Fonds de tiroir

Le plus vieux détenu de Suisse (il avait quand même été condamné à dix ans de prison pour avoir, à  l'âge de 70 ans, abusé de sa fille adoptive, et il avait 82 ans quand il a été arrêté) est mort dans le quartier cellulaire de l'hôpital universitaire de Genève : il avait 90 ans et un cancer généralisé, était dépressif et atteint de démence sénile. Y'en a vraiment qui cumulent les peines. Et en plus, sa mort ne libère même pas une place en prison... oui, on sait, c'est un peu cynique comme remarque, mais à  Genève, en ce moment, quand on parle de prisons et de prisonniers, la bienpensance est un luxe hors de prix, et le politiquement correct un critère obsolète, alors on se lâche...

Le MCG a investi 120'000 balles dans sa campagne contre la participation de Genève à la construction de « parkings-relais » à la périphérie, côté français de la frontière, nous apprend « Le Temps » de vendredi. C'est beaucoup, pour combattre une dépense de 3,1 millions, qui ne représente que 0,5 % des investissements cantonaux, moins de 0,05 % du budget cantonal et à peine plus de 1,5 % de ce que les frontaliers laissent comme impôts à Genève (rétrocession aux départements frontaliers déduite). Mais c'est vrai que, pour le MCG, une campagne comme celle-là, c'est un investissement utile : ces parkings sont destinés à soulager les routes et rues genevoises d'une partie du trafic automobile frontalier, et donc de soulager Genève d'une partie de ses bouchons et embarras de circulation. Or ces bouchons et embarras, le MCG en profite électoralement, en exploitant le mécontentement qu'ils suscitent. Il n'a donc aucun intérêt à ce que les automobilistes genevois circulent mieux. Pas plus qu'il n'a intérêt, par exemple, à ce qu'un salaire minimum réduire le dumping salarial. Ce parti vit du merdier : c'est une sorte de coprophage politique, qui n'a aucune autre source d'alimentation que celle-là : le merdier (circulation, sécurité, sous-enchère salariale etc...). Il est donc opposé aux « parkings-relais » comme il l'est au salaire minimum : un problème résolu, c'est un argument de moins. On a affaire à des cons, d'accord, mais à des cons dotés d'un minimum d'instinct de survie politique.


Jeudi, sur la place fédérale à Berne, quatre présidents de partis de droite (l'UDC, le PLR, le PDC ert le PBD) se sont fait élever à cinq mètres de haut (le plafond que peut atteindre le «Gripen» ? ou alors, c'est l'« Eole » de Clément Ader qu'il veulent acheter ?) par un élévateur de chantier pour prôner le « oui » à l'achat du «Gripen», avec comme slogan « halte à la polémique, tous ensemble pour notre sécurité » . Enfin... surtout « tous ensemble »  pour faire oublier que chacun des quatre avait quelque chose à se faire pardonner par Saab : Toni Brunner, président de l'UDC, devait faire oublier à la fois les doutes émis par son ministre Ueli Maurer sur la nécessité de l'avion, et les pitreries du même ministre dans la campagne en faveur de son achat, le président du PLR, Philipp Müller, devait faire oublier qu'il avait, le premier, qualifié le « Gripen » d'« avion de papier », le président du PDC, Christophe Darbellay, devait faire oublier qu'il avait renoncé à assumer la présidence du comité de campagne « proGripen » pour laisser l'UDC se dépatouiller avec ce fardeau et le président du PBD devait faire oublier que son parti ne pèse que des plumes. Bref, les vrais ou faux partisans du « Gripen »  rament comme des malades pour rattraper leurs propres conneries. On n'est pas encore certains de la gagner, cette votation, mais quel qu'en soit le résultat, elle aura au moins eu le mérite de bien nous faire rigoler...

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