Fonds de tiroir

Début août, le Réseau Antifasciste Genève utilise des affiches litigieuses. Signe particulier: un rouleau de papier hygiénique orné du drapeau suisse. Christo Ivanov, député UDC au Grand conseil, porte plainte. En cause, selon lui,  une violation de la loi fédérale de protection des armoiries, selon le plaignant. Le 17 septembre, il est débouté. Céline Amaudruz, présidente de l'UDC du canton de Genève a déposé une motion au conseil national le 10 septembre, pour «bannir toute utilisation dégradante des emblèmes de la Confédération, qu'ils soient officiels, ou non ».
Question : est-ce qu'on ne pourrait pas considérer que l'utilisation des emblèmes de la Suisse par l'UDC dans ses campagnes politiques comme une dégradation de ces emblèmes ? Parce qu'enfin, la présence d'une croix suisse sur un tract UDC équivaut bien à sa présence sur du papier de chiottes ?

La Cour des Comptes bouge encore. Si, si. Elle n'a peut-être toujours pas l'eau courante et ses magistrats en sont peut-être toujours réduits à se laver en s'aspergeant à grands coups de seaux d'eau, mais elle a tout de même réussi à rendre un rapport sur autre chose que sa plomberie défectueuse. Et dans ce rapport, elle s'en (re)prend à la Ville de Genève, et en particulier à son service des Ressources Humaines et à sa cheffe politique, Sandrine Salerno, coupable (selon la Cour) de tarder à mettre en oeuvre les recommandations de ladite Cour (qui en avait produit seize, dont cinq ont été réalisées en deux ans). Documents à l'appui, Sandrine Salerno, au nom du Conseil Administratif, a répliqué, contesté les allégations de la Cour et a déploré son « fonctionnement (...) en inadéquation avec ses missions ». Ben quoi ? Dans les recommandations de la Cour, y'en avait aucune qu'elle n'aurait pas suivi sur son propre fonctionnement, on peut donc rien lui reprocher. Même pas de faire rigoler toute la République. Ce qui n'empêche pas le député Vert Christian Bavarel d'y constater une « ambiance de fin de règne » (mais de règne de qui ? Ils y ont un magistrat, les Verts, dans cette Cour des Miracles des Comptes à régler) et de se féliciter de ce que l'institution soit renouvelée par une « élection dépolitisée » ... Ouais, ben quand un politicien se félicite d'une élection « dépolitisée » (mais au suffrage universel, avec des candidat-e-s présenté-e-s par des partis politiques), il est prudent de commencer à s'inquiéter chouïa.

On ne sait pas si on votera ou non le 25 novembre sur les accords fiscaux passés par la Suisse avec l'Allemagne, la Grande-Bretagne et l'Autriche, ou sur l'un ou deux de ces accords mais pas le troisième : les signatures demandant le référendum ont été remises, mais avec une marge insuffisante (autour de 51'000 signatures) pour garantir l'aboutissement de la demande, lancée à droite par l'ASIN (un surgeon de l'UDC) et la Lega tessinoise, qui reprochent aux accords de mettre à mal le secret bancaire, et à gauche par la Jeunesse Socialiste, qui reproche aux accords de ne pas achever définitivement ledit secret. C'est un peu comme pour la constitution genevoise, quoi : à droite de la droite, on reproche au projet de la Constituante de ne pas être assez droitier, et à gauche on lui reproche de l'être trop. Sauf que sur la constitution, les oppositions vont s'ajouter les unes aux autres, alors que ça  n'a pas bien fonctionné au stade de la récolte de signaturessur les accords fiscaux. Eh ouais, c'est comme ça, les mésalliances : des fois ça fait de beaux enfants, et des fois de moches avortons... Mais là, ce serait con d'échouer comme un vulgaire PLR pour quelques centaines de signatures, parce que voir l'ASIN et la Lega appeler à voter contre la dernière chance de sauver ce qui reste du secret bancaire, ça promettait d'être assez rigolo.

Le 30 janvier dernier, une douzaine de conseillers municipaux de Genève déposaient une motion demandant au Conseil administratif de condamner fermement au nom de la Ville de Genève le régime du Kazkhstan, régime «corrompu»  qui mène «  une politique contre les droits humains et ceux des travailleurs ». La motion notait que des proches (y compris des membres de la famille) du président kazakh Nazarbayev résidaient à Genève, bénéficiaient de forfaits fiscaux « scandaleux »et étaient impliqués dans des affaires de blanchiment et de détournement de fonds portant sur un milliard de francs. L'exécutif municipal a répondu à cette motion en admettant que « la situation politique au Kazakhstan est effectivement très préoccupante », que le gouvernement suisse n'a pas « pris formellement position pour dénoncer les exactions du régime en place », que deux enquêtes pénales ont été ouvertes contre le gendre du président Nazarbaïev pour blanchiment de 600 millions de francs) et contre le président lui-même (et son gendre) pour détournement de 400 millions de francs. L'exécutif municipal, genevois assure qu'il « suivra attentivement le développement qui sera donné » à ces deux affaires. Vous allez voir qu'on va encore nous reprocher de nous mêler de ce qui nous regarde pas, les représentants du clan présidentiel kazakh ne résidant pas en Ville de Genève mais dans les communes voisines. Et friquées. Et fiscalement avantageuses. Quasiment à l'étranger, quoi...

A en croire le rapport annuel de la Cour des Comptes, la directrice des ressources humaines de la Ville de Genève ne réunit pas les compétences objectives et l'expérience nécessaires pour être la cheffe d'un personnel de 4000 personnes. Et la Cour des Comptes, quand elle parle de compétences objectives et d'expériences nécessaire, elle sait de quoi elle parle. Et d'où elle parle : du fond d'un seau d'eau.


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