Fonds de tiroir

Comme attendu, les patrons du nettoyage n'acceptent pas que la Ville de Genève introduise le niveau de salaire des nettoyeurs (c'est-à-dire le plus souvent des nettoyeuses) dans les critères d'octroi du marché du nettoyage de ses bâtiments (puisqu'elle a décidé de sous-traiter cette tâche à des privés), critère qui pèserait pour 15 % dans l'évaluation des offres. Et donc, les patrons du nettoyage attaquent devant la Chambre administrative la décision de la Ville, comme ils l'avaient fait (victorieusement, d'ailleurs) lorsque la Ville voulait directement imposer un salaire minimum de 25 francs de l'heure, alors que la convention collective ne le fixait qu'à 19,35 francs. C'est vrai que c'est énooooorme, 25 balles de l'heure. Rendez.-vous compte : ça ferait presque 4500 francs par mois de salaire pour un plein temps à nettoyer nos cochonneries. Le Pérou, quoi. Même Daniel Vasella les envierait, les nettoyeuses genevoises. Bon, bref, pour les patrons du nettoyage, c'est trop. Et  tenir compte du salaire des nettoyeuses dans l'évaluation d'une offre de leur employeur c'est attentatoire à la liberté du commerce et méprisant à l'égard du partenariat social (même si la nouvelle convention collective romande du secteur n'a pas encore été signée). D'où, recours. Mais il la cherche, la remunicipalisation du nettoyage, et l'intégration des nettoyeuses dans la fonction publique municipale, et la perte de ce marché,  les patrons du nettoyage, ils la cherchent. Ben ils l'auront.

Le projet « Nouvel » de rénovation du Musée d'Art et d'Histoire s'est à nouveau pris une rafale de plombs dans l'aile, lors même que le Conseil Administratif en avait proposé une mouture «  remodelée », atténuant l'impact du projet initial pour désarmer les oppositions et éviter le référendum. Las ! Patrimoine Suisse reste opposée au projet, y compris dans sa nouvelle version, parce qu'opposée à tout comblement, total ou partiel, de la cour du bâtiment historique. Du côté de l'autre association de défense du patrimoine, Action Patrimoine Vivant, l'opposition est moins frontale, mais pas moins réelle, et on s'oppose à l'installation de mezzanines aux étages supérieurs. Enfin, le côté «marchandage», pour ne pas écrire «chantage», du « partenariat public-privé » devant permettre le financement du projet pose toujours problème, les contributeurs privés posant comme condition à leur contribution l'acceptation du projet Nouvel (même remodelé). Bref, on s'achemine tout droit vers une impasse référendaire. Or comme la rénovation du musée est urgente (il n'a pas été rénové depuis plus d'un siècle, et commence à tomber en morceaux sur les visiteurs), mais que cette rénovation est liée, dans un «paquet ficelé», à son extension (le projet «Nouvel», précisément), la rénovation risque de couler avec le projet Nouvel si un référendum est lancé. D'où le caractère de plus en plus urgent, lui aussi, d'un «déficelage» du paquet, et de la présentation de deux propositions au Conseil Municipal : l'une contenant la rénovation et l'entretien (et celle-là pourra échapper au réféfendum), l'autre contenant le projet Nouvel, sur lequel le peuple municipal pourra se prononcer. Mais bon, hein, nous, ce qu'on en dit, c'est pas du tout pour faire pression. Pas du tout. C'est pas notre genre. Pas du tout.

Dans la série « Geneva by night », la Gravière a fêté samedi son premier (et dernier ?) anniversaire. Le lieu, installé dans un ancien magasin des usines Firmenich, au bord de l'Arve, ne désemplit pas, les anciens habitués d'Artamis, les clients des bistrots fermant à deux heures (ou avant) y ayant trouvé bastringue à leur pied (la Gravière a l'autorisation de 5 heures), d'autant que la programmation mélange les genres et les publics, sans problèmes de deal ni de voisinage (d'ailleurs, de voisinage, y'en a pas des masses, à part le théâtre de la Parfumerie et l'Hôtel de Police). Le rêve, quoi. Un rêve fugace : la Gravière (et la Parfumerie) vont être bouffées... par l'Hôtel de Police et son extension (un centre informatique, un parking, des bureaux, des terrains d'entraînement...). C'est tout Genève, ça : on se plaint de la pénurie de lieux festifs nocturnes et de la concentration des lieux existants dans quelques quartiers, et du boulot que ça donne à la police, et quand y'a un de ces lieux qui fonctionne sans gêner personne : crac ! la police se le goinfre. On est cohérent, à Piogre. Enfin, co-errant, plutôt.

Paraît qu'on a trouvé des matières fécales (de la merde, quoi) dans des tartelettes vendues dans les restaurants des magasins Ikea. Bof... de la merde, ça fait quand même des années qu'Ikea en vend. Même qu'on doit ensuite l'assembler nous-mêmes.

L'Eglise protestante genevoise se restructure. Comme n'importe quelle entreprise en crise parce qu'elle a perdu des parts de marché. Et qu'elle est en déficit (de trois millions de francs pour l'exercice actuel). D'où « plan de redressement» : 30 postes supprimés en six ans (non remplacement de pasteurs et diacres, et de collaborateurs administratifs, Et comme y'a pas de syndicat dans cette boîte, y'aura pas de grève. Dommage, d'ailleurs, parce qu'on aurait bien aimé voir des piquets de grève devant les temples et le SSP descendre dans la rue pour soutenir la juste lutte des camarades pasteurs contre l'arrogance patronale du Consistoire. Le plan de redressement de l'Eglise de Calvin implique aussi des disparitions (ou plutôt des fusions) de paroisses, la vente de biens immobiliers, une sorte de péréquation financière entre paroisses riches et paroisses pauvres, une réduction des subventions aux oeuvres d'entraide (comme le Centre Social Protestant), voire à la Faculté de Théologie, un appel aux ouailles et une campagne de sensibilisation des fidèles aux difficultés de leur église. C'est beau comme du Hiler.  Bon, sur ce, on va relire l'« Ethique protestante et capitalisme » de Max Weber, où comment le calvinisme accoucha du libéralisme économique. Fallait bien s'attendre à ce que qu'en ayant acccouché, il finisse par accoucher aussi de  suppressions de poste et de suppressions de succursales, comme n'importe quelle entreprise capitaliste devant rehausser son taux de profit... Bien fait !

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