Brèves

Sa campagne contre l'initiative Minder n'épuise pas complètement l'imagination de la faîtière patronale suisse, Economiesuisse : elle vient de proposer de faire construire et gérer des prisons par des sociétés privées. Comme aux USA. Faire de l'argent avec les tâches répressives de l'Etat, ça manquait à la panoplie des propositions à la con. A moins qu'en fait, la proposition d'Economie suisse ne relève que d'un élémentaire principe de précaution en cas d'acceptation de l'initiative Minder ? Celle-ci prévoit en effet que ceux qui contreviendraient à ses dispositions puissent être condamnés à des peines de prison. Comme Economiesuisse est un véritable vivier de bénéficiaires des « rémunérations abusives » qui sont dans le colimateur de l'initiative, mais que les organisations patronales des secteurs qui pourraient bénéficier de la privatisation des prisons sont membres d'Economiesuisse, on se dit que celle-ci se prépare à construire pour elle-même des prisons où certains de ses dignitaires seraient surveillés par les employés de certaines des sociétés privées représentées par des organisations membres d'Economiesuisse. Une sorte de début d'autogestion, quoi...

« En favorisant le sommeil des employés, on dope leurs performances » , titre le canard patronal « Entreprise Romande » du 18 janvier. Et c'est même pas Gaston Lagaffe qui a écrit l'article. « Une sieste longue permet de mieux mémoriser » (du coup elle est « particulièrement recommandée aux étudiants »), une sieste courte de dix à vingt minutes « apporte de l'énergie, favorise la vigilance, la concentration, fait sensiblement baisser la sensation de fatigue, l'irritabilité ». Et une bonne sieste crapuleuse ? On sait pas, le canard patronal n'en dit rien. Bon, ben on sait ce qui nous reste à faire au Conseil Municipal : la sieste. Mais courte. Parce que des conseiller-e-s municipaux-pales qui y font la sieste depuis des années, y'en a déjà plus qu'il n'en faut.

On a retrouvé le dernier roi Plantagenêt d'Angleterre. Il avait été occis dans la bataille de Bosworth et son corps avait été trimballé dans la ville de Leicester. Où on l'a donc retrouvé sous un parking. Il y était depuis 1485; ça devait être un parking pour char à boeufs... Ils devaient pas beaucoup l'aimer, Richard III, les Anglais (Shakespeare en avait d'ailleurs fait un portrait à charge), pour l'enterrer sous un parking. Faudrait creuser sous le rond-point de Rive, on y retrouverait peut-être un roi Burgonde... Mais comme la loi cantonale genevoise impose la compensation intégrale des places de parking supprimées, si on en supprime une parce qu'on a trouvé un macchabée dessous, celle qu'on créée pour compenser, on doit aussi y coller un cadavre ? Parce que compenser pour compenser, autant compenser complètement. Non ? 

On a, comme régulièrement, reçu des mémorialistes du Conseil Municipal la transcription mot à mot de nos (pluriel de majesté) interventions en séance plénière, avec prière de les relire et, le cas échéant, d'y « apporter des corrections quant à la forme sans en modifier le fond ». Donc, quand on lit :
« M. Carlos Meideiros : (...) vous n'êtes pas cohérents... (Protestations)
M. Pascal Holenweg : Connard !
M. Carlos Medeiros : Trou du cul ! Je vais de mettre mon poing dans la gueule ! (Huées, invectives et chahut) »
... on fait comment pour corriger la forme sans modifier le fond ?

Il y a dix ans, le secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) avait autorisé l'exportation de pièces détachées d'armes pour un peu moins de 200 millions de francs, soit en gros 20 % de la valeur des exportations de matériel de guerre. En 2012, le pourcentage de la valeur des pièces détachées d'armes dans le total de la valeur des exportations d'armes est passé à 46 %, mais le SECO avoue qu'il ne sait pas où aboutissent finalement ces pièces détachées, et qu'« on ne sait pas toujours dans quel pays ces composants sont revendus. Les livreurs suisses ne connaissent pas les destinataires finaux». C'est pourtant facile : les destinataires finaux c'est ceux qui se prennent les balles, les obus, les mines dans la gueule...  Evidemment, s'il faut les autopsier pour savoir où les armes (ou leurs pièces) ont été fabriquées, c'est pas au SECO qu'il faudrait s'adresser, mais aux Experts...

Le Tribunal d'arrondissement de Lausanne a condamné le 25 janvier Nestlé et Securitas, solidairement, pour avoir espionné le mouvement altermondialiste Attac en infiltrant la sphère privée de ses militants. Pour cette « atteinte illicite à la personnalité », la multinationale et l'entreprise de sécurité sont condamnées aux dépens (14'000 francs de frais) et à de symboliques clopinettes (3000 francs chacune) à verser chacun des neuf plaignants formant un groupe de travail infiltré par une « taupe » de Securitas sur demande de Nestlé, de septembre 2003 à juin 2004. Le groupe de travail préparait un livre (« ATTAC contre l'empire Nestlé »), et la « taupe », qui en avait même rédigé un chapitre, envoyait régulièrement à Nestlé des rapports sur le contenu du travail du groupe et sur les échanges entre ses membres. En 2008, rebelote, alors que Nestlé et Securitas affirmaient que leur opération d'infiltration avait cessé en 2005, une nouvelle « taupe » est sortie de sa taupinière : elle participait au groupe «mondialisation et multi-nationales». Mais Securitas continue de nier et d'affirmer qu'elle a «définitivement mis fin à ces opérations d'observation il y a huit ans», et reconnaît que lesdites opérations sont « discutables sur le plan moral ». Mais pas sur le plan financier ? Bon, c'est pas le tout ça, mon rapport de « taupe » infiltrée au PS, je l'envoie à qui maintenant ?

Les propositions budgétaires de la droite genevoise ne nous décevront jamais : pour réduire le déficit prévisible du budget 2013 du canton (budget qui ne sera pas adopté avant le 15 mars de l'année qu'il est supposé couvrir), déficit que ladite droite a elle-même largement contribué à creuser en distribuant des cadeaux fiscaux à sa clientèle, elle propose de démanteler le service de la recherche en éducation (SRED) du Département de l'Instruction Publique (en y supprimant la totalité de ses 30 postes de travail et en licenciant les quarante personnes qui les occupent), service qui doit fournir au département les « outils de pilotage » de sa politique. Pilotage dont la droite dénonce par ailleurs les contradictions. C'est sûr que ça va aller beaucoup mieux quand le SRED aura été supprimé pour faire des économies de bout de chandelle. Quand on supprime des postes de travail dans la fonction publique, on peut désormais licencier la personne qui l'occupait. Mais comme l'organisation des services de l'Etat n'est pas de la compétence du Grand Conseil mais du Conseil d'Etat, celui-ci peut rétablir le service supprimé et même, en utilisant intelligemment le délai de licenciement, y réaffecter le personnel préalablement licencié... Le plus con, c'est que malgré tous les efforts de la droite, le budget (son budget...) sera toujours déficitaire d'au moins 100 millions. Et qu'il lui faudra donc le faire voter par au moins 51 députés. Et que le PLR et le PDC ensemble ont besoin pour ça de l'apport de l'UDC, qui ne veut pas de déficit du tout, et du MCG, qui n'en accepte un que de 100 millions, et à la condition qu'on ne touche pas... devinez à quoi ? à la police... Une bonne recherche en éducation politique ne s'imposerait-elle pas ?

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