Défaite de la gauche à l'élection partielle au Conseil d'Etat genevois : La pelle du 17 juin

On avait tout bon, et comme aurait put le dire un ancien Premier Ministre socialiste français, « les clignotants étaient au vert » ...  et on s'est gaufrés quand même...  et lourdement : l'arithmétique plaidait pour une élection nette de notre candidate, candidate unique de toute l'Alternative et de toute la gauche face à quatre candidatures de droite. Avec une participation médiocre mais se situant plutôt à l'étiage de cette rituelle médiocrité (43 % de participation pour une élection partielle un an avant une élection générale, ça aurait pu être bien pire),  la candidate socialiste aurait dû sortir nettement en tête : finalement battue par le candidat PLR, elle obtient un résultat se situant douze points au dessous de la force électorale de la gauche unie, et ne dépasse le candidat de l'extrême-droite que de quelques centaines de voix...  En cause : un gros défaut de mobilisation de l'électorat de gauche...

Faute de gamay, rabattons-nous sur le champagne -et même une rasade d'ouzo...


Espérant pour la France et pour la Grèce, on étaient confiant à Genève : Elle aurait du être élue... mais elle ne l'est pas : la candidate de la gauche à l'élection partielle du Conseil d'Etat genevois n'a pas fait le plein des voix de la gauche. Elle arrive certes en tête, et parfois largement, dans les locaux traditionnels de la gauche, mais elle n'y est majoritairement que relativement, et est devancée par le candidat de la droite démocratique dans tous les locaux incertains, ceux qui font la différence. Car dans les locaux de droite, on a beaucoup voté (et voté Maudet sans grande dispersion des voix) alors que dans les locaux de gauche, trop confiants, ou indifférents, ou méfiants à l'égard du PS, on s'est très majoritairement abstenu. Cet électorat démobilisé n'a pas voté Maudet ou Stauffer, il n'a tout simplement pas voté...


De l'échec de la candidate socialiste,  on ne peut incriminer ni la candidate elle-même (elle n'avait que le défaut de n'être pas "urbaine", or c'est dans les villes, à Genève et dans sa couronne urbaine, que s'est joué le résultat), ni la division de la gauche (elle était unie derrière la candidate), ni une participation générale particulièrement calamiteuse (même si elle est très faible dans les quartiers populaires, ce qui explique la première place de Maudet en Ville de Genève), ni un siphonnage de l'électorat populaire par le MCG (le score de Stauffer équivaut grosso modo à l'addition de ceux du MCG et de l'UDC), mais un évident défaut de mobilisation de l'électorat de gauche. La candidate socialiste obtient moins de 30 % des suffrages dans un canton où les partis qui la soutenaient représentent plus de 40 % de l'électorat. On pourra certes gloser sur le «différentiel de notoriété»  entre Anne Emery-Torracinta et Pierre Maudet, mais on ne pourra en faire une explication du résultat (après tout, Gominator dispose lui aussu d'une belle notoriété, et il est lui aussi perdant...). L'échec électoral socialiste est d'ailleurs paradoxal, puisqu'il se produit dans le même temps où sur les objets soumis au vote, ce sont les mots d'ordre de la gauche, y compris sur la « gouvernance » des institutions publiques, qui ont été suivis...

Ce ne sont jamais les électrices et les électeurs qui sont responsables de leur non-mobilisation, mais toujours ceux qui ont pour tâche de les mobiliser et n'y arrivent pas. Nous, donc. La gauche, et particulièrement le PS, espérait mettre ce dimanche un pied dans la porte du Conseil d'Etat, pour faciliter la prise d'une majorité l'année prochaine, lors de l'élection générale. C'est raté. On n'a pas mis le pied dans la porte au printemps 2012, il faudra la forcer à l'automne 2013.  Il faudra surtout se mobiliser un peu mieux qu'on vient de le faire -ou plutôt, de ne pas réussir à le faire, ou de réussir à ne pas le faire...

Quand on est unis, on gagne, quand on est désunis, on perd, et ce serait aussi con que ça si on en restait à l'arithmétique et qu'on faisait de l'unité une condition suffisante. Mais il se trouve que la droite genevoise, désunie, à gagné, et que la gauche genevoise unie a perdu. Et que donc l'arithmétique n'est jamais une loi politique aussi déterminante qu'on pourrait le croire, et que nous-mêmes avions pu le croire. Certes, quand la gauche est unie, elle gagne -mais à condition de faire quelque chose de cette unité... c'est ce que nous écrivions ici, vendredi dernier en pensant qu'on allait gagner) et qu'on réécrit aujourd'hui en constatant qu'on a perdu : l'unité est une condition nécessaire du succès, mais pas une condition suffisante. Il lui faut aussi une mobilisation, et pour qu'il y ait mobilisation, il faut qu'il y ait à la fois conscience de l'enjeu, et contenu politique, programmatique, «alternatif», de la campagne. Or mettre un pied dans la porte, ce n'est ni un enjeu, ni un contenu, ni un programme...

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