Fonds de tiroir

Annonçant que « le PS genevois abandonne la stricte parité électorale », «Le Temps» de jeudi évoque la « petite révolution qui s'est opérée cette semaine chez les socialistes de la Ville de Genève » qui ont aboli toute parité de genre pour l'élection à la Municipalité, et remplacé la parité par un quota pour celle du Conseil municipal. «Petite révolution» est le mot. Mais toute petite alors. D'autant que la proposition (que « Le Temps » qualifie d'« avant-gardiste ») de supprimer toute référence au genre dans les statuts, comme s'il n'y en avait plus aucune dans la réalité politique, a été balayée. Voilà, on est dans un pays (et un canton) où on qualifie de «révolution» (même petite) un bricolage statutaire, et d'« avant-gardisme » un déni de réalité. Longue est la route...

Il faut lire le « coup de gueule du genevois» de la « Tribune de Genève » de mardi : c'est un modèle du genre. A encadrer dans les chiottes. C'est signé d'un certain Marc Sauty. ça commence par « J'ai fait la mobilisation de guerre 1939-1945. J'ai défendu la démocratie, donc je suis un patriote suisse ». Et ça continue en prônant le rétablissement la peine de mort, ça demande qu'on vérifie « que les justiciers et ceux de la basoche ne dpnt pas drogués » et que l'intime conviction soit « proscrite », et ça se clôt par un vibrant « Moralité : la loi du talion, oeil pour oeil, dent pour dent ». Bon, on se torche,  on tire la chaîne, non sans se demander depuis quand la «Tribune» est le journal des pensionnaires de Belle-Idée.

Le Conseil fédéral a mis son veto mercredi à une vente d'armes (des éléments de pistolets pour la Garde Royale) à l'Arabie Saoudite, car elles étaient « susceptibles d'être utilisées pour commettre des infractions aux droits de l'homme». Des « infractions aux droits de l'homme » en Arabie Saoudite ? Noooooon.... Bon, le contrat annulé ne portait que sur 436'000 balles. Une paille. Surtout que le lobby suisse de l'armement rêve d'un volume d'affaire de plusieurs dizaines de millions avec l'Arabie Saoudite. Or Amnesty International a rappelé que des éléments d'élite de la Garde saoudienne ont participé en mars 2011 à la répression meurtrière du «printemps arabe» au Bahreïn, et que depuis novembre 2011, en Arabie Saoudite même, une douzaine de personnes ont été tuées par les forces de sécurité dans des manifestations. Donc, la Suisse ne vendra pas d'éléments de pistolets à l'Artabie Saoudite. Qui s'en remettra, comme d'ailleurs l'industrie suisse de l'armement. Et pour une fois, on sera d'accord avec un UDC, le Conseiller national Yvan Perrin (qui lui n'est pas d'accord avec le veto sur la vente des éléments de pistolets à l'Arabie Saoudite), quand il dénonce une certaine hypocrisie dans le fait qu'on refuse de vendre des armes de poing au royaume wahabite, mais qu'on lui achète du pétrole, ce qui contribue (comme les achats de pétrole effectués par d'autres Etats) à lui donner les moyens de financer l'achat d'armes servant à la répression de l'opposition sur son territoire, et sur le territoire de ses alliés. L'Arabie Saoudite peut se passer des pistolets suisses, la Suisse peut éventuellement envisager de se passer du pétrole saoudien, non ?

Début janvier, quatorze places de stationnement auto(im)mobile au Rond-Point de Rive ont été remplacées par 41 places de stationnements pour deux-roues motorisés et 128 places pour vélos -ce qui au passage donne une idée du gaspillage d'espace public que représente le parcage des bagnoles : là où on met une bagnole, on met trois pétrolettes et neuf vélos... Cette substitution du parcage des deux-roues motorisés et des vélos au parcage des automobiles a titillé la durite des partisans du (funeste) parking des clefs de Rive, dont l'un des porte-valises, le député PLR Alain Meylan, a déposé  au Grand Conseil une motion demandant une «application rigoureuse» de la loi sur les parkings qui impose la compensation de toutes les places de parking supprimées en surface, mais sans tenir compte des places inutilisées dans les parkings publics existants. Parce que non seulement une bagnole prend la place de trois scooters et de neuf vélos, mais en plus, il lui faut plusieurs places, à la bagnole ? C'est plus seulement un parasite, la caisse à roulette, c'est carrément une métastase...

Un projet de centre fédéral d'asile devrait se réaliser à Zurich, dans le quartier ouest, à côté de la future Haute Ecole des Arts et sur une ligne de tram. « Une ville a une capacité d'absorption plus grande que les localités de campagne et évite l'isolement des requérants », commente l'Organisation Suisse d'aide aux réfugiés. Le centre devrait rassembler dans un même lieu tous les principaux intervenants dans la procédure d'asile : jusqu'à 500 requérant-e-s, et une centaine de professionnels (juristes, personnel médical, enseignants, personnel administratif et d'encadrement...). But de l'exercice : raccourcir la procédure d'asile, qui dure actuellement souvent plusieurs années et ne devrait durer désormais que de quatre à six mois. Si les droits (tous les droits...) des requérants sont garantis, pourquoi pas ? La Ville de Zurich héberge actuellement 1900 requérants, qu'elle doit loger à ses frais.  Le nouveau centre, lui, serait assumé aux frais de la Confédération. La gauche zurichoise est favorable au projet (sous réserve de la garantie des droits des requérants), l'UDC grogne contre l'installation de réfugiés dans un quartier d'habitation (ce qu'il n'est pas vraiment). Les requérants, elle les préfère dans la forêt ou les pâturages. Mais nous, on les préfère dans les villes. Là où ils peuvent se « fondre dans la foule » sans porter de signe distinctif les désignant à la méfiance ou à la vindicte. Genre rouelle... Cela étant, cinq centres sont déjà en service, dont trois dans des villes trop petites (Vallorbe, Kreuzlingen, Alstätten) pour qu'ils n'y posent pas de problèmes, et quatre autres sont en projet dans des trous perdus, mais Genève est prête à en accueillir un. Ces centres ne sont pas forcément tous nécessaires, mais autant héberger les requérants d'asile dans des villes plutôt que dans le trou du cul du monde, là où l'UDC veut les voir... ou plutôt : les dissimuler.....

La voiture-balai de la politique genevoise reçoit un nouveau passager : Jean Sanchez, ancien conseiller municipal PLR (libéral) en Ville de Genève et adjoint de la cheffe de la police. La « Tribune de Genève » de samedi y voit un « coup fumant du MCG ». Fumant de quoi ? Un flic de plus ou de moins au MCG, ça mérite un édito ?

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