Police municipale genevoise : Osons un retour aux vraies valeurs !

Les policiers municipaux genevois peuvent, depuis le 1er janvier 2010, procéder à des contrôles, des fouilles corporelles, des interpellations et des éloignements d'un lieu donné. En revanche, ils ne porteront pas d'armes à feu (mais un « bâton tactique » -le joli nom de la matraque) et éventuellement un gilet pare-balles. Pour les consoler, on vient de leur donner le droit d'arrêter les personnes en séjour illégal. A défaut d'armes, les policiers municipaux viennent donc de recevoir des attributions de « police des étrangers », comme on disait dans le temps. Mais ils réclament toujours de pouvoir être armés, d'avoir des feux bleus sur leurs voitures, bref, d'être des vrais policiers comme on voit dans les séries à la télé. Nous ne pouvions pas ne pas prendre part à ce débat  -mais nous le ferons à notre manière : par un retour aux bonnes et vraies valeurs de la (petite) Genève éternelle.

« Pour connaître un jour la grâce d'être léger et gai »


Depuis des années se déroule à Genève, comme ailleurs en Suisse, un concours de démagogie sécuritaire auquel diverses forces politiques, pas forcément d'extrême-droite, se livrent sans guère de retenue ni plus de souci d'appréhension rationnelle de la réalité. Exploitant le sentiment d'insécurité, et le renforçant dans la mesure même où elles l'exploitent, ces forces politiques réussissent à créer une sorte de mouvement perpétuel d'autoalimentation médiatique, comparable en tous points à ce que les meilleurs spécialistes des troubles psychiatriques s'accordent à considérer comme l'un des symptômes les plus courants de la paranoïa, se nourrissant d'elle-même et des produits de ses propres hallucinations.
Comme nous ne pouvions sans déchoir renoncer à participer à ce concours de démagogie sécuritaire et de paranoïa (acritique), nous le ferons en proposant d'en revenir aux vraies valeurs policières genevoises, d'assumer clairement le rôle qu'on entend faire jouer à la police municipale et qu'on se plaît encore à camoufler. Pour cela, nous proposerons de restaurer les corps du guet, des chasse-gueux et de la milice bourgeoise, ainsi que du pilori et du couvre-feu. La restauration s'impose également d'un instrument particulièrement adéquat au renforcement de l'épuration sociale de la Ville : les murailles, malencontreusement abattues par d'irresponsables révolutionnaires post-quarante-huitards, aujourd'hui fusionnés en désespoir de cause électorale avec leurs adversaires conservateurs de l'époque. 
 
En conséquence de quoi, nous allons déposer au Conseil Municipal une motion demandant au Conseil Administratif de soumettre dans les meilleurs délais les projets de délibérations et d'arrêtés propres à concrétiser les points suivants :

1. La police municipale est organisée en deux corps distincts, l'un nocturne, le Guet, et l'autre diurne, les Chasse-gueux. Ces deux corps sont armés de gourdins, knouts, fléaux et Morgensterns, fabriqués par les ateliers du Grand Théâtre.
a) Le corps du Guet est chargé des patrouilles pédestres ou équestres nocturnes, de faire respecter le couvre-feu et d'interpeller, appréhender et reconduire chez elle, ou, à défaut de domicile, dans un lieu de détention idoine, choisi pour son insalubrité et son inconfort, toute personne se trouvant sans sauf-conduit délivré par le Conseil administratif, sur la voie publique entre le coucher et le lever du soleil.
Sont de droit bénéficiaires d'un sauf-conduit les personnes appartenant à l'une ou l'autre des catégories suivantes : propriétaires fonciers, contribuables au bénéfice de forfaits fiscaux, présidents de clubs sportifs professionnels.
b) Le corps des chasse-gueux est chargé d'interpeller, appréhender, fouiller, amender et reconduire aux limites de la commune, toute personne faisant partie de l'une des catégories suivantes : mendiant-e-s de nationalité étrangère, frontalier-ère-s ne portant pas de manière visible un signe permettant de le-la-les distinguer du reste de la population, cyclistes participant, ayant participé ou étant suspectés de vouloir participer à une critical mass, piéton-ne-s traversant en dehors des passages réservés, usager-ère-s des transports publics sans titre de transport, spectateur-trice-s, usager-ère-s, animateur-trice-s d'un lieu culturel alternatif, syndicalistes participant à un piquet de grève, ainsi que toute personne participant à une manifestation non autorisée.

2. Les effectifs de la police municipale sont fixés chaque année au moment du vote du budget, et établis à raison de quatre policier-ère-s municipaux-pales par centime additionnel.

3. Les conseillères et conseillers municipaux forment ensemble une milice municipale, supplétive de la police municipale et à disposition du Conseil administratif. Cette milice est organisée en escouades affectées chacune à un quartier de la ville, chaque escouade rassemblant les membres d'un même groupe du Conseil municipal, et étant commandée par les chef-fe-s de groupe. Les chef-fe-s de groupe décident de l'armement ou non de leur escouade. Les armes de la Compagnie de 1602 sont mises à la disposition de la milice municipale.
4. Tout-e habitant-e de la Ville âgé-e de plus de 12 ans et de moins de 100 ans est tenu-e d'effectuer un stage non rémunéré d'au moins trois mois dans l'un des deux corps de la police municipale, ou de la milice municipale.

5. Il est établi sur tout le territoire municipal un couvre-feu entre le coucher et le lever du soleil.

6. Il est établi dans le parc des Bastions un pilori municipal, placé sous la surveillance de la milice municipale. Le Conseil administratif décide, sans recours, qui doit y être mis.

7. Le Conseil administratif est chargé d'étudier la possibilité de rebâtir, aux limites de la commune, des murailles, percées de portes fermées la nuit, afin de faciliter le contrôle des mouvements de population.

... et notez bien, aimables lecteurs, que comme l'écrit l'un de nos maîtres à penser (et à agir), Georges Picard, « Se foutre d'être approuvé est un préalable si l'on veut connaître un jour la grâce d'être léger et gai »...

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