Fonds de tiroir

Le MCG ne pourra pas casser du frontalier sur ses placards électoraux trimballés sur les flancs des trams et des bus genevois : la commission d'attribution de ces emplacements a décidé de substituer le terme politiquement correct, mais complètement idiot, de « préférence cantonale » au célèbre « frontaliers assez ! » utilisés par le MCG il y a quatre ans. C'est en effet plus prudent : un tiers des conducteurs de trams et de bus sont précisément frontaliers. Parce que pour faire ce boulot, y'a pas assez de genevois candidats à le faire, et capables de le faire. Et les chauffeurs frontaliers en avaient gros sur la patate, et l'on dit, de devoir se faire injurier sur les bus et les trams qu'ils conduisent. Et qu'ils pourraient fort bien refuser de conduire si on les garnit des conneries antifrontalières du MCG. Le MCG a accepté la substitution de l'ânerie à l'injure, mais son luminescent président, Roger Golay, a tout de même cru bon de dire que « les chauffeurs n'ont pas à s'immiscer dans les affaires politiques du canton ». Sauf qu'en trimballant précisément les placards électoraux du MCG, c'est ce qu'on leur demande de faire, s'«immiscer dans les affaires politiques du canton ». Et si on a censuré les attaques contre les frontaliers, on a accepté de celles contre les mendiants. Faut dire qu'ils ne conduisent pas les trams, les mendiants. Faudrait quand même être clairs : les trams et les bus, c'est des véhicules de transports publics, pas des piloris.

Le Conseil d'Etat genevois a bloqué, ou renvoyé à 2014, des engagements de personnel pourtant prévus par le budget, et dont certains avaient déjà été menés à bien et annoncés aux personnes engagées pour parvenir à obtenir des comptes 2013 équilibrés, alors qu'un déficit de 74 millions de francs a été annoncé après que le canton se soit vu interdire par le Conseil fédéral de puiser 88 millions dans les bénéfices des Services Industriels pour équilibrer son budget. Y'a pas à dire, les leçons de bonne gestion financière données à la gauche municipale par la droite municipale lundi soir prennent toute leur saveur...

On salue l'annonce par Michèle Künzler du retour (avant 2014) d'une liaison par tram entre Carouge et Cornavin (et la reconnaissance par Isabel Rochat de l'efficacité des contrôles publics et syndicaux dans la lutte contre le dumping salarial). Et on se dit que rien de tel qu'une bonne campagne électorale pour que les yeux gouvernementaux se dessillent et que nous tombent les bonnes nouvelles. Et que tant qu'à faire, on aurait du raccourcir les mandats gouvernementaux à un an plutôt que les allonger à cinq ans. Parce que ça fait quasiment depuis janvier 2012 que les usagers réclament le rétablissement de la ligne de tram entre Carouge et Cornavin, et qu'on leur répond «  c'est pas possible », le changement est « irréversible », si on rétablit la ligne, la fréquence des trams sera réduite, le trafic automobile paralysé, les usagers paumés... et puis là, subitement, ce qui était à jamais impossible redevient possible dans les six mois. Reste plus qu'à attendre les Municipales pour le retour de la liaison entre Chêne et Cornavin et la baisse des tarifs. Et les prochaines cantonales pour la gratuité.

Philippe Morel, candidat PDC au Grand Conseil (et en réserve de la République pour le Conseil d'Etat au cas où les deux candidats PDC se prendraient une gamelle) est une star dans son métier (chirurgien). Ce qui, évidemment l'honore. Sauf que du coup, il se prend aussi pour une star politique. Et qu'il la joue, la star. Au risque de froisser ses collègues de l'Association des médecins de Genève, qui lui refusent leur soutien et évoquent sa « volonté démesurée de se mettre en avant » (alors même qu'il ne brille guère comme député), mais aussi ses biens cher-e-s frères et soeurs du PDC, qui goûtent fort peu sa campagne personnelle agressive, financée, selon lui, par un patient dont il ne révèle pas l'identité. Un bienfaiteur anonyme, quoi. Faut qu'elle fasse gaffe la star : c'est pas parce que sur tous les stands de tous les partis on distribue des ballons qu'il faut croire que, comme eux, si on gonfle, on s'envole... même que des fois, quand on gonfle trop, ça pète avant le décollage...

