Baclée de pesée au Bachet de Pesay

Exclusion du maire de Genève du Conseil d'Administration des Transports Publics Genevois : Faire voter une résolution, c'est bien. Continuer à la défendre ensuite, c'est encore mieux...

Le 20 novembre, le Conseil Municipal de la Ville de Genève acceptait un projet de résolution considérant que « La Ville de Genève doit être représentée au Conseil d'administration des Transports Publics Genevois » et répondant au vote en catimini par le Grand Conseil d'une modification de la loi sur les TPG, destinée explicitement à exclure du Conseil d'Administration de la Régie le Conseiller administratif Rémy Pagani, en charge de l'Aménagement -et donc... des aménagements connexes au réseau TPG en Ville de Genève. En revanche, le représentant de l'Association des communes genevoises, par définition magistrat communal, a bénéficié de la mansuétude du Grand Conseil et continuera de siéger au sein du conseil d'administration des TPG. On suppose qu'in petto, les députés ayant voté l'exclusion du Conseiller administratif Rémy Pagani rêvent de voir les communes genevoises représentées aux TPG par un magistrat issu de la plus petite possible d'entre elles, de préférence même pas desservie par les TPG. Céligny serait la candidate idéale... Tout, plutôt que la Ville...

Une démarche à la fois absurde, dommageable et méprisante

La Ville de Genève étant le coeur de l'agglomération genevoise, elle est aussi, par définition, le coeur du réseau des Transports publics genevois (TPG). Presque toutes les lignes TPG y convergent, en partent ou la traversent, et la majeure partie des usagers s'y rendent ou en partent. La présence d'un magistrat de la Ville de Genève au sein du conseil d'administration des TPG est donc d'autant plus indispensable que des aménagements liés au réseau des TPG, à son fonctionnement et à son accès public doivent être assumés, matériellement (et financièrement) par la Ville. Or c'est précisément, au prétexte de purger le conseil d'administration des TPG des magistrats communaux et cantonaux qui y siègent en tant que représentants de leurs collectivités publiques, que le Grand Conseil en a exclu le conseiller administratif en charge de tous ces aménagements.
Cette démarche politicienne est à la fois absurde, dommageable et méprisante :
absurde, car elle revient à ignorer la configuration géographique du réseau des transports publics genevois et la nécessité d'une collaboration permanente des TPG avec les autorités de la commune qui est le centre de ce réseau;
dommageable, car elle va entraîner une multiplication des contradictions, des malentendus et des lacunes dans l'information entre les TPG et la Ville, ce qui ne saurait qu'entraîner des difficultés supplémentaires dans la mise en oeuvre des aménagements connexes au réseau des transports publics, aménagements indispensables à l'accès du public à ce réseau et au confort de son utilisation;
méprisante à l'égard des communes en général, et de la Ville de Genève en particulier, à l'heure où s'impose une collaboration accrue entre toutes les collectivités publiques de la petite, de la moyenne et de la grande Genève pour adapter le réseau des transports publics à la réalité de l'agglomération et aux besoins de ses habitants.
Au surplus, l'arrêté du Conseil d'Etat constatant l'«incompatibilité» de Rémy Pagani en tant qu'administrateur des TPG (mais sans avoir le courage de le révoquer purement et simplement) est un modèle de bâclage : non seulement il a fallu que le gouvernement s'y reprenne à deux fois pour le pondre de manière conforme (une première version déclarait not'bon Maire incompatible depuis le 8 octobre, soit quatre jours avant le vote de l'incompatibilité et deux mois avant l'arrêté la proclamant, et il a fallu que les scribes gouvernementaux pondent un arrêté correctif pour corriger l'arrêté rétroactif), mais ledit gouvernement a refusé d'accorder un effet suspensif de son arrêté au recours déposé par Pagani contre son exclusion.

Dans sa résolution de novembre, le Conseil municipal s’inquiétait de la tendance de plus en plus prononcée du Canton et des entreprises publiques cantonales à se décharger sur les communes en général, et la Ville en particulier, de tâches sans qu'une compétence accrue leur soit donnée, et sans qu'elles puissent participer pleinement aux décisions prises alors même qu'elles ont à en payer, au sens le plus trivial du terme, les conséquences. La volonté du canton de n'admettre, pour les représenter au sein du Conseil d'administration des TPG, que des sous-fifres ne pouvant prendre aucun engagement, ni défendre avec quelque efficacité aucune position, participe pleinement de cette volonté d'instrumentaliser les communes.
Le Conseil municipal de la Ville assurait en novembre qu'il allait rester « attentif, et mobilisé, pour défendre les intérêts de la Ville et les droits de ses habitants face aux décisions unilatérales des Transports publics genevois », surtout si la Ville devait ne plus être représentée au sein de l'organe directeur des TPG par un-e élu-e du peuple. On pourra entamer cette mobilisation en accompagnant demain matin Rémy Pagani aux siège des TPG : Il y est en effet convoqué pour une réunion de ce même Conseil d'Administration dont le Conseil d'Etat prétend l'exclure.
Rendez-vous à 7 heures 30 au Bachet-de-Pesay, terminus des lignes de tram.

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