Tarifs des Transports publics genevois : Tais-toi et paie !

Comme prévisible, le PS ne soutiendra pas l'initiative de l'AVIVO proposant d'inscrire les tarifs des Transports Publics Genevois dans la loi, et donc d'ouvrir la possibilité d'un référendum contre toute modification de ces tarifs. Cette initiative avait pourtant été lancée avec le soutien du PS,  dans la foulée d'une pétition lancée par le PS et d'actions menées par la Jeunesse Socialiste, contre une hausse, finalement reportée, des tarifs des TPG. Peu importe, après tout : les partis proposent, les militants disposent, et nous disposerons d'un soutien à une initiative qui donne aux usagers payants des TPG le droit de se prononcer sur des tarifs décidés par des gens dispensés de s'en acquitter.


Le soleil se lève à l'est, le Bachet reste à l'ouest

Le PS ne soutiendra donc pas l'initiative de l'AVIVO sur les tarifs des TPG, alors qu'il avait invité ses membres à la signer. L'initiative est mal foutue ? Elle aurait du se contenter de poser le principe de l'inscription des tarifs dans la loi, et donc de la possibilité de lancer un référendum contre toute modification de ces tarifs ? Elle aurait du s'abstenir de proposer elle-même une nouvelle grille tarifaire ? Peut-être. Mais, outre que nous avons soutenu bien d'autres initiatives « mal foutues », et que nous soutenons l'initiative Minder contre les rémunérations abusives, également « mal foutue », le coeur, l'enjeu de l'initiative de l'Avivo n'est pas dans les tarifs qu'elle propose (en proposant d'ailleurs elle-même le moyen de s'y opposer), mais dans le processus de décision qu'elle instaurerait. Au-delà des points de détail, c'est sans doute bien ce changement du processus de décision que craignent par dessus-tout les opposants à l'initiative. Et qui justifie que nous la soutienions, et vous appelons à en faire autant en la gratifiant d'un « oui » le 3 mars prochain.
D'ailleurs, de quels opposants à l'initiative parle-ton ? A chaque fois qu'un-e porte-parole des TPG, un Conseiller d'Etat (ou une Conseillère d'Etat...), un-e député-e prendra la parole pour s'opposer à l'initiative de l'Avivo, demandons-nous (et demandons-lui): vous les payez combien, vous, vos billets ou vos abonnements TPG ? Combien, de ceux qui vont s'opposer à l'initiative de l'Avivo, s'acquittent des tarifs des TPG ? Combien, de ceux qui s'opposent à la gratuité des transports publics, en bénéficient déjà, lors même qu'ils la refusent aux autres ? Disons qu'en tous cas, celles et ceux qui, directement ou indirectement, fixent les tarifs des TPG, sont exemptés ou s'exemptent eux-mêmes de les payer : députés, conseillers d'Etat, membres du Conseil d'administration des TPG disposent d'abonnement qu'ils se font offrir. Bref, ceux qui décident des tarifs ne les paient pas, et ceux qui les paient, les usagers lambdas, n'ont rien à dire sur ce qu'ils paient. Si l'initiative de l'Avivo ne devait avoir qu'un mérite, ce serait celui là : puisque ceux qui décident des tarifs des transports publics ne les paient pas, qu'au moins ceux qui les paient puissent se prononcer sur ce qu'on leur fait payer -et qu'ils paient d'ailleurs deux fois, une fois par leur impôts, une seconde par leur ticket ou leur abonnement TPG. Après tout, à Genève, toute modification des lois fiscales, de l'assiette fiscale, des taux d'imposition, des objets de l'imposition, doit obligatoirement être soumise au vote populaire. L'initiative ne demande même pas cela pour les tarifs des transports publics: elle ne propose que la possibilité d'un référendum facultatif.

A part ça, une bonne nouvelle, quand même, mais venue d'ailleurs : Tallinn, capitale de l'Estonie, est depuis le 1er janvier la première capitale européenne à instaurer la gratuité des transports publics sur l'ensemble de ses lignes de bus et de tramway pour tous ses habitants. Et la mairie a annoncé mercredi 9 janvier la mise en place de bus supplémentaires, le nombre d'usagers des transports en commun ayant augmenté depuis l'entrée en vigueur de cette mesure. Les 419 830 citoyens domiciliés dans la capitale estonienne (c'est-à-dire juste un peu moins que la population du canton de Genève) et tous les futurs résidents peuvent bénéficier de cette gratuité après avoir acquitté la somme de deux euros pour obtenir une carte verte spéciale. Ce qui était considéré comme une utopie délirante à Genève il y a quelques années (souvenez-vous du vote sur l'initiative pour la gratuité des transports publics) est désormais une réalité dans une ville de même taille. Comme disaient les vieux staliniens, le soleil se lève à l'est. Et pas au Bachet-de-Pesay (même quand Pagani y siégeait).

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