Cerise américaine sur gâteau suédois : Gripen fouineurs ?

On avait déjà bien des raisons de refuser, le 18 mai prochain, l'achat pour l'armée de l'air helvétique des 22 « Gripen » suédois voulus par les majorités du Conseil fédéral et duparlement : leur coût (3,1 milliards à l'achat, 10 milliards au cours de leur durée d'usage), l'incertitude de leur développement (le modèle que la Suisse prévoit d'acheter n'existe que sur plans), leur inutilité présente (les avions de combat dont la Suisse dispose déjà lui suffisent)... et voilà qu'on apprend, cerise américaine sur le gâteau suédois, que lcs « Gripen » vont embarquer un module de télécommunication américain fourni par une entreprise suspecte d'avoir prêté son concours à l'espionnage généralisé auquel les USA se sont livrés depuis des années. La dépendance à l'écart de ces fouines manquait au tableau -le voilà complété pour produire un NON qui était déjà résolu, et qui devient sécurisant : le « Gripen » supposé protéger la Suisse menace d'espionner les communications de son armée de l'air... On croyait acheter des avions de chasse, et on achète des avions renifleurs ?

Un investissement rentable :  250'000 francs pour en économiser dix milliards

L'alliance « Non aux milliards pour des avions de combat » a présenté à Berne ses (nombreux) arguments militant contre l'achat de ces appareils, des Saab « Gripen », pour un coût officiel de 3,1 milliards de francs (dont un acompte de 40 %, pour un avion qui n'existe encore que sur le papier et dont on ne peut garantir qu'il sera livré tel qu''il a été commandé, et dans les délais prévus...), mais qui engloutiraient en fait une dizaine de milliards pendant leur durée d'usage, alors que, vidée par les cadeaux fiscaux, les caisses publiques sont vides, et ont bien d'autres charges, bien plus utiles, à couvrir que celles d'avions de combat nullement indispensables.
Les milliards claqués pour l'achat, l'entretien et l'usage des « Gripen » (puisque c'est cet achat qui est en cause, de cet avion, pas d'un autre, et pas l'existence d'une flotte suisse d'avions de combat...) vont nécessairement, vu la pingrerie fiscale des majorités politiques régnantes, manquer ailleurs -par exemples, dans la formation, les transports publics, les assurances sociales. Les sommes investies dans l'achat des gros navions de notre glorieuse Luftwaffe compenseraient à elle seule toute la dette de l'Assurance Invalidité, et permettraient de financer une augmentation de l'AVS (comme réclamée par une initiative, « AVSplus », dont les opposants clament qu'elle est « au-dessus des moyens de la Suisse» -qui aurait cependant les moyens de doubler sa flotte aérienne militaire moderne?

La Suisse a-t-elle besoin de 22 avions de combat nouveaux ? Elle en possède déjà 32 (sans compter ses vieux  « Tiger »), des F/A 18, fonctionnels pendant encore au moins vingt ans, et pour la mise à niveau desquels 400 millions viennent d'être dépensés. Avec eux, la sécurité aérienne du pays est plus qu'assurée : l'Autriche, avec une superficie plus importante qu'une Suisse qu'un pilote d'avion de combat traverse le temps d'un éternuement pour se retrouver dans le ciel d'un Etat étranger, assure sa « police du ciel » avec deux fois moins d'appareils... et ce n'est pas par manque d'appareils que la flotte helvétique n'est opérationnelle que pendant les heures de bureaux -c'est pour « faire des économies ». Des « économies » pourquoi ? Pour pouvoir acheter de nouveaux avions inutilisables à l'heure du petit dej' ou de l'apéro du soir ?
Le budget de la campagne des opposants à l'achat des « Gripen » se monte (péniblement, c'est dans un Blériot que combattent les opposants, pas dans un Gripen) à 250'000 francs. Pour en économiser dix milliards, l'investissement est pour le moins rentable. Il témoigne en tout cas d'un plus grand souci de la santé des caisses publiques que celui dont se targuent les forces politiques et économiques qui bétonnent (avec un budget de campagne au moins quarante fois supérieur à celui des opposants) la piste d'envol de l'avion suédois à boîtier telecom américain.

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