Fonds de tiroir

Comme on vous l'a déjà dit, l'église protestante genevoise est en crise financière, et a donc pondu un plan de redressement, qui ressemble à tous les plans de redressements : fermeture de succursales, licenciement de personnel, réduction des subventions, bref, le menu habituel. Faut dire que la clientèle se fait rare (il n'y a plus que 75'000 protestants déclarés à Genève, soit moins de 20 % de la population) et pingre (bon, la pingrerie, chez les calvinistes, c'est une sorte de seconde nature, mais là, seuls 10 à 15 % des protestants déclarés contribuent financièrement à leur église, qui ne peut compter que sur ces contributions, séparation des églises et de l'Etat oblige). Donc, plan d'économies... et préparation des esprits (pas saints) à une demande de financement indirect par les collectivités publiques. Indirect, parce que ce ne seraient pas les églises qui seraient financées par l'Etat, mais certains services qu'elles offrent, par exemple l'aumônerie dans les prisons. Ce qui reviendrait quand même à financer les églises, puisque ça leur permettrait de ne pas financer elles-mêmes ces services financés par l'Etat. Ainsi soit-il. Et n'oubliez pas la collecte à la sortie.

Tamedia (éditeur zurichois de la « Tribune de Genève », de « 24 Heures », du « Matin » et de «20 Minutes», entre autres) veut faire 34 millions d'économies, dont la moitié sur ses titres romands, pour faire passer son bénéfice net de 152 millions (13,6 %) à  quelques millions de plus (15 %) pour pouvoir investir à l'étranger. Il est vrai que les actionnaires de Tamedia : les membres du Conseil d'administration ne se sont partagés que deux millions et demi de jetons de présence, et la direction que 7,9 millions de rémunération, dont 2,9 millions de cadeau de départ au directeur. Des pauvres qu'il faut aider en faisant des économies sur les postes de travail, pour augmenter les bénéfices. Une centaine de postes sont menacés en Romandie,  ce qui équivaudrait à la disparition pure et simple, soit de la « Tribune de Genève », soit du « Matin » (ou à la fusion de la première avec « 24 Heures »). Si la « Tribune de Genève » disparaissait, ce serait le troisième quotidien genevois à succomber aux « logiques du marché » (au nom desquelles le conseiller fédéral Scheider-Ammann a exclu toute intervention...) après «La Suisse» (coulée par la voracité de son concurrent -Edipresse, qui s'est lui-même vendu en 2011 à Tamedia) et « Le Journal de Genève », fusionné par ses propriétaires avec le « Nouveau Quotidien » pour accoucher du « Temps ». Alors il a raison, le président du Conseil d'Etat, de s'inquiéter des menaces pesant sur « la pluralité et la qualité de l'offre médiatique, particulièrement en Suisse romande ». Encore que quand les quatre principaux quotidiens de ladite Romandie font tous partie du même groupe, que leurs rédacteurs en chefs entrent en matière sur le plan d'économies du groupe et ne contestent que la manière de l'annoncer (on peut prendre ça pour une demande pressante de vaseline...), «pluralité» est un bien grand mot. Et on nous aurait dit qu'un jour on manifesterait pour défendre « Le Matin », on l'aurait pas cru... Le directeur de Tamedia déclare que «Tamedia veut sauver la diversité de la presse». Ouais. Comme Jack l'Eventreur voulait sauver la mixité sociale à White Chapel... Tamedia ? Non, j'ai les boules !

Alors comme ça, le drapeau du IIe Reich allemand (1871-1918) que Freysinger a mis au plafond de son carnotzet, il ne savait pas, mais alors pas du tout, que les néo-nazis l'avaient récupéré comme emblème? Ni d'ailleurs que le IIIe Reich (les nazis pur schnaps, donc) en faisait lui aussi usage pour sa marine de guerre ? C'est en tout cas ce qu'il a déclaré, lui qui exerçait la profession, avant d'être élu Conseiller d'Etat, de Professeur de langue, littérature et civilisation allemande, en affirmant qu'il avait acheté ce machin pour des motifs «esthétiques» et non idéologiques.  Bon, faut dire que jouer les andouilles et plaider l'ignorance de ce qu'il fait, il a l'habitude, Freysinger : quand il se fait inviter par les « identitaires » français à des « assises internationales sur l'islamisatiion », il ne sait pas que les invitants sont d'extrême-droite. Nan, il sait pas. Dans l'histoire du drapeau, il a donc commencé par dire, en substance, qu'il était naïf, amnésique et inculte, le Génie des Alpages. Avant de bafouiller un «l'usage que font les groupuscules d'extrême-droite » du drapeau wilhelminien est « abusif et absurde». Comme sans doute l'usage que font les Valaisans de leur droit de vote quand ils élisent Freysinger au Conseil d'Etat. Parce que nous, on se demande ce qui est pire : un drapeau du IIe Reich dans la cave de Freysinger, ou Freysinger dans un bureau de Conseiller d'Etat...

Utile confirmation, dans la « Tribune de Genève » du 27 mars, de ce que la gauche en général, et les socialistes en particulier (qui en demandent la suspension) disent du «  bouclier fiscal» introduit en 2011 pour limiter la charge fiscale pesant sur les contribuables les plus riches : il n'est vraiment utile qu'aux grosses fortunes. Voire aux très, très grosses fortunes -celles qui dépassent les 50 millions de francs. Son effet « protecteur » ne prend réellement effet qu'à partir d'une fortune de cinq millions de francs : il permet à 1418 contribuables disposant  en 2006 d'une fortune de 5 à 10 millions d'économiser en moyenne 2600 francs d'impôt. Et au-delà des dix millions de fortune, le petit cadeau fiscal grossit : les 678 contribuables disposant d'une fortune de 10 à 20 millions de francs vont économiser en moyenne 7000 francs par an; de 20 à 50 millions de fortune, l'économie d'impôt se monte en moyenne à près de 28'000 francs par an; de 50 à 100 millions de fortune, les contribuables concernés économiseront près de 57'000 francs, et au-delà de 100 millions de fortune, c'est de plus de 180'000 francs dont on leur fait cadeau (ils étaient 79 dans ce cas en 2006). A eux seuls, ces multimillionnaires et milliardaires économisent (c'est-à-dire font perdre à la collectivité publique) 14 des 44 millions du manque à gagner fiscal (et donc budgétaire) induit par le «bouclier fiscal ». Voilà. Maintenant, si vous vous demandez encore qui défend réellement le PLR quand il guerroie contre la suspension de se bouclier pour rupins, on peut recommencer l'explication. On ne s'en lassera pas.

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