Après l'accord du Conseil Municipal de Genève de vendre les actions de la Ville dans Naxoo : 3ème débat : le référendum !


Conseil Municipal de la Ville de Genève, mardi après-midi :  débat sur la vente des actions de la Ville dans le réseau de télé par câble Naxoo  : Le PLR proteste de son attachement au service public, le PS refuse de poser les droits des travailleurs comme préalable à la vente d'un actionnariat public et la « gauche de la gauche » ovationne un fasciste...C'était le moment qu'il se termine, ce débat, dans ce parlement, la nausée nous guettait. Et comme troisième débat, maintenant, le seul qui vaille : le référendum, lancé par le syndicat Syndicom. Dès qu'on dispose des listes de signatures, on vous les envoie. A vos crayons !

In girum imus nocte et consumimur igni

Deux maladies menacent les parlements, frappant avec un bel oécuménisme la gauche et la droite -et ce sont deux maladies de la sénilité : l'amnésie, et l'incohérence. Et le Conseil municipal de la Ville de Genève souffre des deux à la fois. D'amnésie, par l'oubli de son vote de l'année dernière, qui posait des conditions à la vente des actions de la Ville de Genève dans Naxoo, D'incohérence, par l'adoption d'une proposition qui ignore ces conditions déjé posées  -et que nous proposions de reprendre, et les renforçant. Ces deux maladies sont, politiquement, graves. Et même désastreuses. Mais elles sont remédiables. Nous en proposions le remède :  des conditions, « préalables et impératives » à poser à la vente. Des conditions relevant d'une social-démocratie basique, élémentaire -mais que la majorité du PS a refusé de poser, la « gauche de la gauche » s'abstenant quand à elle de les soutenir : le maintien des emplois de Naxoo, et leur maintien à Genève; le maintien de la Convention collective passée entre Naxoo et Syndicom; le maintien des droits des salariés de Naxoo; la signature d'une convention collective entre Cablecom et le/les syndicat-s du secteur; le maintien a minima de l'offre de programmes et a maxima des tarifs. Nous avions encore une possibilité d'être étrangers à l'amnésie et à l'incohérence dont souffrent, régulièrement, les parlements. Le Conseil municipal de la Ville de Genève pouvait saisir cette possibilité -eh bien non : ni la majorité du PS, ni les Verts, ni Ensemble à gauche n'ont cru bon de le faire -les premiers et les seconds se réfugiant dans la production de voeux pies benoîtement exprimés dans une résolution paroissiale, les derniers allant chercher dans leurs archives, pour en faire le substrat de leurs discours, les tracts du Parti communiste genevois des années trente dénonçant les « sociaux-traîtres » (Léon Nicole compris) et faisant alliance avec l'extrême-droite contre eux. On en a été, on l'avoue, surpris. On n'aurait pas dû. La nécessité ressentie par les uns et les autres de se « positionner », et donc de se distinguer de leurs plus proches concurrents, a sans doute été déterminante, en cette période électorale. Et elle a accouché d'alliances absurdes, de positions piteuses, de gesticulations nauséabondes. Le PS et les Verts s'allient avec l'Entente (PLR et PDC) et l'UDC, « Ensemble à Gauche« » s'allie avec le MCG. Position du gestionnaire d'un côté (« le sens des responsabilités, c'est nous »), autoproclamation nombriliste de l'autre (« la vraie gauche », ou « le peuple », c'est nous), ces contorsions s'achevant, comme il était prévisible, dans le procès d'intention et l'invective. «  C'est comme ça qu'on construit une majorité », essayait de nous expliquer un élu d'« Ensemble à gauche ». Avec du torchis ?

Et Naxoo dans tout ça ? Et ses employés ? Bof... D'un côté, on proclame haut et fort qu'on se battra jusqu'au dernier licencié, de l'autre on nous pond une résolution dégoulinante d'hypocrisie et d'impuissance volontaire. Comment croire une nanoseconde à la sincérité d'une résolution n'engageant que ses auteurs, et votée par le même Conseil Municipal qui une heure avant s'était pesamment assis sur ses propres décisions et accepté une vente inconditionnelle alors que quelques mois auparavant il y posait des conditions ? « In girum imus nocte et consumimur igni » : nous tournons en rond dans la nuit et sommes dévorés par le feu -ce palindrome résume ces deux derniers jours.
Bon, bref, ce combat là, parlementaire, a été perdu. Reste le référendum. Le seul engagement au bas duquel nos signatures valent encore quelque chose dans ce dossier pourri. L'arme essentielle, la seule qui nous reste, lorsqu'elle est maniée par les syndicats (la Communauté genevoise d'action syndicale soutient le référendum, comme la faîtière suisse de Syndicom), qui sont désormais les seuls acteurs de ce combat sur lesquels nous puissions compter, et avec lesquels nous puissions, sans déchoir, nous allier.
Vous recevrez bientôt les feuilles de signatures pour ce référendum. Celles que nous diffuserons seront signées (et à y renvoyer) de la « gauche socialiste ». « Gauche socialiste », ou «   socialistes de gauche », ce devrait être un pléonasme. Il semble, du moins dans le cas de Naxoo, que non, qu'il faille préciser qu'en tant que socialistes, on est à gauche, et qu'en tant qu'hommes et femmes de gauche, on ne fraie pas avec n'importe qui pour dire n'importe quoi. Il faut bien se faire à la nécessité de ces deux précisions. S'y faire, non s'y résigner.
Après tout, le crétinisme électoral peut avoir des éclipses qu'il suffit de mettre à profit...

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