Fonds de tiroir
L'initiative « Ecopop »,
version verdâtre des initiatives xénophobes qui scandent depuis
quarante ans la vie politique suisse, risque d'être invalidée pour
défaut d'« unité de la matière », de mauvais coucheurs, dont le
chef du groupe PDC au Conseil des Etats, Urs Schwaller, estimant
que ses deux propositions principales, le plafonnement de
l'immigration et l'obligation de consacrer 10 % du budget de la
coopération internationale au soutien à des mesures de planning
familial, n'ont rien à voir l'une avec l'autre. C'est de la pure
mauvaise foi : limiter le nombre global des métèques, par quelque
moyen que ce soit, c'est bien limiter le nombre d'immigrants
métèques potentiels, non ? Alors bon, comme on ne peut pas
ouvertement proposer le soutien à la propagation d'épidémies
mortelles dans le tiers-monde, à des massacres de population
civile façon syrienne ou à des conflits religieux meurtriers
modèle centrafricain, on fait avec ce que le politiquement correct
tolère : on distribue des préservatifs à la périphérie. C'est une
demie-mesure, d'accord, mais l'important, c'est bien de réduire la
population des autres. parce qu'il faut bien l'admettre : le
monde, il est plein d'étrangers même pas suisses. Et en plus, il
copulent.
Intéressant rappel, par l'historienne Irène Hermann fin janvier, de la réalité politique ce qu'on va toute l'année commémorer à Genève : la restauration de l'Ancien Régime, puis l'adhésion à la Confédération (dont au passage on signalera qu'on vient, une fois de plus, à Genève, de payer le prix lors du vote du week-end dernier sur l'initiative xénophobe de l'UDC) : une restauration légitimée par une pétition signée par 6500 personnes, dont une bonne partie (les étrangers, les femmes, les enfants) n'avaient pas le droit de vote, et dont une bonne partie de ceux qui l'avaient conquis lors de la révolution genevoise allaient le perdre lors de la restauration, abolition du Conseil Général, remplacé par un législatif élu au suffrage censitaire lors d'un scrutin à plusieurs tours truffé d'obstacles destinés à éliminer toute opposition, discrimination des catholiques, absence de vote secret, liberté de la presse réduite à celle de la seule et unique « Feuille d'Avis», suppression de la commune de Genève... on comprend les nostalgies d'une bonne partie de la droite d'aujourd'hui : ce régime, elle en rêve toujours...
L'association « choisir la vie » (ex «Oui à la vie»), en pointe (en Romandie) dans le soutien à l'initiative intégriste pour le déremboursement de l'interruption volontaire de grossesse, s'oppose aussi, et en vrac, aux cours d'éducation sexuelle à l'école primaire, à l'assistance au suicide, au mariage des homosexuel-les, à l'adoption par des couples de même sexe, au diagnostic préemplantatoire et à la procréation médicale assistée. Pour la vaccination, les transfusions sanguines et les pacemakers, on sait pas, mais on se dit que ça aussi, c'est kafr. On a affaire à des esprits éclairés, quoi. Mais éclairés parcimonieusement. Et à la lampe à huiles. Saintes, les huiles.
Le quotidien « Le Temps », que ses propriétaires (Ringier et Tamedia) veulent vendre, a publié récemment un appel à soutenir son indépendance éditoriale et à assurer sa pérennité. Cet appel a été signé par des conseillers d'Etat vaudois et neuchâtelois... mais par aucun conseiller d'Etat genevois (alors que la rédaction du journal est à Genève). Pourquoi ? explication embarrassée du président du Conseil d'Etat genevois François Longchamp : «nous sommes attachés à (la) pérennité » du «Temps », mais «pour des raisons institution-nelles», le gouvernement ne peut pas s'engager dans « une initiative privée » visant précisément à assurer cette pérennité. Ah ben c'est nouveau, ça, ça vient de sortir. On a vraiment élu une majorité gouvernementale audacieuse, à l'automne dernier. Audacieuse, et surtout : pas du tout hypocrite.
Intéressant rappel, par l'historienne Irène Hermann fin janvier, de la réalité politique ce qu'on va toute l'année commémorer à Genève : la restauration de l'Ancien Régime, puis l'adhésion à la Confédération (dont au passage on signalera qu'on vient, une fois de plus, à Genève, de payer le prix lors du vote du week-end dernier sur l'initiative xénophobe de l'UDC) : une restauration légitimée par une pétition signée par 6500 personnes, dont une bonne partie (les étrangers, les femmes, les enfants) n'avaient pas le droit de vote, et dont une bonne partie de ceux qui l'avaient conquis lors de la révolution genevoise allaient le perdre lors de la restauration, abolition du Conseil Général, remplacé par un législatif élu au suffrage censitaire lors d'un scrutin à plusieurs tours truffé d'obstacles destinés à éliminer toute opposition, discrimination des catholiques, absence de vote secret, liberté de la presse réduite à celle de la seule et unique « Feuille d'Avis», suppression de la commune de Genève... on comprend les nostalgies d'une bonne partie de la droite d'aujourd'hui : ce régime, elle en rêve toujours...
L'association « choisir la vie » (ex «Oui à la vie»), en pointe (en Romandie) dans le soutien à l'initiative intégriste pour le déremboursement de l'interruption volontaire de grossesse, s'oppose aussi, et en vrac, aux cours d'éducation sexuelle à l'école primaire, à l'assistance au suicide, au mariage des homosexuel-les, à l'adoption par des couples de même sexe, au diagnostic préemplantatoire et à la procréation médicale assistée. Pour la vaccination, les transfusions sanguines et les pacemakers, on sait pas, mais on se dit que ça aussi, c'est kafr. On a affaire à des esprits éclairés, quoi. Mais éclairés parcimonieusement. Et à la lampe à huiles. Saintes, les huiles.
Le quotidien « Le Temps », que ses propriétaires (Ringier et Tamedia) veulent vendre, a publié récemment un appel à soutenir son indépendance éditoriale et à assurer sa pérennité. Cet appel a été signé par des conseillers d'Etat vaudois et neuchâtelois... mais par aucun conseiller d'Etat genevois (alors que la rédaction du journal est à Genève). Pourquoi ? explication embarrassée du président du Conseil d'Etat genevois François Longchamp : «nous sommes attachés à (la) pérennité » du «Temps », mais «pour des raisons institution-nelles», le gouvernement ne peut pas s'engager dans « une initiative privée » visant précisément à assurer cette pérennité. Ah ben c'est nouveau, ça, ça vient de sortir. On a vraiment élu une majorité gouvernementale audacieuse, à l'automne dernier. Audacieuse, et surtout : pas du tout hypocrite.
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