Fonds de tiroir

Du temps où le vote par correspondance ne s'était pas encore généralisé (et où on ne connaissait évidemment pas le vote par internet), on disposait d'un local de vote « anticipé », ouvert du mercredi au vendredi, unique pour tout le canton. Des milliers de personnes s'y rendaient, sans problème ni exiger de pouvoir aller voter à côté de chez elles. On devrait donc pouvoir supprimer quelques locaux de vote désertés sans remettre en cause la démocratie.  C'est en tout cas ce que suggère la Cour des Comptes, qui constate que dans certains locaux (tous de campagne) se rendent moins de quinze personnes, qui pourraient aller voter dans la commune d'à côté. La Cour propose donc de supprimer des locaux de vote dans les communes qui en comptent plusieurs, et d'en fusionner d'autres, et la Chancellerie d'Etat va contacter les communes concernées pour leur suggérer de réduire le nombre de leurs locaux, ou de les partager avec d'autres communes. ça se tient, comme proposition -mais seulement  d'un point de vue purement rationnel, et en termes d'efficacité.  Parce que symboliquement, le local de vote, ça a quand même une certaine importance, comme lieu où l'acte de voter se fait collectivement, et pas comme on commande un gadget chez Haus & Hobby...

Voilà, c'est fait, la campagne électorale pour les cantonales genevoises s'est ouverte, vendredi matin par la compétition entre les socialistes et Ensemble à gauche pour obtenir (on ne sait pas trop pourquoi d'ailleurs, l'importance de la chose étant nulle) le trophée de la « Liste N° 1 », comme si ça présageait de quoi que ce soit en termes de résultats électoraux. La course, haletante, s'est achevée par la victoire à l'arraché et à la photocopieuse d'Ensemble à gauche pour la liste au Grand Conseil, et la victoire, par défaut de concurrence, des socialistes pour la liste au Conseil d'Etat. Et la presse locale a trouvé le moyen de s'en faire l'écho. Ben voilà qui nous annonce de grands débats de fonds sur de grands enjeux historiques, non ?

Plus d'un milliard de personnes dans le monde continuent à vivre dans une extrême pauvreté et ne peuvent assurer leurs besoins vitaux: eau, alimentation, santé, logement, éducation, etc. Ce n'est pas une fatalité!  En 2001, le Canton de Genève s'est doté d'une loi pour financer la solidarité internationale (soutenir des projets de coopération au développement, d'action humanitaire, de promotion de la paix et de défense des droits humains.) à hauteur d'au moins 0,7% de son budget annuel de fonctionnement. Plus de dix ans après son entrée en vigueur, cette loi n'est toujours pas appliquée: les montants consacrés par le Canton à la solidarité internationale stagnent toujours à 0,2% de son budget. La Fédération Genevoise de Coopération a lancé une pétition au Grand Conseil, pour remédier à cette situation inacceptable et faire enfin appliquer la loi! La pétition demande au Grand Conseil genevois d’augmenter dès 2014 la contribution du Canton pour la solidarité internationale de +0.1% par an, pour atteindre le 0.7% du budget de fonctionnement du Canton en 2018. Signez là ! http://fgc.federeso.ch/fr/fgc

Assez paradoxal, le résultat des élections cantonales neuchâteloises : la gauche fait un tabac au premier tour de l'élection du Conseil d'Etat mais perd la majorité au Grand Conseil, la droite se gaufre à l'élection du gouvernement mais devient majoritaire au parlement (grâce à la poussée de l'UDC et à l'entrée des Verts libéraux et du PDC), le PS perd trois sièges au Grand Conseil mais place ses trois candidats dans le quatuor de tête au Conseil d'Etat, l'UDC Yvan Perrin se hisse à la troisième place de l'élection du gouvernement, et l'UDC gagne six sièges au Grand Conseil mais les prend au PLR... Qu'est-ce qu'on peut en déduire ? que l'unité de toutes les forces de gauche paie? oui, mais seulement dans une élection majoritaire... et qu'est-ce qu'on peut en prédire pour les élections genevoises de cet automne ? pas grand chose : d'abord parce que le quorum genevois de 7 % ne permettra vraisemblablement pas à des partis comme les Verts libéraux d'entrer au Grand Conseil (à Neuchâtel, ils y sont entrés en faisant moins que ce quorum), ensuite parce que le paysage politique local est sensiblement différent, avec une UDC genevoise cannibalisée par un MCG sans équivalent à Neuche, enfin parce que la « gauche de la gauche » ne peut pas perdre de sièges parlementaires à Genève (elle en a perdu un à Neuchâtel) puisqu'elle n'y en a plus depuis huit ans et qu'il est plus que vraisemblable qu'elle fera son retour au Grand Conseil, et que le PS (qui a perdu trois sièges à neuche) a déjà perdu il y a quatre ans à Genève tout ce qu'il pouvait décemment perdre et qu'il va tout aussi vraisemblablement regagner au moins une partie, sinon la totalité, du terrain perdu. N'empêche : la déculottée du PLR, à Neuchâtel, après le Valais, est de bonne augure. Même si le déculotteur s'appelle l'UDC ? ouais, bon, 'videmment, on aurait préféré qu'il soit de gauche, mais on fait avec ce qu'on a...

La police genevoise a inventé un nouveau truc pour emmerder les manifestants (et les organisateurs de manifs) : un «quorum de manifestants » (150 têtes) en dessous duquel ils sont invités à défiler sur les trottoirs pour ne pas perturber la circulation automobile (et celle des transports publics). Bon, on est en campagne électorale et pendant six mois, militantes et militants, et surtout candidates et candidats, vont devoir faire le trottoir pour appâter l'électeur et l'électrice (tu votes, cheri ?), mais faudrait pas que la pratique péripatéticienne se généralise : déjà que la tendance du moment à l'égard des politiciens et ciennes est plutôt du genre « tous pourris »...

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