Propriété par étages, spéculation immobilière : le MCG est aux affaires...

Sous les cagoules, les larbins...

Au Grand Conseil genevois, le mois dernier, la droite la plus à droite a réussi son coup : la « loi Longchamp », qui voulait mettre fin à l'accaparement spéculatif des logements en « PPE » (propriété par étages) en zone de développement par quelques spéculateurs, a été déficelée par des amendements inspirés par le lobby immobilier et ses relais au sein du parlement (dont quelques députés dont le désintéressement dans ce débat est objet d'un lourd doute). Un exercice qui a vu le MCG passer dans le camp des spéculateurs et des accapareurs. Sous les cagoules des démagogues MCG, il n'y a finalement qu'un groupe de larbins et de cireurs de pompes des milieux immobiliers -même pas des promoteurs, qui après tout en promouvant font au moins quelque chose, mais des spéculateurs et des accapareurs parasitaires. Bref, le MCG est aux affaires. Immobilières.


L'appel au peuple contre la Chambre Introuvable ?

La « propriété par étages » n'est certes pas un instrument d'une politique sociale du logement, mais au moins pourrait-on éviter qu'elle ajoute à la panoplie déjà considérables des terrains et des moyens de spéculer son propre terrain et un moyen nouveau : c'est ce à quoi visait le projet de loi du Conseiller d'Etat PLR (souche radicale) François Longchamp, et ce que voulaient éviter, dans son propre camp et au MCG, les porte-valise, porte-paroles et porte-flingues des spéculateurs. Dans les zones de développement, les prix sont contrôlés par l'Etat pour permettre la construction de logements locatifs d'utilité publique accessibles à la majorité de la population ou de logements vendus en « propriété par étage » à des prix supportables par ce qu'il est convenu de désigner comme la «classe moyenne» (mais dont une grande partie n'atteint ni un niveau de revenu, ni un niveau de fortune suffisants pour pouvoir réaliser le vieux rêve bourgeois de la propriété du logement). C'est ce terrain-là que les spéculateurs ont trouvé pour se livrer à leur art douteux, c'est cet art que la proposition du Conseiller d'Etat Longchamp voulait combattre, et que la droitunie (malgré la grogne de députés PLR issus du parti radical, et de députés PDC, tous finalement remis au pas dans le droit chemin libéral) a trouvé le moyen de laisser prospérer tout en proclamant sa volonté de le combattre : son porte-parole, le député-promoteur MCG Zacharias, a ainsi pu proclamer, sans que nul apparemment n'en relève le caractère masochiste, qu'il fallait « mettre en cage les oiseaux de proie de la spéculation » -mais en se gardant bien de fermer la cage.

A l'automne dernier, le conseiller d’État François Longchamp avait proposé une loi limitant à leurs futurs habitants la possibilité d'acquérir des logements en propriété par étage en zone de développement, afin d'empêcher l'accaparement de ces appartements par des spéculateurs le revandant avec de grosses plus-value à l'expiration de la période de contrôle des prix.  La « loi Longchamp », étudiée en commission, était revenue devant le Grand Conseil avec un rapport favorable de la commission -mais une majorité s'était constituée, à grands renforts de retournements de vestes, pour la réexpédier d'où elle venait afin d'être, selon les mots amers du député PLR Pierre Conne, être « émasculée », ou, selon le mot du Conseiller d'Etat vert Antonio Hodgers, d'être transformée en un « simple tigre de papier », une « coquille vide » privée des moyens de jouer réellement son rôle antispéculatif, mais laissant tout de même accroire en une volonté politique de lutter contre des abus alors que la volonté politique la plus perceptible aux termes des débats parlementaires a été seulement celle de les dissimuler -comme à la Tulette, à Cologny, où la majorité des acquéreurs de 149 appartements en construction en ont acheté plusieurs et où 16 des 45 étages du projet ne sont détenus que par 13 acquéreurs...

L'obligation de résider dans l'appartement acheté, pour s'assurer qu'il l'ait été à des fins de logement et non de spéculation, a ainsi été levée pour être remplacée par une réserve de l’acquisition à des personnes achetant un logement pour la première fois, mais sans obligation d'y résider (et sans réelle volonté de vérifier que ces personnes ne soient pas de simples prête-noms de spéculateurs). Et l'obligation de mettre en location un appartement acheté en violation de la loi a elle aussi été levée, pour être remplacée par des amendes que les accapareurs pourront payer sans problème puisqu'elles sont inférieures à la moitié du prix de revient de l'appartement acheté abusivement. Finalement, par 70 voix (MCG, UDC, PLR, PDC... et Verts) contre 21 (PS, Ensemble à Gauche), la loi déficelée pour être contournable a été votée, le Conseil d'Etat faisant mine de croire qu'elle allait tout de même servir à quelque chose.

C'est l'annonce par les socialistes, d'un possible appel au peuple par voie d'initiative populaire qui va remettre les pendules à l'heure et la balle dans le camp de la population. Ainsi va-t-il falloir agir pendant cinq ans pour que la Chambre Introuvable dont les Genevois se sont gratifiés l'an dernier ne puisse se croire tout permis.

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