Israël : répression antisyndicale au prétexte de la « sécurité » : « Simple, propre et sournois »


    

« Simple, propre et sournois » : c'est ainsi que le syndicat de travailleurs palestiniens des territoires occupés, WAC-MAAN (www.wac-maan.org.il/en/about), décrit la méthode utilisée par un patron israélien pour licencier un travailleur qui avait eu le front de vouloir créer un syndicat dans son entreprise. Une méthode simple : le patron l'a dénoncé comme un « risque pour la sécurité » d'Israël. Ce qui a entraîné la révocation de son permis de travail, et son licenciement de facto. Il ne nous semble pas avoir beaucoup entendu la grande centrale syndicale israélienne, la Histadrut, membre de la Confédération syndicale internationale (et, auparavant, de la CISL social-démocrate), dénoncer ces pratiques. Mais peut-être ses protestations nous ont-elles échappé...

En afrikaan dans le texte : «  Apartheid »...


Cinquante ouvriers palestiniens du garage Zarfati, dans la zone industrielle de Mischor Adumim, en Cisjordanie occupée, se sont regroupés en un syndicat à la tête duquel a été élu un mécanicien travaillant depuis dix-sept ans dans l'entreprise, Hatem Abu Ziadeh. Le 22 juillet dernier, ils se sont mis en grève pour obtenir une augmentation salariale (ils sont payés quatre francs de l'heure...) et de meilleures conditions de travail. Pour briser la grève, le patron a eu recours d'abord à des méthodes éprouvées : le recours à des briseurs de grève et à des casseurs. Ces méthodes ont échoué, la grève s'est poursuivie. Jusqu'à ce que le patron trouve le moyen, « simple, propre et sournois » de se débarrasser du meneur du mouvement : le faire passer pour un terroriste en puissance, saboteur de véhicules militaires et même, clandestinement, officier de la sécurité de l'Autorité Palestinienne. Un ennemi, donc. Plus seulement un ennemi de classe, mais un ennemi de l'Etat. Hatem Abu Ziadeh a du coup été privé de son permis de travail, et donc de son emploi. Un licenciement non pour son activité syndicale, ce qui eût été illégal, mais sur l'accusation d'être un danger pour la sécurité de l'Etat. Israël est signataire des conventions de l'OIT garantissant les libertés syndicales, et le droit israélien, issu sur ce point du parti travailliste et de la centrale syndicale Histadrut, les garantit aussi. Mais ce droit, et son respect, datent aussi d'avant l'occupation de la Cisjordanie et  de Jerusalem,  d'avant la colonisation  -d'avant la dissolution du sionisme « de gauche » dans l'explosif cocktail du racisme anti-arabe et du délire biblique. Bref, aujourd'hui, les libertés syndicales ne valent pas plus que les autres libertés fondamentales d'être garanties aux Palestiniens*. C'est ce qu'on appellait, en Afrikaan dans le texte, l'Apartheid, non ?

Et pendant ce temps, business as usual, une quarantaine d'entreprises suisses, dont certaines liées à l'Ecole Polytechnique fédérale de Lausanne, ont négocié des «précontrats» avec l'entreprise israélienne Elbit, qui doit livrer des drones à l'armée suisse en 2015, moyennant des compensations pour un quart de milliard de francs à des entreprises suisses, ce qui au passage lui permettrait d'accéder à quelques technologies helvétiques utiles à l'amélioration de sa propre production -celle d'armes qui ont tué des civils cet été à Gaza. Selon Le Matin Dimanche, Elbit se serait même engagée (mais rien n'est encore signé, assure le porte-parole de l'EPFL) à financer des recherches au Poly de Lausanne.

Le SOLIFONDS (www.solifonds.ch) lance un appel de fonds** pour regarnir financièrement le fonds d'action qui lui permet de répondre aux demandes d'organisations de travailleurs qui ont à faire face, comme celles des travailleurs palestiniens des territoires occupés, à une répression parfois moins «  propre et sournoise » que celle dont a été victime Hatem Abu Ziadeh, mais aussi parfois plus « simple », puisqu'elle consiste à abattre purement et simplement les militants syndicaux gênants.
     
** Pour répondre à cet appel de fonds : Compte postal 80-7761-7, SOLIFONDS

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