Fonds de tiroir

Austérité budgétaire, vous avez dit austérité budgétaire ? compression des effectifs de la fonction publique ? Non engagement de nouveaux fonctionnaires ? Dans l'éducation ou la santé, peut-être, mais ni dans la police, ni dans la prison, ni dans le justice : le Conseil d'Etat veut engager huit nouveaux procureurs. On pourrait pas les faire bosser à mi-temps et leur confier un mi-temps d'infirmiers ou d'enseignants ? Non ? Ouais, peut-être vaut mieux pas, pour les malades et les élèves... mais quand même, ça dit où sont les priorités de notre gouvernement en fin de course, ce genre d'annonces. Et ça dit aussi où sont les priorités de notre parlement, lui aussi en fin de course... putain, encore dix mois à tenir... et encore, si la gauche est capable de faire son boulot. Parce que sinon, on en reprend carrément pour cinq ans...

Lors de la prestation de serment des nouveaux gardiens de prison, le 9 novembre dernier, le Conseiller d'Etat Maudet a eu cette métaphore : «La sécurité forme une chaîne (...) et c'est à l'aune du plus faible des trois maillons que l'on mesure la résistance de la chaîne», dont les trois maillons sont la justice, la police et la prison. On constate la modernisation du discours pénitentiaire : on dit donc la  « chaîne » et plus  « la chiourme ». Dommage, parce que « la sécurité forme une chiourme », ça vous aurait eu un petit côté Bagne de Cayenne tout à fait adéquat, dans un canton que son gouvernement veut couvrir de toutes sortes de prisons pour en arriver le plus vite possible au taux d'un détenu pour 500 habitants...

L'apocalypse du 21 décembre ayant été reportée sine die(s irae), les frapadingues millénaristes sont à la recherche d'une autre date. Les astronomes leur en proposent quelques unes, dans la version gros astéroïde nous tombant sur la gueule. On peut donc se préparer à ce qu'on nous annonce la fin du monde, au choix :
- le 15 février prochain lorsque l'astéroïde 2012-AD14, cinquante mètres de diamètres, 120'000 tonnes, passera à 25'000 kilomètres de la terre, plus près que les satellites géostationnaires. Mais la probabilité de collision est presque nulle, et il n'est pas assez gros pour nous tuer tous. On attendra donc
- le vendredi 13 avril 2029, avec l'arrivée dans nos parages d'Apophis 2004-MN4, 250 mètres de diamètre. Il passera un plus loin (35'000 kilomètres, plus près de la terre que de la lune), et pèsera beaucoup plus (27 millions de tonnes), mais la probabilité de collision est également quasi-nulle. Toutefois
- le 13 avril 2036, il repassera avec cette fois une chance sur 500'000 (plus que de gagner le gros lot de l'euromillions) de nous heurter. Mais comme il est foutu de nous louper une fois de plus, on pourra toujours attendre
- le 5 février 2040, lorsque 2011-AG5 de 100 à 300 mètres de diamètre s'approchera plus près de la terre que les précédents, avec une chance sur 600 de nous foutre sur la gueule.
Et si ça rate encore une fois, vu que les astéroïdes sont primesautiers et peu constants, il restera, selon des chercheurs de l'Université de St-Petersbourg, une bonne dizaine de possibilités de se prendre un astéroïde entre les deux yeux d'ici 2100. Comme quoi, faut jamais désespérer, tout vient à point à qui sait attendre. Même les astéroïdes.

Nouvelles de la liberté de conscience: près d'un Etat sur deux (94 sur 198) légifèrait en 2011 contre le « blasphème » (32 Etats), l'«apostasie» (20 Etats) et/ou la «diffamation de la religion»  (87 Etats) : 11 Etats américains, 15 Etats d'Afrique subsaharienne, 30 Etats asiatiques et océaniens, 38 Etats européens, 80 Etats moyen-orientaux et nord-africains. Le Pakistan punit le blasphème de la peine de mort. Depuis 2011, les Pays-Bas ont abrogé leur loi «antiblasphème» et l'Irlande envisage de le faire. En revanche, le parlement russe appelle à légiférer contre « les offenses au sentiment religieux ». En Europe, seule la Grèce a eu recours à une législation « anti-blasphématoire », mais 80 % des Etats européens ont une législation condamnant la «diffamation de la religion». Les 57 Etats de la Conférence Islamique tentent de faire adopter par l'ONU cette notion, passablement stupide (puisque toute religion est diffamatoire d'une autre) de «diffamation de la religion», mais l'opposition des Etats occidentaux (même ceux qui connaissent cette notion) a jusqu'à présent fait échouer cette offensive. L'ONU a cependant adopté en 2011 un texte condamnant toute « incitation à la haine religieuse contre les croyants». Mais pas contre les incroyants ?  Ah ben non, quand même, faut bien que les fous d'un dieu quelconque puissent s'ébrouer, non ?

La « Tribune de Genève » a publié, en novembre dernier, une enquête qui a fait un peu tousser, puis un peu jaser, sur la rémunération des dirigeants des conseils d'administration des grandes entreprises publiques et institutions subventionnées du canton -une rémunération récemment réglementée et revue à la hausse pour un total de 900'000 balles de plus par an, et parfois de plus de 100'000 francs par tête... «Qu'est-ce qui peut justifier de tels salaires annuels ?», se demande innocemment l'ancienne présidente des Verts Sylvia Leuenberger ? Surtout qu'une bonne partie des heureux bénéficiaires de ces rémunérations, qui ne sont pas leurs seules sources de revenus puisqu'ils travaillent à côté, et souvent siègent dans d'autres conseils rémunérés, se recrute dans les rangs d'un parti -le PLR- qui n'a de cesse de dénoncer les « privilèges » des fonctionnaires de base et les « largesses » de l'Etat -celles dont ils ne bénéficient pas eux-mêmes, en tout cas. Et Noël Constant, de Carrefour-rue, d'enfoncer le clou : « On donne à des personnes déjà favorisées et, en même temps, on coupe dans les services publics ». L'a rien compris à la politique, Frère Noël : prendre aux pauvres pour donner aux riches, c'est devenu une habitude, depuis quelques années, dans cette république comme ailleurs... alors, qu'on arrose grassement des notables, même pour une charge de travail d'à peine 10 % comme le relève le directeur du Centre social protestant, c'est dans l'ordre des choses. Et là comme dirait n'importe quel Marc Bonnant pour consoler n'importe quel Gérard Depardieu, y'a que des envieux de gauche (pardon du pléonasme) pour vouloir le changer, cet ordre des choses...

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