Fonds de tiroir


La droite, les promoteurs et les industriels du tourisme, surtout les Valaisans, sont furax contre les syndicats patronaux («EconomieSuisse») : ils les accusent de n'avoir assez fait campagne contre l'initiative de Franz Weber, qui prévoyait (et qui a été acceptée) de plafonner à 20 % la proportion de résidences secondaires. EconomieSuisse a investi trois millions de francs contre l'initiative proposant six semaines de congés payés, mais seulement, admet-elle, « un montant à six chiffres » (c'est-à-dire entre trois et trente fois moins) contre l'initiative Weber. Et l'autre syndicat patronal, celui des PME, l'Union Suisse des Arts et métiers, a fait le même choix stratégique. Qui s'est d'ailleurs révélé payant (sauf pour les « victimes » de l'initiative Weber) puisque l'initiative pour les six semaines de vacances a été balayée. Si les promoteurs et l'industrie du tourisme ne peuvent plus compter sur le pognon des syndicats patronaux, c'est la fin des haricots, non ? Ben non, va falloir qu'ils se bougent le fion, les promoteurs et l'industrie du tourisme, pour payer eux-mêmes leurs campagnes de votations. Je sais, c'est dur, mais c'est aussi un peu ça, la démocratie, payer soi-même ses campagnes, non ?

Les ONG de défense des droits humains sont un tantinet fâchée contre la décision, dimanche en huit,  du peuple genevois (enfin : la part du peuple qui ne manifeste pas) de restreindre la liberté de manifester, et elles y voient une atteinte flagrante à un droit fondamental dans une ville qui se trouve en être la capitale mondiale (la Ville, cependant, à voté contre la nouvelle loi sur les manifs, c'est la banlieue et les communes résidentielles qui ont fait pencher la balance...). Même l'organisation de coopération et de développement économique (OSCE), qui n'est pas franchement un groupe de gauchiste sympathisants du Black Block, trouve les dispositions de la loi «disproportionnées». La possibilité de sanctions financières inquiète Amnesty International, Civicus dénonce des entraves à la liberté de réunion et Human Right Defender considère que cette loi porte atteinte à l'image de la Suisse et de Genève (la Suisse vient justement de présenter au Conseil des droits de l'Homme une résolution pour la défense du droit de manifester). Bref, on a l'air fins. Mais une riposte vigoureuse s'annonce. D'une part, le PS va faire recours contre la loi au Tribunal Fédéral, pour violation de la constitution. Mais surtout, Vendredi prochain (18 heures, place Neuve), y'a manif (pardon : rassemblement) de bisounours pour la « liberté d'expression ». ça devait être une manif pour la liberté de manifestation, mais les organisateurs (pardon : les initiants) ont eu peur qu'on croie qu'ils voulaient manifester illégalement contre la décision populaire de restreindre le droit de manifester, alors ils ont décidé de manifester pour la liberté d'expression, c'est plus vague. Et pour rassurer encore un peu plus, ils invitent les manifestants (pardon : les rassemblés), si jamais y'a des méchants perturbateurs qui se pointent, à s'asseoir par terre pour faciliter le travail de la police. ben voilà, la loi sur les manifs est passée, les organisateurs (pardon, les initiants) de manifs sont prêts à se faire auxiliaires de la police. Or c'est précisément ce que prévoit la loi contre laquelle on est supposés protester vendredi. Il est pas beau, le monde démocratique ?

Pierre Maudet, candidat à la candidature libérale-radicale pour le Conseil d'Etat, a reçu deux soutiens la semaine dernière : celle du PDC Guy Mettan et celle du PLR Jacques-Simon Eggly. C'est le genre de soutiens qui va vachement faire avancer les chances de Maudet, ça... La course au Conseil d'Etat, c'est un course avec handicap de départ ? Toutes nos condoléances, Monsieur le Maire.

ça fait du bien par où ça passe, même si ça passe un peu tard  et que ça ne ressuscitera pas le grand squat Rhino :  Les membres du Collectif RHINO ont appris avant-hier que la Cour européenne des droits de l’homme avait confirmé son jugement du 11 octobre 201, concluant que « la Cour estime que les motifs invoqués par les tribunaux suisses pour justifier l’ingérence litigieuse (c'est-à-dire la dissolution de l'association du squat Rhino, après l'évacuation du squat par la force)  n’étaient pas pertinents et suffisants et que celle-ci a été disproportionnée par rapport aux buts poursuivis. Elle conclut que la dissolution de l’association n’était pas nécessaire dans une société démocratique» La Cour a donc refusé la demande de renvoi devant la Grande Chambre formulée par le Gouvernement suisse. La victoire de l'Association RHINO contre l'action en dissolution initiée par Me Fontanet et Michael Schröder (au nom des sociétés VERGELL CASA et SI BOULEVARD DE LA TOUR 14 SA) est donc définitive.

