Fonds de tiroir

Annonçant le dépôt d'une motion « interpartis » sur le financement du Grand Théâtre, à l'heure où le canton voudrait bien reprendre le prestige de l'institution lyrique sans en reprendre le coût (la motion demande à tous les partenaires potentiels de se mettre autour d'une table pour partager le financement de l'Opéra, ce que la gauche demande depuis au moins quinze ans...), « 20 Minutes» annonce que « le Grand Théâtre coûte annuellement à la Ville de Genève près de 40 millions de francs »... C'est dix millions de moins qu'en réalité : le Grand Théâtre coûte à la Ville de Genève près de 50 millions de francs... Le canard gratuit annonce également que le canton « ne verse pas un sou ». C'est injuste, des sous, le canton en verse un million. Mais un millions de sous, ça fait jamais que 50'000 balles. Soit un millième du coût de l'opéra. Mais quand même, faut jamais sous-estimer les aumônes. Même quand elles sont versées par des rapiats.

Le PS genevois appelle à soutenir à la fois l'initiative populaire pour deux semaines de vacances annuelles en plus pour les salarié-e-s (donc pour les adultes) et l'introduction d'une demie-journée d'école de plus par semaine pour les gamins. soit, dans l'année, l'équivalent de trois à quatre semaines de travail scolaire de plus. Deux semaines de boulot en moins pour les parents, quatre semaines de boulot en plus pour les enfants... ça serait pas plus simple de généraliser l'horaire scolaire comme horaire légal de travail, ou d'appliquer la loi sur le travail à l'horaire scolaire ?

Noch eine Genferei ? Yoooh, aber ausgezeitchnete : dans le classement des communes suisses du point de vue de leur gestion financière, classement établi par l'Institut des hautes études en administration publique (IDHEAP), Genève sort première avec une moyenne de 5,82 sur 6... Finalement, c'était une bonne idée de rétablir les notes à l'école. Genève précède dans ce classement Bellinzone et Berne. Et sept villes se retrouvent sous la barre de la note 4 (dans le système scolaire qu'on a vécu quand on était jeunes et frais, 4 ça voulait dire « assez bien », 3 «médiocre», 2 « insuffisant », 1 «mauvais». Et 5 « très bien » et 6 «excellent»... ). D'entre les redoublantes (en-dessous de 4) : Zurich, Lucerne, Winterthur... Bon, cela dit, les critères de l'IIDHEAP sont des critères plus comptables que politiques (couverture des charges, autofinancement des investissements, poids des intérêts nets, maîtrise des dépenses courantes, effort d'investissement, intérêt de la dette -avec presque à chaque fois un 6 pour Piogre), mais le plus rigolo, c'est qu'au final, le critère qui tire vers le bas la note de Genève, c'est celui de l'«exactitude de la prévision fiscale», dont la commune n'est pas responsable puisque les prévisions fiscales, à Genève, c'est le canton qui les fait... Bon ben voilà, Sandrine est contente. Et la droite municipale devrait l'être aussi (les critères comptables, à vrai dire, on s'en tamponne un peu, mais on va pas faire la gueule parce que Genève les remplit mieux que les autres...). Alors pourquoi elle continue à faire la gueule, la droite municipale genevoise ? Parce que « la ville la mieux gérée de Suisse » a une municipalité de gauche ? Nooon, elle est pas comme ça, la droite municipale genevoise...

Le président de Pic Vert (l'association des propriétaires-de-villas-qui-veulent-pas-qu'on-construise-des-logements-près-de-chez-eux) se félicite de ce que « la grande majorité des communes genevoises » (30 sur 45) refuse le projet de plan directeur cantonal, et y voit une « victoire importante ». Voui, mais le problème, c'est que la minorité de communes qui l'acceptent (13), quitte à en demander la modification, comme la Ville de Genève l'a fait, rassemble près de la moitié de la population du canton. Faut dire qu'il s'en fout, le président de Pic Vert, son truc à lui, c'est la majorité des pelouses devant les villas. 60 membres d'exécutifs municipaux demandent par ailleurs le retrait du plan et que le Conseiller d'Etat responsable du dossier le reprenne sur le fond. Problème : le Conseiller d'Etat en question, c'est Mark Muller. Et le fond, il le touche.


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