Fonds de tiroir

Selon l'Office fédéral de la statistique, la durée hebdomadaire effective du travail des salariés à plein temps a augmenté de neuf minutes entre 2006 et 2011, pour s'établir à 41 heures et 28 minutes. Cette augmentation est due à la fois à une réduction de cinq minutes de la durée des absences et à une augmentation de sept minutes des heures supplémentaires, ces deux variations ayant plus que compensé la réduction de quatre minutes de  la durée contractuelle du travail, et l'augmentation d'un jour du temps de vacances (qui passe de 4,9 à 5 semaines en moyenne).  Moralité : vous avez beau obtenir une réduction du temps de travail dans un contrat individuel ou collectif, ou une convention collective, vous travaillerez quand même plus qu'avant. Surtout dans le secteur primaire (44 heures et 52 minutes en 2011), les activités financières et les assurances (42 heures et 51 minutes) et l'hôtellerie-restauration (42 heures et 16 minutes). Voilà. Un bon conseil, quand même : Si vous avez le temps, après le boulot, ou, mieux encore : pendant le boulot : relisez le « Droit à la paresse » de Paul Lafargue.

 Le 1er juin dernier, Genève a accueilli la Conférence annuelle des préposés aux poursuites et faillites de toute la Suisse. Comme lieu de réunion des responsables d'offices qui sont des « thermomètres conjoncturels» particulièrement bien placés pour percevoir les risques économiques et sociaux, Genève était en effet le bon choix : à elle seule, elle a totalisé en 2011 plus de 10 % des poursuites enregistrées dans l'ensemble de la Suisse, et plus du quart de celles enregistrées en Romandie. On est en quelque sorte la Mecque du commandement de payer, la Rome de l'avis de saisie, la Jerusalem de l'acte de défaut de biens. Un pélerinage s'imposait...

Deux ex-dirigeants de la Banque Cantonale Genevoise, Dominique Ducret et Marc Fues, et le promoteur Carlo Lavizzari, ont obtenu ensemble un million de francs (avec les intérêts) d'indemnités du canton après leur acquittement, en février dernier, au terme du procès de la débâcle de la BCG. Mais les trois hommes n'ont obtenu que le quart de ce qu'ils demandaient, et vont donc faire appel : un million, c'est pas assez, clament leurs avocats. C'est même « dérisoire », selon l'un d'eux. C'est vrai qu'un petit million, ça pèse pas lourd au regard des deux milliards qu'ont coûté au canton, aux communes et donc aux contribuables la débâcle de la banque dont Ducret et Fues étaient dirigeants, et Lavizzari client... mais c'est vrai aussi que les dirigeants de la banque (et les réviseurs) ont été innocentés par la justice. Selon un raisonnement imparable: ils ont été totalement incompétents, mais l'incompétence n'est pas un délit. Le million d'indemnités que les trois hommes ont obtenu pour rembourser leurs frais de défense, leurs pertes économiques et leur tort moral, a été calculé sur la base d'une rémunération « standard » d'avocat genevois : 400 balles de l'heure... Entre Fues, Ducret, Lavizzari et leurs avocats, on est chez les pauvres... Du Zola, on vous dit, du Zola...

Le Prince du Liechtenstein a résisté vaillamment à une offensive d'utopistes gauchisants qui voulaient le priver de son droit de veto sur les décisions du peuple : le 1er juillet, par 76,1 % des suffrages, une initiative populaire demandant la démocratisation du régime, et donc l'abolition du droit du prince de rendre caducs des votes du peuple, a été refusée. Comme quoi le 1er juillet au Liechtenstein est bien loin du 14 juillet en France et qu'on peut continuer à Vaduz à révérer un « Monsieur Veto »  qu'on guillotina à Paris. Il y a dix ans, une constitution rédigée par le père du prince actuel, et renforçant les pouvoirs du prince, avait déjà été acceptée. Y'a des coins du monde, comme celui-là, où l'esprit politique des Lumières a un peu de mal à souffler. ça doit être une question de topographie, de vallée un peu trop encaissée... Ou alors, à force d'accepter la prolifération de sociétés « boîte aux lettres », c'est toute la société du Liechtenstein qui s'est transformée en boîte aux lettres du prince... ouais, ça doit être ça...

La nouvelle répartition des dicastères au sein du Conseil d'Etat genevois s'est accompagnée d'une autre nouveauté : l'importation à Piogre du « système des dépouilles» à l'américaine (ou à la française) : quand un ministre arrive, il arrive avec son staff, ses collaborateurs, ses conseillers, ses copains, ses affidés -bref, son «équipe». C'est ce qu'on fait François Longchamp et Isabel Rochat en changeant de département, et Pierre Maudet en prenant le sien : « les secrétaires généraux et la garde rapprochée » des deux premiers ont appris qu'ils allaient suivre leur chef-fe : ceux qui s'occupaient de la politique sociale s'occuperont de celle de l'aménagement,. ceux qui géraient la politique de sécurité géreront la politique de l'emploi. ça promet. François Longchamp explique cette migration par un «souci d'effiacité»... une périphrase politiquement correcte pour « survie du clan » ?  

En octobre de l'année dernière, le député PLR Pierre Weiss s'inquiétait de l'absence, dans le chapitre sur la mort et l'au-delà (l'au-delà de quoi, au juste ?) du manuel didactique pour l'enseignement des « grands textes » au Cycle d'Orientation, de la Résurrection version chrétienne. Il doit être rassuré : le Sermon sur la Montagne figurera dans le manuel du 10e degré. La résurrection est ressuscitée, c'est bien le moins que l'on pouvait faire pour elle...

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