ville de Genève ait été rendue publique (d'abord par les cris de victoire de certains commissaires de droite dans les bistrots après la séance de la commission, puis sur Facebook), la présidente du Conseil Municipal a envoyé à toutes les conseillères municipales et tous les conseillers municipaux une lettre leur rappelant que le secret de fonction sur les débats et les votes en commission était imposé par la loi, que le violer tombait sous le coup du code pénal et qu'il était donc "fait défense de communiquer ou polémiquer sur des débats ou votes de l'une ou l'autre des commissions du Conseil municipal par quelque moyen que ce soit, tant que le rapport de l'objet en question n'a pas été inscrit à l'ordre du jour des séances plénières". Sur quoi, deux heures plus tard, à la radio puis à la télévision, trois conseillers municipaux et une conseillère municipale ferraillaient sur les débats et les votes de la commission de la culture... ben ouais, c'est comme ça, les lois et réglements ne peuvent pas grand chose contre notre dur désir de débattre...

Comme on l'a appris y'a pas longtemps, de gentils milliardaires, américains d'abord (comme Warren Buffet) français ensuite (comme les patrons de Publicis et Total), se sont déclarés favorables à une plus forte taxation fiscale de leur gentille fortune et de leurs gentils revenus de « mégariches». Et ça tombe bien, cette crise de conscience fiscale : est-ce que quelques gentils millionnaires de chez nous ne pourraient pas aussi se manifester pour soutenir les initiatives fiscales du PS genevois, qui demandent l'abolition de privilèges fiscaux accordés aux riches (gentils ou non) étrangers ? Allez, un bon mouvement...

Commentaire de Mark Muller à la «Tribune de Genève» du 30 juillet, après le désaveu infligé par le Tribunal fédéral à son département à propos de la revente d'appartements par blocs, qu'il avait autorisée alors qu'elle est contraire à la loi : « Le département prend acte de la décision du TF et l'appliquera évidemment ». Le «évidemment» vaut certes son pesant de cacahouètes, mais le Conseiller d'Etat est bien aimable de condescendre à respecter la loi...

Cette fin de campagne électorale, où les candidats aux Chambres se pressent aux portillons médiatiques pour qu'on voie au moins une fois leurs tronches dans les étranges lucarnes, nous rappelle qu'au Festival de Locarno, cette année, les politiques étaient déjà venus en masse : 121 étaient annoncés, dont deux Conseillers fédéraux (et au passage au moins deux Conseillers administratifs genevois). Antonio Hodgers, qui y venait pour la première fois, se souvenait en en revenant de s'être demandé: « à quoi ça peut bien servir d'y être ? » ... ben, Tonio, c'est un Festival de cinéma, donc on y fait son cinéma.

On aime bien (et on en partage la conclusion) le billet de Romain Felli, dans «Pages de Gauche » (www.pagesdegauche.ch), sur les « primaires » socialistes françaises : « Lorsque la politique socialiste se résume à vaguement adhérer à une "charte de valeurs", à payer un euro et à faire campagne sur Facebook, on sait que les valeurs de droite sont en train de gagner, indépendamment du contenu du message politique. Toute la politique libérale vise à l'atomisation et à l'individualisation de la politique, ces primaires renforcent une telle tendance » ...

On ne se privera pas du plaisir de reproduire ici le communiqué de la Ville d'Aubagne, près de Marseille (avec invitation aux TPG de le lire) : « Le 15 mai 2009, la communauté Pays d'Aubagne et de l'Etoile décidait la gratuité totale sur le réseau de bus des douze communes membres. Deux ans après, la fréquentation dépasse les prévisions les plus optimistes : les promoteurs de la gratuité, financée par la taxe de versement transport des entreprises de plus de neuf salariés, tablaient sur une progression de 50 % sur la période... elle est de 145 %. (...) Les jeunes, scolarisés ou non, les personnes âgées et les mères de famille sans emploi sont ainsi les premiers bénéficiaires de ce droit au transport, que les élus aubagnais veulent étendre au tramway et au train-tram programmée sur leur territoire. Avec l'objectif premier d'y réduire la place et les pollutions de la voiture, devenue envahissante dans l'ensemble des communes concernées ». Le communiqué note aussi que la gratuité a «contribué à l'ambiance sereine des bus, à l'absence de de dégradations et justifié le message républicain - "liberté, égalité, gratuité" -qui a accompagné le mouvement. Un démenti,.à l'échelle d'une communauté de cent mille habitants, aux adversaires de la gratuité, selon lesquels "on ne respecte que ce que l'on paie". La leçon ne vaut pas que pour les transports ».

