Fonds de tiroir

C'est pas parce qu'on prône les économies et l'austérité qu'on va se priver : c'est, en gros, le raisonnement qu'à du tenir le Bureau du Grand Conseil genevois (sauf le représentant du groupe socialiste , qui s'y est opposé) lorsqu'il a décidé (sans débat ni en commission, ni en plénière) d'augmenter, dès 2014, de 25 % les jetons de présence versés aux députés (qui actuellement, sans compter la rétrocession d'une part de leurs jetons de présence à leur parti -jusqu'à 40 % au PS-  touchent en moyenne 28'000 francs par an) Prétexte : rattraper l'augmentation du coût de la vie et compenser la fiscalisation des jetons de présence (autrement dit : l'augmentation de l'impôt sur le revenu que la prise en compte des jetons de présence dans le revenu va impliquer -y'a une idée pour la fonction publique, là : si les impôts augmentent, on doit exiger une augmentation de salaire pour compenser l'augmentation des impôts...). Coût de l'opération pour l'Etat : un demi-million par an. Soit exactement le montant dont la subvention à la Fédération genevoise de coopération pour ses actions de coopération au développement et de solidarité internationale a été réduite. Le chef du groupe socialiste au Grand Conseil,  Roger Deneys, trouve cette coïncidence «imbuvable». Ben quoi, on subit les priorités que la majorité de droite se donne, et que la majorité de droite mérite, non ? Le PDC, lui, trouve seulement l'augmentation excessive, mais son représentant était absent au moment du vote. Quant au MCG, il n'y voit « rien de choquant ». On s'en serait douté : on voit mal un parti de propriétaires de boîtes de  nuit rechigner à recevoir un peu plus de pognon.

Excellente initiative en France : un Conseil des ex-musulmans de France a été créé début juillet par une trentaine d'anciens croyants français, nord-africains, asiatiques...) ayant rompu avec l'islam sans pour autant embrasser une autre religion, mais décidés à affirmer leur athéisme ou leur agnosticisme, à défendre le droit de ne pas croire en quelque dieu que ce soit et celui de critiquer l'islam comme n'importe quelle autre religion, sans risquer, comme c'est le cas dans de nombreux pays, menaces, emprisonnement, tortures, voire la mort pour apostasie (crime passible de la peine de mort en Iran et en Arabie Saoudite), blasphème, hérésie ou athéisme. Excellente initiative, lancée à l'appel d'un blogueur palestinien réfugié en France après avoir été emprisonné pour « blasphème », parce qu'elle rappelle utilement que la liberté de religion implique celle de ne pas avoir de religion ou d'en changer, et la liberté de croyance celle de ne pas croire en ce que quelque religion (ou irréligion) que ce soit exige de croire. En un dieu, par exemple. Ou en un prophète. 

Le référendum des propriétaires de villas, soutenus par l'UDC et le MCG, contre la «surdensification» (entendez : contre la possibilité de construire des immeubles près de chez eux) a abouti. Il attaque une modification de la loi sur les zones de développement, fixant des taux de densité minimale à atteindre. Le président du comité référendaire explique que « tout le monde veut construire à Genève, mais pas forcément n'importe comment ». Et surtout pas près des villas des référendaires. Qu'on entasse les gens là où on les entasse déjà, bordel, mais qu'on ne vienne pas boucher ma vue avec des immeubles de pauvres. Et vive la lutte des classes (quand on est dans la bonne classe)...

Les policiers genevois n'aiment pas leur casquette (« pas pratique en intervention », « toute molle », « moche », «  on dirait une casquette du McDo »...) Et le Maudet en chef n'aime pas que les policiers n'aiment pas leur casquette (normalisée romande et tessinoise), mais reconnaît qu'elle est plutôt ridicule. Il a donc mandaté l'état-major de la police pour une mission d'extrême importance : trouver un modèle de couvre-chef plus seyant que la casquette molle et inspirant le respect, pas la rigolade. Parce que le policier, s'il ne doit plus passer de dictée pour être policier, doit avoir un couvre-chef pour le rester et être respecté : «  La remise en cause de l'autorité résulte peut-être de l'abandon du couvre-chef », suggère Maudet. Ouais, mais que vaut une autorité qui ne tient qu'à la présence ou non d'un chapeau ?

Les TPG sont contents (et quand les TPG sont contents, nous aussi on est contents) : grâce à des contrôles massifs et à l'augmentation des amendes (c'est en tout cas ce qu'ils pensent), la resquille est en recul dans les transports publics genevois. Alors que le nombre annuel global de personnes transportées par les TPG a augmenté de 14 millions depuis 2011, celui des resquilleurs (du moins des resquilleurs pris sur le fait) a diminué de 14 %, et ne représente plus que 3,09 % du nombre total de voyageurs (la moitié moins qu'il y a quelques années). En revanche, le nombre de contrôleurs a, lui, augmenté de 10 % en deux ans (ils sont désormais 62). Bon, donc le nombre de resquilleurs baisse ? On s'en fout. S'il n'en reste qu'un...

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