DIS, TONTON, C'EST ENCORE LOIN, L'UNITÉ ? TAIS TOI ET VOTE...

Avertissement : Aujourd'hui, on va se la jouer métaphorique. Parabolique. Subtilement allusif, quoi, vous voyez le genre. C'est pas pour brouiller le message (parce que, voui, y'a un message...), c'est juste pour éviter de se fâcher avec des copains. A sept mois des zélections, faut pas se fâcher avec des copains. Tout l'art consiste donc, quand les copains font des conneries, à leur faire comprendre qu'ils font des conneries sans leur dire qu'ils font des conneries. D'où les métaphores, les paraboles et les subtiles allusions. On marche sur des œufs, là. Des œufs d'autruche, même. Pondus la tête dans le sable.

  Alors voila : on dirait qu'on serait dans une réunion de famille. Autour de la table, les frères, les sœurs, les cousins, les cousines, comme d'hab' depuis des lustres. Et comme d'hab' depuis des lustres, ils s'engueulent. Parce que c'est une famille vivante. Plutôt la famille Adams que "ces gens-là" de Brel. D'abord, y'a les aînés, tonton et tati Péhesse. ça leur fait bien 125 ans aux cerises (quand donc en reviendra le temps ?), mais frais comme des gardons de l'année, ils sont. Pis y'a tati Verte et tonton Vert. Les benjamins. A peine quarante ans. Des gamins de l'après 68, quoi. Ils veulent pas sauver le prolétariat, le peuple ou le monde, tati et tonton Verts, ils veulent carrément sauver la planète. Même si elle s'en fout, la planète. C'est ça, les jeunes, ça a toujours les yeux plus gros que le ventre. Et entre les deux, y'a toute la smala des cousins et cousines Gauchedelagauche,  avec leur tonton Rémy. Eux, leur truc, à part croire qu'ils sont toute la famille à eux tout seuls, c'est de s'engueuler entre eux, avant de s'engueuler avec les autres. Les réunions de famille, ils sont capables de les animer sans l'aide de personne.
Ah ouais, on avait oublié de vous le dire : la réunion de famille en question, c'est une réunion de la famille de la gauche genevoise. Notre famille à nous, quoi. Genre élargie, un peu recomposée, même. Et elle s'est réunie, la famille de la gauche, pour préparer l'excursion de printemps qu'elle fait tous les quatre ou cinq ans, toujours vers la même destination, l'Hôtel de Ville et le Palais Eynard. Il ne s'agit à chaque fois que de savoir si on la fait ensemble, cette excursion, ou pas, histoire de semer les randonneurs concurrents. Mais cette fois, si tonton et tati Péhesse, et tonton et tati Verts veulent bien la faire ensemble, l'excursion, et prendre avec eux tonton Gauchedelagauche, qui est d'accord, y'en a (mais pas tous) dans sa smala à lui qui veulent pas partir avec les autres, parce qu'ils veulent se compter pour montrer comment qu'ils sont vachement forts tout seuls sans l'aide de personne. Avant de rejoindre les autres pour le dernier bout du parcours. En l'ayant soigneusement piégé avant, le parcours, pour que tonton Rémy se casse la gueule avant l'arrivée. On est assez taquins, chez les cousins Gauchedelagauche. Même que c'est pour ça qu'on les aime.

Mais non, on se moque pas. C'est pas notre genre, de se moquer, surtout sur cette page et surtout dans ce journal. On essaie juste d'expliquer. De résumer. D'aller à l'essentiel. A cette question innocente :  Dites, les cousins, ça serait pas plus élégant, plus franc, quoi, de lui dire clairement à tonton Rémy que vous ne voulez plus de lui, plutôt que de l'expédier en campagne en faisant tout pour qu'il se casse la gueule avant la dernière étape ? Parce que nous, là, les cousins Péhesse et Verts, on sait pourquoi on part, avec qui on part, avec qui on veut arriver, on n'attend plus que Tonton Rémy pour partir tous ensemble, alors si vous pouviez lui lâcher les bretelles et le laisser rejoindre les trois autres randonneurs aux côtés desquels il a été élu il y a quatre, sur une liste unitaire, ça aiderait à éviter que la cordée d'en face lui pique sa place, à tonton Rémy...
A moins bien entendu que ce soit précisément ce que vous cherchiez, qu'il se plante...

Alors, comment vous la trouvez, ma parabole ? naze de chez naze ? Ben ouais, y'a pas de miracle, hein, on fait le film qu'on peut avec le scénario qu'on nous donne et les acteurs qu'on a... Paraît qu'à Lausanne y'a un festival du film chiant. Y'a pas à dire, on devrait concourir.