L'esprit de Pâques a soufflé sur le Conseil Municipal de la Ville de Genève, hier soir, sans doute avec un peu d'avance -mais cela fait déjà deux mois que les chtis lapins et les gros oeufs en chocolat et en nougat ont envahis les magasins : Et il était servettien, l'esprit de Pâques, au Conseil Municipal, hier soir. Et tout y est passé : Cène (communion sportive), trahison (de Pishyar), passion (menace de faillite), résurrection (arrivée de Quennec), ascension, pentecôte (presque unanimité du Conseil pour exprimer sa ferveur sportive)... Juste un conseil chères et chers collègues : après la Pentecôte, prenez des vacances. Et évitez le chemin de Damas, en ce moment : il est miné. Bref, la naïveté moutonnière et le conformisme démagogique ayant frappé, le Conseil Municipal a accepté, à deux oppositions près (le vote était nominal, vous pourrez trouver vous-mêmes qui a voté quoi), et moyennant une dizaine d'abstentions, une résolution demandant au Conseil administratif de « tout mettre en oeuvre » (sans exclusive aucune) pour « faciliter la poursuite, dans les meilleurs délais, des activités du Servette FC »  (...). On se demandait quand allait tomber la première demande de pognon, elle n'est pas encore tombée, mais la voilà annoncée. Le patron du Servette Hockey Club a repris le Servette Football Club, mais pas avec son argent, avec celui de mystérieux financiers restant anonymes, et le patron du Servette foot a cédé le club au patron du Servette hockey pour un franc symbolique, ou pour 30 deniers... Ce tour de passe-passe a permis un ajournement de faillite, et un  sursis pour le SFC le temps de vérifier dans quel état réel est le club de foot. Et après ? On fait quoi ?  On ne sait pas qui est derrière Quennec pour la reprise du FC Servette. On finira peut-être par le savoir, mais en attendant, toute l'opération sent furieusement le sauvetage improvisé. Alors nous, pour paraphraser une vieille chanson populaire -qu'on  entend assez peu dans les stades mais qu'on a entendu à la Bastille dimanche, on s'est contentés de dire : « il n'est pas de sauveur suprême, ni Roger, ni Pishyar, ni Quennec; footballeurs, sauvez-vous VOUS-MÊMES, décrétez VOTRE salut commun »... mais sans nous...


Le Conseiller national, ex-Conseiller fédéral et vice-président de l'UDC Christoph Blocher, qui voulait inscrire dans la Constitution fédérale le principe du secret bancaire absolu, fait l'objet d'une enquête pénale pour violation de ce même secret bancaire, et a été perquisitionné à son domicile et à son bureau mardi. C'est joli, l'ironie de l'histoire... Blocher est soupçonné d'avoir utilisé des informations obtenues frauduleusement par l'entremise d'un ancien employé de la banque Sarrazin, d'un avocat et député cantonal UDC et d'un autre député cantonal UDC, informations selon lesquelles le président de la Banque nationale suisse, Philipp Hildebrand, et son épouse auraient effectué des transactions bancaires suspectes. Ces accusations avaient conduit Hildebrand à démissionner. Et l'enquête ouverte contre Blocher conduit celui-ci à tenter de s'abriter derrière son immunité parlementaire. Bref, non seulement le pithécanthrope a violé le secret bancaire dont il s'était fait le héraut, mais en plus, il n'assume pas ses actes et se planque derrière son statut de parlementaire... Ben dis donc, c'est pas Winkelried, le thuriféraire de la Suisse des Waldstätten...

Ben voilà, à la surprise générale, Pierre Maudet a été désigné comme candidat du PLR à l'élection partielle du Conseil d'Etat genevois,. en juin prochain. Faut dire qu'il était seul candidat à la candidature, le Maire de Genève. ça aide à la désignation (par 98 % des votes : les 2 % restant ont été recouverts de goudron et de plumes et traînés hors des murs de la ville ?). Faut dire aussi que personne n'a eu le front de se présenter contre lui parce qu'il apparaissait comme le seul capable de maintenir à droite le siège lâché par Mark Muller. Et encore : à condition que la gauche se divise ou que son électorat s'abstienne... faut dire enfin que les ennemis de Maudet ont fait leurs comptes, in petto applaudi la candidature des Verts libéraux, espèrent une candidature UDC et ne se bouchent pas le nez devant la candidature du MCG : tout ça, c'est des voix ôtées à Maudet. Alors, l'envoyer au casse-pipe, c'est un petit plaisir que certains libéraux ne se sont pas refusé...