La Suisse va, peut-être, envoyer des soldats en Libye. Pas pour aider les « insurgés » (qui ne sont plus insurgés puisqu'ils ont pris le pouvoir) à « nettoyer » les dernières « poches de résistance kadhafistes » (avant que les kadhafistes ne se fondent dans le désert pour en sortir dans quelques rezzous), mais pour protéger son ambassade. Mais comme y'a urgence et que Ueli maurer n'a pas répondu à la demande de Micheline Calmy-Rey de présenter un « plan d'engagement » détaillé, pour protéger son ambassade à Tripoli, la Suisse va devoir d'abord faire appel à des mercenaires (pardon : des employés d'une « société de sécurité privée », Aegis), vu que la police libyenne, qui n'existe quasiment plus, ne peut assurer la protection de la représentation helvétique. Au cas où Hannibal y déposerait une demande d'asile, par exemple. Bref, la Suisse va payer des mercenaires pour protéger son ambassade. Mais le DFAE assure que la société de mercenariat retenue, Aegis donc, a signé un « code de bonne conduite» où elle s'engage à respecter les droits humains. Les mercenaires ne sont plus ce qu'ils étaient. Mais faut dire que la Libye non plus, n'est plus ce qu'elle était. Tout fout le camp.

(piqué à Françoise, merci Françoise) Barbara Walters, de 20/20, a fait un reportage sur la différence entre les sexes à Kaboul en Afghanistan, plusieurs années avant le conflit afghan. Elle a noté que les femmes marchaient habituellement cinq pas derrière leurs maris. Elle est récemment retournée à Kaboul et a constaté que les femmes marchaient toujours derrière leurs maris.. Malgré le renversement du régime des talibans, les femmes semblent heureuses de maintenir l'ancienne coutume. Barbara Walters a abordé l'une des femmes afghanes et lui a demandé : «Pourquoi semblez-vous heureuses de perpétuer cette vieille coutume ? » La femme a regardé Barbara Walters droit dans les yeux et, sans hésitation, a dit :- « Les mines anti-personnelles ». Morale de l'histoire : où que vous alliez, derrière chaque homme, vous trouverez une femme plus intelligente que lui.

Essayant, assez pathétiquement, de justifier ses propositions faites à la commission des arts et de la culture de sabrer dans le budget culturel genevois, la radelibe Florence Kraft-Babel a expliqué qu'« en commission, on agit d'abord, et on réfléchit après ». Ce qui est en effet un bon résumé du contenu de ses propositions. Et nous, on pourrait changer le titre de notre folicule : ça serait plus « cause toujours » mais « cause d'abord, réfléchit après si t'as encore le temps » ...

La commission de politique de sécurité du Conseil National a refusé l'entrée en matière (que la commission homologue du Conseil des Etats avait accepté) sur la ratification par la Suisse de la Convention interdisant le financement, la fabrication ou le stockage des « armes à sous-munitions » (des trucs qui lâchent et éparpillent un peu partout d'autres trucs, genre mines antipersonnel, qui explosent sous les pas du premier venu). Que la Suisse soit dépositaire des Conventions de Genève et qu'elle ait activement oeuvré pour l'interdiction de ces saloperies, n'émeut pas la droite : on ne doit pas se priver de ces armes tant que d'autres Etats (la Chine, les USA, la Rusie, Israël) en ont. Beau raisonnement, qu'on espère bien ne pas entendre tenu à propos de la peine de mort, de la torture ou du génocide : on n'y renoncera pas avant que les autres y aient renoncé. Ces armes, explique l'UDC Yvan Perrin, permettent « d'interdire des zones entières aux troupes ennemies ». Le problème, c'est que ces zones, elles les interdisent aussi à leur population civile. Et que la majorité de leurs victimes sont précisément des civils, de préférence des femmes et des enfants. Bon, ben voilà : une saloperie politique ordinaire de plus... le pire, c'est qu'on finit par s'y habituer...


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