Vente de Naxoo ä Cablecom : le référendum provoque un « plan social »...

Peut (beaucoup) mieux faire...

Nous avions soutenu le référendum lancé contre la décision du Conseil Municipal de la Ville de Genève d'accepter la vente des actions détenues par la Ville dans le réseau Télégenève SA (Naxoo) à UPC Cablecomm. Nous refusions et refusons toujours,  l'autorisation donnée à UPC Cablecom de licencier jusqu'à 10% des employés de Naxoo par année pendant 5 ans, ainsi que la liberté totale de licencier après ce délai. Nous dénoncions également le refus d'UPC Cablecom de signer toute convention collective de travail. Ces jours, un accord passé entre l'acheteur (UPC Cablecom), le vendeur (la Ville de Genève), le personnel et la société Télégenève, semble répondre à quelques unes (quelques unes, seulement) des raisons que nous avions de soutenir le référendum lancé contre la vente de Naxoo. Le référendum n'est d'ailleurs certainement pas pour rien dans la signature de l'accord - mais un accord encore insuffisant pour nous convaincre d'accepter la vente des actions municipales dans le téléréseau municipal.


Quand j'entends « plan social », j'entends « licenciements » (proverbe syndical)

Un accord a donc été passé entre la Ville de Genève, la multinationale UPC Cablecom, la société du téléréseau municipal Télégenève (Naxoo) et le personnel de la société, accord avalisé par la faîtière du syndicat Syndicom (mais pas par la section locale). Cet accord, nous ne pouvons en juger qu'à partir du communiqué commun de Naxoo et de la faîtière de Syndicom qui en rend compte -nous n'avons en effet pas eu l'heur de recevoir le texte de l'accord, dont nous savons que ce que deux de ses signataires veulent bien nous dire. Tentons donc de comparer le peu que nous en savons avec les conditions qui nous paraissaient, et nous paraissent toujours, nécessaires à toute acceptation de la vente des actions que la Ville de Genève détient, en actionnaire majoritaire, dans Télégenève.

Nous posions comme condition à notre acceptation de cette vente : le maintien des emplois, de la convention collective, de la caisse de retraite et de l'entreprise Naxoo, et la signature par l'acheteur (Cablecom) d'une convention collective qui ne soit pas « au rabais » par rapport à celle de Naxoo : « des critères sociaux minimaux que toute municipalité de gauche devrait avoir à cœur de réaliser », comme dit la Jeunesse Socialiste... Deux de ces conditions (le maintien de la convention collective et de la caisse de retraite de Naxoo) semblent remplies par l'accord passé entre des représentants du personnel de Naxoo, la Ville de Genève, Télégenève et UPC Cablecom. C'est un premier pas, mais seulement un premier pas -et un pas encore insuffisant, car restent à remplir les autres conditions
Le maintien de l'entreprise Télégenève ? Rien ne semble formellement garanti (le maintien de la convention collective et de la caisse de retraite, même après l'exécution du contrat de vente) ne sont pas des garanties du maintien de l'entreprise: si Cablecom, devenue actionnaire unique de Télégenève, décide de liquider l'entreprise, rien ne l'en empêchera -et cela liquidera du même coup la convention et la caisse).
Le maintien des emplois ? l'accord, là non plus, ne semble rien garantir. Il prévoit des « mesures d'accompagnement en cas de cessation des rapports de travail » avant l'exécution du contrat de vente, ce qui suggère plutôt l'hypothèse de licenciements que le maintien des emplois, mais ne prévoit rien après l'exécution du contrat de vente, ni me modifie celui-ci, qui permet toujours le licenciement de 10 % du personnel chaque année pendant cinq ans, et du reste ensuite...  L'annonce d'un « plan social» pour les employés de Naxoo est, pour le moins, une maladresse de communication : un « plan social », cela annonce toujours des licenciements, et la direction de Cablecom qui avait assuré qu'il n'y aurait pas de licenciements en cas de rachat de Naxoo doit maintenant se défendre, sans convaincre, que ces « mesures d'accompagnement en cas de cessation des rapports de travail » ne sont pas un aimable euphémisme pour, précisément, « plan social  accompagnant des licenciements ».
La signature d'une convention collective entre Syndicom et Cablecom ? L'accord ne dit apparemment rien à ce sujet. Or c'est Cablecom, l'acheteur potentiel de Naxoo, qui a jusqu'à présent refusé de signer une telle convention.

Nous en sommes donc là, aujourd'hui : deux des cinq conditions que nous posions pour accepter la vente des actions de la Ville dans Télégenève à la multinationale UPC Cablecom semblent remplies, mais pas les trois autres. De plus, si la faîtière syndicale a décidé qu'elle ne participera pas à la campagne référendaire, la section locale du syndicat, qui a participé au lancement du référendum et à son aboutissement, n'a pas à ce jour, décidé de changer d''avis. Et nous non plus, même si le lancement du référendum, et son aboutissement, ne sont certainement pas pour rien dans l'accord qui vient d'être signé entre la Ville, Naxoo, Cablecom et le personnel.

Dès lors, le vote populaire en Ville de Genève, début février, tiendra d'une sorte d'acte de résistance pour durcir les conditions posées à la vente d'un tel réseau à une multinationale. Car si la vente des actions de Naxoo à UPC Cablecom est refusée en votation populaire, et si la Ville tient toujours à vendre ses actions à cet acheteur (ou à un autre), le Conseil administratif et Cablecom devront renégocier un contrat de vente. Qui ne sera, pour nous, acceptable qu'à toutes les conditions que nous posions.

En attendant, la pieuvre UPC Cablecom (premier opérateur du pays, avec d'un million et demi d'abonnés en télévision) étend ses tentacules (ne serait-ce que pour résister à l'offensive de Swisscom, qui à Genève construit unn réseau de fibre optique avec les Services Industriels) : le 9 octobre, la Ville de Lancy a vendu à Cablecom les actions municipales (55 % de l'actionnariat) dans son réseau; le 3 juillet, la Ville de Carouge avait fait de même. L'année dernière, en 2012, c'est Meyrin qui vendait son téléréseau à la multinationale. Seules Onex, Pregny-Chambésy et Genthod ne lui ont pas encore cédé leurs réseaux (mais la multinationale exploite déjà celui d'Onex).
Les pieuvres sont des goinfres qu'il faut savoir mettre au régime.

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