Fonds de tiroir

Après l'acceptation par 54 % des votants, 17 % du corps électoral ou 8 % de la population de la nouvelle constitution genevoise, SolidaritéS a trouvé LE responsable de la défaite du «Non»: c'est le PS (Plus équitable, ou moins obsessionnel, dans son communiqué le PdT y ajoute les Verts...). Et le communiqué de solidaritéS de se clore par ces fortes et mâles paroles : « Pour que le NON gagne, il fallait (y) convertir encore 4% des électeurs-trices. Le PS a – sans doute – une influence à cette hauteur là ! Nous le rendons donc clairement responsable de cette décision détestable… et appelons les électeurs-trices à en tirer toutes les conséquences le moment venu». En votant pour Salika dans trois semaines, par exemple ?
Quant à sa propre défaite, et celle de son camp, potentiellement majoritaire, solidaritéS n'en est (évidemment) pas responsable du tout... C'est l'avantage des traîtres : ils vous exonèrent de toute responsabilité dans vos propres conneries. Le communiqué de solidaritéS commence pourtant par un coup de clairon : « nous sommes fiers du front associatif, social et syndical que nous avons contribué à construire et à animer», avec « l'ensemble des syndicats de la CGAS, l'AVIVO, des secteurs de l'ASLOCA, VIVRe, le GSsA, Contratom, Attac, le MPF, les milieux féministes (et) toute la gauche politique à l'exception du PS »... et avec tout ça, le « non » n'atteint que 46 % des votes... Et c'est la faute du PS ? C'est aussi la faute du PS si la campagne du « Non » n'a pas réussi à mobiliser dans les quartiers populaires, où la participation se traîne à dix points des quartiers bourgeois ? il suffit que le PS « déserte les rangs de la gauche politique et sociale » pour que cette gauche s'effondre ? Il en a, une puissance, le PS... En tout cas, il a bon dos : il évite de se résoudre à une cruelle évidence : quand on fait une campagne en prenant les gens pour des imbéciles, on obtient un résultat à la hauteur de ses ambitions intellectuelles. Et on passe soi-même pour ce qu'on pensait être les gens à qui on s'adressait.

Selon la SonntagsZeitung, une trentaine de néonazis servent dans l'armée suisse, dont plusieurs gradés, comme ce premier-lieutenant genevois membre du comité exécutif du «  Bloc Identitaire », ou le président du parti d'extrême-droite PNOS. La présidente de la commission de la politique de sécurité du Conseil national, la socialiste Chantal Galladé, estiment que « ces hommes représentent un risque pour la sécurité ». Nous, on aurait tendance à ajouter qu'en fait, c'est l'armée qui représente un risque pour la sécurité, mais qu'heureusement, notre bon ministre de la Défense Ueli Maurer est en train de l'abolir. N'empêche, on n'est qu'à moitié rassurés, surtout quand le porte-parole de l'armée explique qu'il n'existe aucune base légale pour exclure préventivement les néo-nazis de l'armée, et qu'il faut attendre qu'ils aient commis quelque chose de répréhensible. Pourtant, des exclusions de l'armée, on sait que c'est possible, puisque nous, on en a été exclu (même que ça nous a fait grand plaisir)... on doit se sentir flatté, alors, de ce traitement de faveur ?

On est les plus richeuh, on est plus richeuh, bisque bisque rageuh ! C'est le Crédit Suisse qui le dit (et faut toujours croire ce que dit le Crédit Suisse) : même si la fortune moyenne par habitant de la Suisse recule de 13 % entre 2011 et 2012, elle demeure la plus élevée du monde, avec plus de 437'000 francs par tête de pipe, 30 % de plus que le pays suivant, l'Australie. Et presque le double des Etats-Unis (qui se retrouvent même derrière la France). Bon, cela dit, vu la taille de la Suisse, cette moyenne par personne, c'est loin de pouvoir régater avec les chiffres absolus chez les autres : 30 % des millionnaires, 40 % des milliardaires et 50 % des multimilliardaires vivent toujours en Amérique du Nord. Mais proportionnellement à la population, c'est quand même chez nous qu'il y en a le plus. ça fait peut-être pas un rond de plus dans mon escarcelle à moi, mais ça fait chaud au coeur. Non ?

 La nomination, par le Conseil Administratif, de la cheffe du service social de la Ville de Genève à la tête des Bibliothèques Municipales de la même Ville de Genève, fait quelques vaguelettes au Conseil municipal, d'autant qu'elle a été préférée à un autre haut fonctionnaire de la Ville. Bon, c'est vrai que publier des annonces d'offre d'emploi  jusqu'au Québec, pour finalement nommer la cheffe du service d'à côté, ça fait un peu bizarre, mais de là à y voir une magouille politique dont il est nécessaire de débattre en urgence, faut pas pousser. Dans cette commune où tout le monde connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un qui sait qui est ou a été candidat-e à quoi, et à quel parti politique appartiennent les candidats on n'est pas sortis de l'auberge espagnole si chaque nomination est contestée à cause de la couleur politique du ou de la nominé-e. Ou alors, soyons cohérents : renonçons à toute évocation de l'indépendance de la haute fonction publique et procédons à la lotisation politique des postes de hauts fonctionnaires municipaux : un parti a obtenu X% des suffrages aux dernières élections ? Il a droit à X % des postes de responsabilités. Et c'est le Conseil Municipal qui nomme, après un débat en plénière (et en urgence, forcément), le Bureau du Conseil Municipal qui fait office de service des relations humaines et le président du Conseil Municipal qui fait office de responsable des ressources humaines. Et sur les armoiries de la Commune, on remplacera la clef par une banane.

Les masses laborieuses auront appris par le téléjournal de «Léman Bleu», que « les conseillers municipaux socialistes ont décidé de boycotter les séances de l'Alternative ». Ah bon ? Quels conseillers municipaux socialistes, qui ont consulté quels et quelles autres, avant de faire leur caca nerveux ? Comme on se le disait au Conseil Municipal l'autre jour, on a besoin de personne, à gauche, pour ne pas être monocolores. Nous sommes à nous mêmes notre propre opposition, l'alternative à l'Alternative. Nous avons dépassé Hégel : nous sommes la thèse, l'antithèse, la synthèse et la prothèse...

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