Inflation politique à Piogre : 476 candidates et candidats se présentent à l'élection du Grand Conseil cette année (elles et ils n'étaient que 271 il y a quatre ans), et 29 à celle du Conseil d'Etat (elles et ils n'étaient que neuf il y a quatre ans). Ne loupez pas les soldes cet hiver : y'aura profusion de vestes pas chères... surtout de la marque MCG et de la marque PLR...

Interrogé dans la « Tribune de Genève » du 18 juillet, le nouveau directeur de l'Hospice Général, Christophe Girod, déclare : « Nous ne devons pas nous transformer en simple machine à délivrer des chèques. Sans réinsertion, les usagers restent à l'aide sociale, générant des coûts supplémentaires pour la collectivité. Il faut trouver des solutions pour être plus efficients ». La principale institution genevoise d'aide sociale doit donc être économe et «efficiente» (« efficace », ce serait trop ?). Et solidaire, peut-être, un peu ? Ouais, mais seulement un chouïa  : la solidarité, ça coûte cher et c'est pas « efficient ». Seulement efficace.

L'UDC prépare une initiative pour consacrer la suprématie du droit fédéral suisse sur le droit international. Son gourou, Christoph Blocher, se réfère au pacte « fédéral» (qui n'avait rien de fédéral) de 1291, récusant la « prépondérance des juges étrangers » (en l’occurrence, des représentants de la famille argovienne des Habsbourg...) et affirme que grâce à « la souveraineté du peuple », la Suisse élabore « moins de lois » que les autres Etats européens (ce qui n'est vraisemblable que si on oublie les lois cantonales des 23 cantons...). N'empêche que si tartignolle soit l'argumentation du Pithécanthrope, y'a une idée, dans la proposition de renverser le principe de suprématie du droit international sur les droits nationaux... une idée au bout de laquelle il conviendrait d'aller, en ne se contentant pas de poser le droit fédéral comme primant sur le droit international, mais en posant le droit cantonal comme primant le droit fédéral et le droit municipal comme primant le droit fédéral. Parce qu'à la fin des fins, y'en a marre de se voir imposer des normes fédérales par les tribus de Suisse centrale et des normes cantonales par les propriétaires de villas de Cologny... 

Le Conseil d'Etat a constaté l'aboutissement de la demande de référendum populaire contre la modification de la loi sur les structures d’accueil de la petite enfance et sur l’accueil familial de jour (LSAPE). La demande de référendum a recueilli près de 28'000 signatures, 7166 ont été contrôlées, 7012 ont été validées, il en fallait 7000, on votera donc sur la tentative de la majorité de droite du Grand Conseil de faire des « économies » en péjorant les conditions d'accueil et d'encadrement des chtis nenfants dans les crèches. Et on verra bien ce que leurs parents en pensent. Et ce que les « défenseurs de la famille » donneront comme consigne de vote. On se réjouit déjà.

L'un des chefs d'oeuvre du député Jornot, quand il n'était pas encore Procureur Général, la loi antimanifs, a été retoquée par le Tribunal fédéral, qui en a annulé l'une des dispositions les plus contestables, celle qui rendait possible d'interdire à tout organisateur de manif d'en organiser pendant cinq ans si l'une de celles qu'il avait organisée avait « donné lieu à des atteintes graves aux personnes ou aux biens », même si lui, l'organisateur, n'y était pour rien. Cela dit, la loi, votée par le peuple, reste en vigueur et si on veut s'en débarrasser, il faudra la réviser globalement. Et d'autres crottes laissées derrière lui par le député Jornot sont également à nettoyer : la loi antimendiants, par exemple. Finalement, le député Jornot, c'était une sorte de gros matou : il marquait son territoire...

Après le meurtre d'Adeline Morel, la vice-présidente de l'UDC suisse, et candidate au Conseil d'Etat, Céline Amaudruz, avait dans un premier temps promis, juré, que ni elle ni son parti n'allaient tenter quoi que ce soit pour récupérer électoralement le crime et l'indignation qu'il a soulevée. Après quoi, se sont succédés un communiqué du parti accusant implicitement Pierre Maudet d'être responsable du meurtre et une déclaration du vice-président de l'UDC genevoise demandant le rétablissement de la peine de mort. Le naturel revient vite au galop. Et les déguisements de blanche colombe ne tiennent pas longtemps sur les ailes des vautours.

