Equilibre municipal, déficit cantonal ? A budgets continus

Les députés membres de la commission des finances du Grand Conseil genevois font un « travail de singes » pour amender le projet de budget du Conseil d'Etat, groume l'UDC Eric Bertinat sur son blog. Du moins font-ils leur travail... ce même travail que les conseillers municipaux membres de la commission des finances du Conseil municipal, dont précisément Eric Bertinat, ont refusé de faire. Ou se sont révélés incapables de faire. Chronique de la vie des bêtes politiques : peut-on être singe à mi-temps et paresseux le reste du temps ? En tout cas, à l'heure où nous écrivons, on s'achemine plutôt en Ville vers un budget équilibré voté par la gauche et pour la canton vers un budget déficitaire voté par la droite. Paradoxal ? Si on prend au sérieux les discours de la droite, oui. Mais qui les prend au sérieux, les discours de la droite ? Même pas elle...

Ultimes budgets avant l'Apocalpyse


La Ville de Genève aura donc, vraisemblablement (mais le vraisemblable n'est jamais le certain) un budget lundi soir, ou mardi matin. La question, désormais, est plutôt de savoir lequel. Pour les socialistes, en tout cas, le cadre a été posé par leur assemblée générale : le budget de la Ville doit maintenir les prestations à la population, respecter les accords avec le personnel, garantir les ressources financières de la commune. En d'autre termes : pas de réduction de l'offre sociale et culturelle, pas de suspension des mécanismes salariaux, pas de cadeaux fiscaux. Et dans ce cadre, un budget municipal peut recueillir une majorité. Les fronts, en effet, sont clairement établis : l’Alternative (EAG, PS, Verts) occupe 39 sièges dont les titulaires soutiendront le projet de budget qui sera voté en début de séance, la droite au sens large (PDC-PLR-UDC-MCG) 38 sièges, dont un est neutralisé (celui de la présidente) et d'où sourdiront donc 37 voix qui refuseront le budget. Non sans avoir fait pleuvoir sur lui une pluie d'amendements, s'attaquant notamment aux moyens de la politique culturelle, et auxquels il va nous falloir résister. Restent les trois élu-e-s siégeant en indépendants, qui ont annoncé qu'ils voteraient le budget. Faites le compte vous-même : comme l'annonce l'indépendant (et Vert libéral) Alexandre Chevallier, la Ville devrait, lundi matin, avoir un budget. Et même un budget équilibré -serait-il d'ailleurs déficitaire que cela ne nous paniquerait pas : si d'aventure le budget municipal devait être en déficit (et il le serait d'une paille : un centième des dépenses totales), il aurait l'air fin, le Conseil d'Etat, de refuser à la Ville le droit de présenter un budget déficitaire en sachant qu'elle, au moins, pourra compenser ce déficit les années suivantes, alors que lui, le canton, ne sait ni comment équilibrer son budget annuel, ni comment compenser son déficit d'une année sur l'autre, et ne prévoit de retrouver l'équilibre budgétaire qu'en 2014. Le Conseil d'Etat a présenté à la commission des Finances du Grand Conseil un budget 2012 déficitaire de 437 millions (ce qui n'a pas empêché le ministre des Finances de plaider, devant les Verts de la Ville, contre un déficit de 12 millions du budget municipal...), assorti d'un plan supposé ramener à l'équilibre budgétaire en quatre ans, renforcement de la fiscalité (sans toutefois la ramener à son niveau d'avant la distribution des cadeaux fiscaux) et attaques sur les charges salariales et sociales de personnel aidant. Ville de gauche qui rira, canton de droite qui pleurera ? Bah... on ne voit pas pourquoi on s'inquièterait des déficits budgétaires, puisque le calendrier maya nous apprend que l'année 2012 sera la dernière avant la fin du monde, des haricots et des budgets, puisque le treizième baktun va se terminer le jour du 4 ahau 3 kankin, c'est-à-dire le 21 décembre 2012, quand Bolon Yokte nous tombera sur la gueule et réconciliera définitivement, mais apocalyptiquement, le budget déficitaire de David et le budget équilibré de Sandrine.

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