Budget 2013 de la Ville de Genève : Premières clameurs de droite


Après la présentation par le Conseil administratif de la Ville de Genève d'un projet de budget 2013 déficitaire (de 23 millions), la droitunie a uniment, à commencer par Pierre Weiss et Olivier Fiumelli, crié à l'« illégalité» de l'exercice, en invoquant la loi sur l'administration des communes qui prévoit une obligation pour elles d'équilibrer leur budget de fonctionnement. Mais pas l'obligation pour le Conseil administratif de proposer un projet de budget déjà équilibré. Quelqu'un pourrait-il expliquer à ces brillants économistes la différence qu'il y a entre un projet de budget, qui peut être déficitaire autant qu'il veut, et le budget finalement adopté ? Et quelque pourrait-il aussi rappeler à qui l'aurait oublié que la même loi permet à la commune de présenter un budget déficitaire si le déficit ne dépasse pas les amortissements et est couvert par la fortune nette de la commune, ce qui est largement le cas pour la Ville ?


« Passer du gouvernement des hommes à l'administration des choses »

Le projet de budget 2013 de la Ville de Genève n'est certes pas révolutionnaire -on n'attendait d'ailleurs pas qu'il le soit, la commune de Genève de 2012 n'étant (hélas) pas la Commune de Paris de 1871. Disons qu'il est globalement conservateur, au strict sens du terme : il conserve, il maintient. On n'avance pas, mais on ne recule pas (sous réserve d'un examen plus attentif des détails...). Les charges augmentent (de 30 millions), mais plus du quart de cette augmentation est mécanique, liée au respect du statut du personnel, mais ce sont surtout les investissements qui sont à la hausse (ils passeraient de cent à cent cinquante millions). Le budget est basé sur « des chiffres qui ne sont pas fiables » , a déclaré un PDC. Peut-être, mais ces chiffres ne sont-ils pas ceux des évaluations fiscales produites par l'administration cantonale ? La Ville n'en a pas d'autres à disposition pour établir un budget -dont il faudrait au passage rappeler qu'il n'est toujours que prévisionnel, par définition... La droite genevoise, il est vrai, n'a jamais supporté la Ville de Genève... même quand elle y était majoritaire...
Alors nous, à gauche du Conseil Municipal, on va se mettre au boulot, étudier le projet de l'exécutif, l'amender, se battre pour que les engagements publics soient maintenus et accrus dans les domaines où la Ville est un acteur déterminant -à commencer par la politique culturelle, et sur les terrains où se joue l'urgence sociale pour que les engagements pris sur lesquels nous avons fait campagne lors des Municipales de l'année dernière soient tenus. Parce qu'il va bien falloir rappeler ce qu'est le budget d'une collectivité publique : l'octroi aux autorités de cette collectivité des moyens financiers, et de l'autorisation d'en faire usage, nécessaires à l'accomplissement de ses tâches, et que c'est sur cet accomplissement qu'elle doit être jugée. Et il va bien falloir rappeler aussi qu'on ne peut pas en même temps exiger de la Municipalité qu'elle engage des policiers municipaux supplémentaires (ou plutôt qu'elle en engage vingt de plus que prévu au budget) et, en refusant le budget, ne pas lui donner les moyens de les payer. Et on va se faire un plaisir, et même un devoir, de rappeler que la légitimité même de la Commune réside en sa capacité d'accorder à la concrétisation des droits fondamentaux les moyens nécessaires à ce que ces droits ne se réduisent pas à des discours autosatisfaits.
Ce qui rend, pour nous, la commune plus légitime que l'Êtat, c'est précisément qu'elle ne gouverne pas les gens mais administre les choses dont les gens ont besoin -qu'elle ne pond pas des lois (ni des constitutions...), mais accorde des moyens. Qu'elle ne dit pas ce qu'il faut faire, mais qu'elle permet de le faire. Et qu'elle se donne, par son budget, les ressources nécessaires.
Mais allez faire comprendre cela à la droite municipale genevoise...


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