En visite en Chine, le président de la Confédération, Ueli Maurer, a expliqué à la radio, le 18 juillet, juste après avoir rencontré le Premier ministre et le président chinois, passé en revue les troupes sur la place Tienanmen de Pékin et visité une caserne de blindés, qu'il fallait «tourner la page» de la sanglante répression des manifestations démocratiques de 1989, précisément sur la place Tienanmen. Et de louer « l'esprit d'ouverture » de ses hôtes chinois. Déclarations « incompréhensibles et lamentables » de la part d'un « UDC, libéral et démocrate », réagit un homme de droite dans la « Tribune de Genève » du 20 juillet, alors que le socialiste Carlo Sommaruga résumait la posture de Ueli der Soldat par une « génuflexion devant la puissance économique ». Certes, mais bon, c'est Ueli Maurer, quand même, alors faut pas s'étonner qu'il dise des conneries. Et qu'il invite à « tourner la page » quand il a bien vu l'image qu'il y avait sur la page, mais pas lu le texte qu'il y a dessous...

Le PDC a trouvé un créneau : il veut s'occuper des 15'000 à 20'000 «frontaliers clandestins genevois», officiellement domiciliés à Genève (pour continuer à bénéficier des avantages (retraite, soins, indemnisation chômage etc...) de ce côté de la frontière, et des prix du logement plus bas, et des infrastructures locales de l'autre côté de ladite frontière. Sans payer d'impôts en France. Et sans se conformer au droit en vigueur dans le pays où ils résident réellement. Des profiteurs des deux côtés, quoi. Que le PDC nous invite à plaindre. Et puis quoi encore ? Aux prochaines élections, ils vont nous trouver quoi, comme paupérisés avec lesquels se solidariser, les démo-chrétiens ? les oligarques russes du coteau de Cologny ?

En voilà au moins un dont la reconversion professionnelle n'aura pas posé de problèmes de baisse de revenu : Daniel Vasella, ex-président de Novartis, va recevoir 4,9 millions de francs au titre des «services rendus» pour assurer la transition avec son successeur, Ulrich Lehner, pendant six mois. Ce qui nous fait dans un équivalent plein temps un salaire annuel de 15 millions. Plus que ce qui était prévu de lui accorder sur six ans (72 millions) au titre de la « non-concurrence » et à quoi il avait dû finalement renoncer. 4,9 millions pour assurer la transition avec son successeur, quand même, c'est bien... à ce prix là, nous, on démissionne ipso facto du Conseil Municipal...

Le MCG ne pourra pas casser du frontalier sur ses placards électoraux trimballés sur les flancs des trams et des bus genevois : la commission d'attribution de ces emplacements a décidé de substituer le terme politiquement correct, mais complètement idiot, de « préférence cantonale »  au célèbre « frontaliers assez ! » utilisé (avec succès, d'ailleurs : l'idiotie politique n'est pas forcément électoralement inefficace) par le MCG il y a quatre ans. C'est en effet plus prudent : un tiers des conducteurs de trams et de bus sont précisément frontaliers. Parce que pour faire ce boulot, y'a pas assez de genevois candidats à le faire, et capables de le faire. Et les chauffeurs frontaliers en avaient gros sur la patate, et l'on dit, de devoir se faire injurier sur les bus et les trams qu'ils conduisent. Et qu'ils pourraient fort bien refuser de conduire si on les garnit des conneries antifrontalières du MCG. Le MCG a accepté la substitution de l'ânerie à l'injure, mais son luminescent président, Roger Golay, a tout de même cru bon de dire que « les chauffeurs n'ont pas à s'immiscer dans les affaires politiques du canton ». Ouais, mais en trimballant précisément les placards électoraux du MCG, c'est ce qu'on leur demande de faire, s'« immiscer dans les affaires politiques du canton ». Et si on a censuré les attaques contre les frontaliers, on a accepté de placarder celles contre les mendiants. Faut dire qu'ils ne conduisent pas les trams, les mendiants. Mais faudrait quand même être clairs : les trams et les bus sont des véhicules de transports publics, pas des piloris.


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