Fonds de tiroir

Après un appel à « attaquer la machine carcérale et les intérêts suisses partout où ils se trouvent »  (mais ils se trouvent partout...) « et par tous les moyens » (ce qui laisse un choix assez vaste), des anars ont fait circuler une fausse circulaire du Département fédéral de Justice et Police, faussement signée par la Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, intimant « à l'ensemble de la population civile » l'ordre de se soumettre à des examens psychiatriques mesurant le degré de « dangerosité » de chacun-e. Le lecteur est ensuite invité à se rendre sur le site internet des auteurs de la lettre (preventionabsolue.wordpress.com), où un manifeste explique les raisons du canular : la dénonciation d'une «société qui nous enferme jour après jour», et dont il conviendrait dès lors de pousser la logique à son terme pour aboutir à un état de « prévention absolue de la criminalité », ce qui suppose la suppression de toute liberté individuelle (le concept même de liberté individuelle devenant obsolète). Le Département fédéral de Justice et Police semble avoir peu apprécié la démarche et une enquête pénale est en cours. Pourtant, si la circulaire est fausse, la logique qu'elle caricature est bien réelle, en particulier à Genève, où avec tous les projets de nouvelles prisons qui ont déjà été adoptés, et ceux qui menacent de s'y ajouter, on aura bientôt atteint le taux record d'une place de détention (pénale, administrative, psychiatrique) pour 400 habitants... sans évidemment que cela améliore en quoi que ce soit la «sécurité» et la « prévention » ...

Un gardien de nuit du parking de la Riponne, à Lausanne, a été licencié pour le crime d'avoir laissé deux fois des SDF venir s'y réchauffer quelques heures en décembre et janvier, lors de nuits glaciales. Le président de la société du parking explique, simplement : « On n'a qu'une seule politique, c'est dehors ! sinon je fais faillite ». Et donc pour n'avoir pas expulsé les deux SDF quelque part où ils auraient pu geler sans embêter le président de la société du parking, le gardien de nuit a été licencié. S'il les avait passé à tabac, les deux SDF, il aurait reçu une promotion ?

Accompagnant l'enquête planétaire sur le scandale des lasagnes à la viande de cheval,  « Le Temps »  de samedi dernier est allé en Transylvanie, dans un abattoir accusé d'avoir fourni de la viande de cheval à la place de la viande de boeuf aux sous-traitants français de Findus. On apprend donc qu'en Transylvanie, la viande de cheval est achetée 70 centimes (d'euro) le kilo  « au fin fond des campagnes », et revendue entre 2 et demi et trois euros le kilo à l'étranger, et qu'il s'agit souvent de viande de chevaux malades, voire même de chevaux victimes d'accidents de circulation, et carrément dépiautés sur place après avoir été fauchés par une bagnole. Bon, a priori, rien de tout ça n'est désopilant. Sauf un truc : imaginer le beauf genevois ou lausannois basique, partisan de la chasse aux mendiants rroms, rentrant chez lui pour se faire une barquette de lasagnes Findus au cheval roumain.

3300 francs par mois pour 45 heures de travail par semaine : c'est ce que prévoit désormais le contrat-type des ouvriers agricoles genevois. Et 3300 francs par mois, pour AgriGenève (l'association faîtière des agriculteurs genevois, leur syndicat patronal, en l'ocurrence) c'est trop. En revanche, 45 heures par semaine, pour AgriGenève, c'est pas assez. AgriGenève a donc fait recours auprès du Tribunal fédéral pour casser la décision de la Chambre des relations collectives de travail de réduire le temps de travail des vilains de 47 heures et demi hebdomnadaires à 45 heures. En face, le syndicat SIT demande que soit fixé non seulement un contrat-type genevois, mais aussi un contrat-type au plan fédéral. Parce qu'ailleurs qu'à Genève, c'est encore pire qu'à Genève : le temps de travail moyen se situe à 55 heures hebdomadaires, avec un record à 66 heures à Glaris. Et dans 21 cantons sur 26, soit il n'y a pas du tout de salaire minimum, soit il est inférieur à 3170 francs par mois. Et en plus, le SIT, soutenu au Grand Conseil par le PS, demande que les travailleurs de la terre bénéficient de la récente augmentation des allocations familiales. Et puis quoi encore ? Le droit de bouffer tous les jours du cardon AOC ? doutent de rien, les moujiks...

Il est pas tout seul à dénoncer son exclusion du Conseil d'administration des TPG, Pagani : le PS a déposé un projet de loi revenant sur celui adopté «dans des circonstances chaotiques» (le chef du groupe socialiste, Roger Deneys, dixit) par le Grand Conseil, et visant précisément à interdire à la Ville de Genève d'être représentée au CA des TPG par un-e conseiller-e administratif-ve. C'est-à-dire par Rémy Pagani, puisque c'est lui et personne d'autre, qui était visé. Et donc, à travers lui, la Ville de Genève, puisque le Conseil administratif en tant que tel, et le Conseil Municipal à une très grande majorité, ont dénoncé cette «discrimination particulière à l'encontre de la plus grande commune du canton » (et la plus concernée par les décisions des TPG), dès lors que les conseillers administratifs des autres communes pourront, eux, toujours siéger au sein du Conseil d'administration des TPG en tant que représentants de l'Association des Communes Genevoises. Bref, les socialistes demandent au Grand Conseil « d'annuler la disposition prise arbitrairement et dans un esprit de règlements de comptes politiques par une majorité du Grand Conseil ». Doutent de rien, les socialistes : cette majorité n'a pas changé, elle n'est pas plus lumineuse qu'avant, ni moins majoritaire. N'empêche : le projet du PS confirme au moins une chose, en rétablissant non un droit de Pagani mais un droit de la Ville, c'est bien que le règlement de compte personnel dont Pagani a été victime, c'est la Ville en tant que telle qui en fait les frais...
On trouvera le projet de loi du PS, et son exposé des motifs, ici :
www.fichier-pdf.fr/2013/02/15/pl-representantvdg-catpg/

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