Le PS genevois a analysé la composition politique des conseils d'administration des entreprises publiques (TPG, SIG, Aéroport et une trentaine d'autres), ou plus précisément les affiliations politiques des membres de ses instances. Et il a découvert quoi ? Une sur-représentation manifeste du PLR : un président de Conseil d'administration sur deux et un membre de Conseil d'administration sur cinq en est membre. On comprend mieux pourquoi le PLR tient absolument à rester sur-représenté au Conseil d'Etat (avec trois sièges sur sept jusqu'à la démission de MàD Mark), non ?

Les partis socialistes cantonaux, d'abord, puis une assemblée des délégués, voire un congrès national, devront se prononcer sur la grave question de savoir si le Parti socialiste suisse peut ou non, et si oui à quelles conditions, accepter d'être subventionné par une banque privée (le Crédit Suisse) dont il dénonce le rôle et les pratiques -et les choix politiques, puisque les banques en ont et en font constamment. Le Comité directeur du PS, en effet, n'a pas pu, ou pas voulu, trancher sur l'offre faite par le Crédit Suisse à tous les partis nationaux de les subventionner, à raison d'un million réparti au prorata de leur importance parlementaire (le PS toucherait 200'000 balles). Tous les partis de droite ont déjà dit qu'ils acceptaient l'obole (on s'en doutait). Les Verts se tâtent. Et donc, le PS aussi. La direction du parti déclare dans un communiqué qu'il faut «trouver une position de principe » sur cette question. Voui, il faudrait.  Et nous,  on continue à se demander pourquoi il est si difficile de dire « non »...

Le canton de Genève a donc obtenu 110 millions de la part de la société de révision Ernst & Young, coupable de n'avoir pas révisé grand chose dans les comptes de la Banque Cantonale. 110 millions (dont 22 iront à la Banque Cantonale elle-même), en échange du retrait de toutes les procédures intentées par le canton contre la société de révision, c'est en gros ce que les assurances d'Ernest et Jeune acceptaient de couvrir et le canton n'a pas voulu aller au-delà. Ernest et Jeune n'en étaient donc pas de leur poche pour se sortir du merdier du dossier de la BCGE. C'était sans compter (si on ose dire) avec la Ville qui, actionnaire de la Banque, n'entendait pas se contenter des 3,22 millions que le canton proposait de lui accorder, et qui ne compensaient pas le préjudice subi par la commune (qui avait investi 67 millions dans une augmentation du capital de la banque, laquelle a dû constituer des provisions supplémentaires, ce qui a causé un préjudice d'une vingtaine de millions à la Ville). La ministre municipale des Finances, a négocié un accord séparé, qui aboutit à ce qu'Ernest et Jeune lui paie dix millions sur quatre ans, soit la moitié du préjudice subi par la Ville, afin d'éteindre la dernière procédure en cours. Et ces dix millions, Sandrine Salerno aimerait les investir dans un projet en lieu avec « la finance et l'éthique ». Vaste programme : trouver un lien entre la finance et l'éthique, c'est pas simple, en ce moment. Même avec dix millions en poche.

Voilà, c'est fait : les policiers d'élite français du RAID, sans doute sur ordre du ministre de l'Intérieur (d'élite) français, Claude Guéant, ont réussi à transformer Mohamed Merah, tueur délirant, en icône, en totem, en Che Guevara du pauvre d'esprit islamiste, en l'abattant en plein vol alors qu'il sautait par la fenêtre de son immeuble. Sur quoi on a appris que Merah était fiché à la direction centrale du renseignement intérieur (résultat de la fusion des RG et de la DST), qui savait qu'il était allé se promener dans les zones frontalières de l'Afghanistan et du Pakistan, dans le nid des talibans et d'Al Qaïda, mais ne l'avait pas mis sous surveillance.  Y'a pas à dire : en période électorale, les critères de l'efficacité policière ne sont pas les mêmes qu'en temps politiques normaux.






Articles les plus consultés