Fonds de tiroir

Assemblée des délégués des Verts suisses, et gueule de bois post-électorale, il y a quinze jours : un Conseiller municipal versoisien s'en prend aux Verts de gauche et aux «boulets idéologiques» gauchiste (genre Anne-Catherine Ménetrey, ou Ueli Leuenberger) que le parti traînerait et qui l'empêcheraient de progresser sur la voie radieuse de la concordance avec les Verts libéraux et la droite... Il vit sur quelle planète, le Vert versoisien ? Sur une planète où David Hiler et Michèle Künzler seraient à l'extrême-gauche ? Et où les Verts genevois perdraient les élections à cause de leur gauchisme ? Une sorte de monde parallèle, quoi.

Débat, mercredi, au Conseil Municipal de la Ville, sur une subvention à une association sportive, «Genève Futur Hockey», créée par le club professionnel Genève-Servette Hockey Club qui ne veut plus la financer pour pouvoir rapatrier dans ses propres caisses (vides) ce qu'il attribuait à cette association. La gauche de la gauche, les Verts (et un socialiste) s'opposent à cette subvention. D'où une floraison de discours de la droite à grands renforts de trémolos sportifs (du genre : le sport d'élite fait rêver les jeunes, faut le soutenir). La porte-parole d' « Ensemble à gauche », un peu excédée par ce déluge de lieux communs à la con, réplique : « je ne suis pas pour la médiocrité du rêve ». Et le porte-parole du PDC, qui n'attendait qu'une occasion pour rappeler son existence, duplique : « Vous ne me faites plus rêver, la jeunesse vous a abandonnés ». Quant on voit l'état du mini-groupe PDC au Conseil Municipal de la Ville (et l'état de son porte-parole), on se dit qu' « Ensemble à gauche » devrait se féliciter de ne plus les faire rêver, parce qu'on se demande de quels genres de rêves était peuplé le sommeil des démo-chrétiens genevois. Qui non seulement ne font rêver personne, pas même eux, mais ne font même plus cauchermarder qui que ce soit. Pas même eux.

« Il faut favoriser la mobilité douce mais sans diminuer la part des scooters et de la voiture », a déclaré le président du TCS genevois, Guy Zwahlen, à un débat organisé par le « Tribune de Genève » la semaine dernière. Faudrait voir à apprendre à compter, là, parce que si on raisonne comme Zwahlen en termes de parts, quand on en augmente une, on réduit forcément les autres. Et on ne peut donc pas « favoriser la mobilité douce » (à pied, en vélo, en transports publics) sans réduire « la part des scooters et de la voiture ». A moins bien sûr de les embarquer dans les transports publics, les scooters et les bagnoles, de les prendre sur le porte-bagage ou les mettre dans le sac à dos.

Selon une étude de l'Office fédéral de la santé publique, 43,1 % des Tessinois-e-s, 53,4 % des Alémaniques et 58,6 % des Romand-e-s ont un tour de taille élevé (plus de 80 cm chez les femmes, 94 cm chez les hommes), 37,1 % des Romand-e-s et 29,5 % des Alémaniques un tour de taille très élevé (plus de 88 cm chez les femmes, 102 cm, chez les hommes). Si on considère l'indice de masse corporelle (rapport entre le poids et la taille au carré), 15,1 % des Romand-e-s et 13,4 % de l'ensemble des Suisses-ses peuvent être considérés comme obèses (indice supérieur à 30). Bref, une majorité des adultes de ce pays sont trop gros, et une plus grande majorité encore des adultes en Romandie. Et ça nous dit quoi ? Ben, pas grand chose. On est trop gros (enfin, surtout vous), et alors ? ça nous (enfin, ça vous) regarde, non ? On va pas en faire un plat. Et puis, mieux vaut être un peu trop gros qu'un peu trop con, non ? Je sais, on peut être les deux, mais c'est pas une raison.

Le groupe UDC au Conseil Municipal a eu une idée géniale (forcément), dont il a fait une motion géniale (forcément) : il demande au Conseil administratif que chaque fois qu'il dépose un projet de rénovation du patrimoine immobilier de la Ville, il dise au Conseil Municipal si la loi autorise ou non une surélévation de l'immeuble concerné. Que le Conseil d'Etat ait produit une cartographie détaillée des immeubles pouvant être surélevés selon une loi (par ailleurs fort contestable sur le fond et la forme) ne suffit pas aux udécistes. Qui semblent donc avoir de la peine à lire une carte. Et qui ont donc besoin que le Conseil administratif les y aide. Est-ce que dans le cadre d'une opération de formation continue, la Ville ne pourrait pas tout simplement apprendre à ses élus de la droite de la droite à lire une carte et à lire une loi, et même, si possible, à les comprendre ? Et d'ici là, leur faire parvenir la loi et la carte, pour qu'ils s'entraînent ?

Sur 300 hectares, à Chêne-Bourg, une zone villas, la plus grande du canton, bouffe de l'espace dans un canton qui manque d'une vingtaine de milliers de logements, et en manque chaque ennée de 1500 en plus. La ville est aux portes de cette zone pour laquelle depuis dix ans le canton élabore des plans d'aménagement qui prévoient d'y construire de petits immeubles, essentiellement sur des terrains vides et le long de la route de Chêne -l'une des plus fréquentées du canton, qui mène jusqu'à la douane de Moillesulaz. Autant dire qu'on n'est pas franchement dans la campagne -mais on est tout de même dans l'illusion que ce territoire pourra être préservé de l'urbanisation. Un plan localisé de quartier a été adopté par la commune dans la zone de Challendin, en bord de route, sur des parcelles dont la plupart sont libres de constructions. Il prévoit 200 logements dans huit immeubles de trois étages sur rez. Pas franchement Manhattan. Mais suffisant pour que les propriétaires riverains bondissent (et que les Verts les soutiennent), au nom du désormais fameux « Oui au logement, mis pas chez nous ». Du comique de répétition sam'suffiste, à Genève. Mais à force, ça lasse.

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