Agenda politique : C'est reparti comme en '14...

On glandait paisiblement depuis deux semaines, et là, on se réveille. On a digéré la dinde, cramé le sapin, éventé le champagne -bref, on repart comme en '14. Et si nous prenions le temps, entre deux marques sur nos agendas  politiques, entre deux élections (quoiqu'en avril 2014, on devra se farcir les élections judiciaires...) de nous demander à quoi servent, et ce qui légitime, les instruments, les organisations et les partis politiques, dont nous nous  dotons ou dont nous usons pour « faire de la politique » ?  Las ! On va encore avoir le nez dans l'agenda politique, cette année. Bon, moins profondément enfoui que l'année dernière et que l'année prochaine, avec ses élections municipales et ses élections nationales, mais quand même, va y'avoir du lourd...

D'une hégémonie à l'autre : relire Gramsci...

Notre temps politique a quelque chose de cyclique -de grec, en somme, comme la démocratie. A peine sortis des campagnes de votations et d'élections de 2013, il nous faut songer à celles de 2014. Non que l'action et la présence politique se résume à ces campagnes -mais parce qu'elles les scandent et qu'il faut bien faire avec, s'il ne faut pas ne faire qu'elles...

L'année politique commence en fanfare le mois prochain, sur le mode « en arrière toute », avec une initiative xénophobe (depuis l'initiative Schwarzenbach d'il y a quarante ans, on ne les compte plus)  sur l'«immigration de masse» et une initiative intégriste pour le déremboursement des IVG, histoire de revenir sur un acquis conquis de haute lutte par les femmes, plus un vote cantonal sur le bourrage des crèches et un vote municipal sur la vente de Naxoo à Cablecom. Plus tard, on revotera sur l'initiative populaire cantonale « stop aux hausses des tarifs TPG», déjà acceptée par les citoyens et yennes, mais dont le vote a été annulé pour des raisons formelles. Et d'autres enjeux encore sont agendés, sur lesquels il va nous falloir faire campagne, dans un rapport de force qui, s'il ne nous est pas forcément toujours défavorable conjoncturellement, nous l'est pour instant structurellement.  : en avril, on va se taper les élections judiciaires. Les commissions judiciaires des partis vont certes essayer de nous mitonner une élection tacite, avec répartition préalable des postes entre elles, mais rien ne dit qu'elles vont y arriver. En particulier pour l'élection du procureur Général : l'actuel titulaire du poste se représente -il a quand même réussi à faire exploser la surpopulation de Champ-Dollon (900 détenus pour 346 places...) et on va lui construire des tas de nouvelles prisons à remplir.
Enfin, il faut bien que nous commencions à préparer les échéances électorales de 2015 : les Municipales, d'abord, avec en Ville de Genève une majorité de gauche à retrouver au Conseil Municipal, et à maintenir au Conseil Administratif, face à une droite inconsolable depuis plus de vingt ans de les avoir perdues l'une et l'autre, et prête à s'allier avec n'importe quoi pour les retrouver (ou du moins se retrouver en position moins supplétive à l'exécutif). Là, il faudra bien que la gauche fasse son unité dès le premier tour de l'élection majoritaire, si elle ne veut pas faire cadeau d'un siège à la droite ou à l'extrême-droite, dans l'un des seuls, et sans doute le plus important d'entre eux, contre-pouvoirs institutionnels dont nous disposons.
Parce qu'il faut bien se le mettre bien profond dans la tête (et pas ailleurs) :  A Genève, pendant cinq ans, on va se farcir des majorités parlementaire et gouvernementale cantonales à droite toute, allant du PDC au MCG.  La gauche genevoise s'est retrouvée à son niveau le plus bas depuis la fin de la Guerre Mondiale, avec un tiers des suffrages et des sièges, alors que sa force habituelle se situe autour des 45% de l’électorat. On en a pris pour cinq ans d’un parlement où la droite et l’extrême-droite ensemble occupent les deux tiers des sièges. Et d’un gouvernement où la droite et l’extrême-droite, toujours ensemble (quoique l’élu de l’extrême-droite tienne plutôt de la girouette que du faisceau), occupent cinq sièges sur sept.
Cinq ans pour que la gauche puisse se refaire une santé « dans la rue », dans la société, dans l’opinion publique pour retrouver plus que les sièges perdus : cette autre « hégémonie », culturelle celle-là, dont Gramsci faisait la clef des victoires politiques, et qui se manifeste par la prééminence des thèmes, des principes, de la culture politique de gauche dans le débat politique et sociétal.

Tout le contraire, en somme, de ce que nous vivons en ce moment. Et pas seulement à Genève

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