Tarifs des Transports publics genevois : Tais-toi et paie ?

On revotera le 18 mai sur l'initiative de l'Avivo, « Stop à la hausse des tarifs des Transports Publics Genevois », le premier vote ayant été annulé du triple fait de l'insouciance des initiants, qui avaient transmis deux textes d'initiative différents à la Chancellerie, de l'inattention de la Chancellerie qui ne s'en était pas aperçu, et de la rigidité groupusculaire du Parti Pirate qui avait fait annuler le scrutin.  A l'époque le PS n'avait pas soutenu l'initiative, qui propose (notamment) d'inscrire les tarifs des Transports Publics Genevois dans la  loi, et donc d'ouvrir la possibilité d'un référendum contre toute  modification de ces tarifs, en donnant aux usagers payants des TPG le droit de se prononcer sur des tarifs décidés par des gens s'étant à eux-mêmes octroyés la gratuité des transports publics...

Le droit d''user d'un droit existant : une revendication exorbitante ?

Le PS et les Verts ne soutiendront sans doute pas plus l'initiative de l'AVIVO sur les tarifs des TPG qu'ils ne l'avaient soutenue lors de sa première soumission au peuple -alors même que le PS avait invité ses membres à la signer, dans la foulée d'une pétition lancée par le PS et  d'actions menées par la Jeunesse Socialiste, contre une hausse,  finalement reportée, des tarifs des TPG. Peu importe, après tout : les  partis proposent, les électeurs et trices disposent, et nous disposerons donc de notre soutien à une proposition fondamentalement légitime.
L'initiative aurait sans doute pu se contenter de poser le principe de l'inscription des tarifs dans la loi, et donc de la possibilité de lancer un référendum contre toute modification de ces tarifs plutôt que proposer elle-même une nouvelle grille tarifaire. Mais, outre que nous avons soutenu bien d'autres initiatives « mal foutues », à commencer par l'initiative Minder contre les rémunérations abusives, également « mal foutue », le coeur, l'enjeu de l'initiative de l'Avivo n'est pas dans les tarifs qu'elle propose (en proposant d'ailleurs elle-même le moyen de s'y opposer, puisqu'elle les inscrit dans la loi, et qu'elle les soumet donc à référendum facultatif), mais dans le processus de décision qu'elle instaurerait. Au-delà des points de détail, c'est sans doute bien ce changement du processus de décision que craignent par dessus-tout les opposants à l'initiative. Et qui justifie que nous la soutenions, et vous appelons à en faire autant en la gratifiant à nouveau d'un « oui » le 18 mai, après celui du 3 mars 2013.

D'ailleurs, de quels opposants à l'initiative parle-ton ? A chaque fois qu'un-e porte-parole des TPG, un Conseiller d'Etat, un-e député-e, un-e membre du Conseil d'administration ou un directeur des TPG, ou même un-e Conseiller-e municipal-e de la Ville de Genève, prendra la parole pour s'opposer à l'initiative de l'Avivo, demandons-nous (et demandons-lui) : vous les payez combien, vous, vos billets ou vos abonnements TPG ? Combien de ceux qui vont appeler à s'opposer à l'initiative de l'Avivo, s'acquittent des tarifs des TPG ? Combien, de ceux qui s'opposent à la gratuité des transports publics, en bénéficient déjà, lors même qu'ils la refusent aux autres? Le constat est simple : celles et ceux qui, directement ou indirectement, fixent les tarifs des TPG, sont exemptés ou s'exemptent eux-mêmes de les payer : députés, conseillers d'Etat, membres du Conseil d'administration des TPG, directeurs, disposent d'abonnement qu'ils se font offrir par les TPG ou le canton -ce qui finalement revient au même, puisque les TPG sont une régie publique financée par le canton.
Bref, ceux qui décident des tarifs ne les paient pas, et ceux qui les paient, les usagers lambdas, n'ont rien à dire sur ce qu'ils paient. Si l'initiative de l'Avivo ne devait avoir qu'un mérite, ce serait celui là, et il est politiquement considérable : puisque ceux qui décident des tarifs des transports publics ne les paient pas, qu'au moins ceux qui les paient puissent se prononcer sur ce qu'on leur fait payer -et qu'ils paient d'ailleurs deux fois, une fois par leur impôts, une seconde par leur ticket ou leur abonnement TPG.

Après tout, à Genève, toute modification des lois fiscales, de l'assiette fiscale, des taux d'imposition, des objets de l'imposition, doit obligatoirement être soumise au vote populaire. L'initiative ne demande même pas cela pour les tarifs des transports publics ,: elle ne propose que la possibilité d'un référendum facultatif. C'est-à-dire le droit d'user d'un droit démocratique existant.
Est-ce trop demander ?

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