Initiatives fiscales socialistes : Premières salves


Les deux initiatives fiscales socialistes genevoises (l'une pour abolir les forfaits fiscaux, l'autre pour supprimer les cadeaux fiscaux consentis aux multinationales) viennent tout juste d'être lancées que déjà s'abattent sur elles les clameurs outragées de la droite politique, des milieux patronaux et des porte-voix du secteur financier. Et ça ne fait que commencer. Parce qu'à droite, quand il y a un enjeu (et là, il y en a un...), il y a de l'argent. Tout l'argent qu'il faut : souvenez-vous de la campagne, l'année dernière, contre l'initiative socialiste pour la justice fiscale... Nous ne sommes plus le 4 août 1789 : Quand on touche aux privilèges, les privilégiés se rebiffent, et mobilisent le ban, l'arrière banc, le banc de touche et le banc de nage de leurs relais politiques, tous usant de tous les moyens disponibles (attaques personnelles comprises, Sandrine Salerno en sait aujourd'hui quelque chose) pour combattre ce qui, à leurs yeux, relève de l’infamie : l'abolition des privilèges fiscaux...

Un doigt d'honneur au pouvoir de l'argent

« Il est moins une, bonnes gens, ne dormez pas en paix ! », nous clament les sergents du Guet de la Genève financière. L'heure, en effet, est grave : non seulement le mécontentement gronde dans la plèbe, mais les socialistes viennent de lancer deux initiatives pour l'abolition de deux privilèges fiscaux: l'imposition sur la dépense (plus connue sous sa dénomination de « forfait fiscal ») et les allègements fiscaux dont bénéficient les multinationales, par rapport aux entreprises locales et nationales. Les premières salves de la canonnade de la droite et du patronat contre les deux textes proposés par le PS pour rétablir l'égalité devant l'impôt ont donc été tirées : les effets des initiatives socialistes « pourraient être désastreux pour la place économique genevoise », tocsinne le directeur général des syndicats patronaux genevois (la FER), dans la Tribune de vendredi. Il est bien aimable de rester encore dans le conditionnel ( « pourraient » être désastreux...), Blaise Matthey, mais on ne sait jamais, le pire n'est pas sûr.... Les déclararions patronales ne vont d'ailleurs pas tarder à passer du conditionnel à l'affirmatif catastrophiste : si les initiatives socialistes passent, les multinationales quitteront Genève pour ne pas voir leurs impôts doubler. Et les riches étrangers prendront eux aussi la pourdre d'escampette vers des cieux fiscaux plus cléments. Et une armada de Boat People partis des rivages colognotes ne tardera pas à cingler vers Yvoire, Nernier, Saint-Gingolph ou Lampedusa sur Léman. Et Genève ressemblera à Pyongyang l'hiver ou à Mogadiscio l'été. Ou à Zoug toute l'année, ce qui est sans doute encore pire. Ce discours dont nous avons à peine grossi le trait, vous allez l'entendre a satiété, puis à indigestion. Car ceux qui le tiennent déjà s'apprêtent à le tenir pendant des mois, le temps de la récolte des signatures au bas des initiatives socialistes. Puis à le répéter, pendant toute la campagne des votation de ces textes. Ce discours est caricatural ? Certes, pour le moins. Mais inlassablement répétée, la caricature peut devenir portrait -et là, le caricaturiste a les moyens de la répétition. En 2010 déjà, on avait pu constater l'extraordinaire disproportion entre les moyens engagés par la droite et le patronat pour combattre l'initiative socialiste en faveur de l'équité fiscale, et les moyens dont disposait la gauche pour défendre cette initiative : on en était à un rapport de cinquante contre un entre le budget des adversaires et celui des partisans de l'initiative. Mais à coeurs vaillants... : les cantons de Genève, du Jura, de Neuchâtel et de Bâle, et les villes de Genève, Lausanne, Berne, Fribourg, Zurich et Bellinzone avaient accepté l'initiative socialiste, malgré la propagande déferlante des partis de droite, des milieux patronaux et des lobbies financiers. Et dans des votes cantonaux à Zurich et Schaffhouse, les citoyennes et les citoyens ont accepté l'abolition des forfaits fiscaux, là encore malgré les prédictions délirantes des forces politiques et économiques pour qui cette abolition d'un privilège accordé aux riches étrangers était le début du commencement de la fin des haricots... Gagner contre ces forces est donc possible. Dans le journal patronal genevois Entreprise romande, les syndicats patronaux et la Chambre de commerce assurent qu'ils (et les multinationales avec eux) ne resteront pas « les bras croisés » face aux initiatives socialistes. A vrai dire, on s'en doutait un peu. A nous de les décroiser aussi, nos bras : par la signature, l'aboutissement et l'acceptation de deux initiatives contre les privilèges fiscaux. Pour une sorte de poing levé démocratique (ou de doigt d'honneur plkébéien) face au pouvoir de l'argent...

On trouvera des feuilles de signatures pour les deux initiatives socialistes sur
www.ps-ge.ch/Canton/GE/Canton//Nos-projets/IN-fiscales/IN-fiscale-entreprises

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