Fonds de tiroir


On a parfois ironisé bêtement sur les affres de la « gauche de la gauche» genevoise, ses querelles de préséance, les contradictions entre ses composantes, les vélléités d'au moins l'une d'entre elle de parler toute seule au nom de toutes les autres... mais on a trouvé plus roboratif encore : la gauche de la gauche tessinoise. Doit y'avoir un «effet frontière» .... Donc, si on a bien compris ce que « Gauche Hebdo » nous a narré, le Parti communiste de la Suisse italienne a été exclu du Parti suisse du Travail, après que le PCSI ait lui-même exclu de ses rangs toute une série de militants qui ont ensuite formé un Parti Ouvrier et Populaire du Tessin (POP-TI, que le PST a admis comme sa section  cantonale, et qui va se présenter aux élections cantonales sans faire liste commune avec le PC, qui fera en revanche liste commune avec le Mouvement pour le socialisme (MPS). Vous suivez ? Si vous êtes genevois, pas de problème, vous avez de l'entraînement. Sinon, reprenez l'explication au début et essayez d'en faire un graphique avec des flèches qui partent d'une organisation pour arriver à une autre en en contournant une troisième qui, elle, se sera collée à une quatrième pour emmerder la première avec qui elle était collée dans le graphique précédent.

Mais y'a pas que la gauche de la gauche qui vaut le détour, au Tessin (toujours comme à Genève) : y'a aussi la droite de la droite. Donc, concurremment à la Lega dei Ticinesi vient de se créer une Lega Sud, qui a déposé une liste pour les élections cantonales, en proclamant que, contrairement à la Lega bignascesque, elle regarde vers le sud (donc vers l'Italie, ou plutôt la Lombardie), c'est-à-dire vers la Lega italienne, c'est-à-dire la Lega Nord. Déjà là, faut une boussole. Et une bonne, parce que non seulement les Tessinois de la Lega Sud ne se disent plus tessinois mais lombards, mais la Lega Nord (l'italienne, donc), qui se dit elle aussi lombarde, confirme son cousinage avec la Lega dei Ticinesi, laquelle dénonce les frontaliers lombards comme des envahisseurs et se proclame « la seule Lega au Tessin » pendant que la Lega sud lui suggère de changer de nom et propose l'annexion de la Mesolcina grisonne par le Tessin, puis la fusion du Tessin avec la Lombardie devenue indépendante. Joussif, non ? En tout cas, une idée à importer à Genève, donc : la création d'un MCGG (Mouvement Citoyens du Grand Genève -ou de la Grande Genève, comme on voudra), avec tout plein de frontaliers dedans, et comme programme l'annexion de la côte vaudoise et du Pays de Gex, puis la fusion avec la Savoie devenue indépendante. Avec évidemment Genève comme capitale. Et l'adhésion de cette PGG (Plus Grande Genève) à l'Union Européenne, tant qu'à faire.

En 2014, les salaires effectifs (compte tenu d'une inflation de 0,1 %) ont augmenté en moyenne de 0,8 %, et les salaires minimaux de 0,7 %, pour les salariés couverts par des conventions collectives de travail concernant au moins 1500 salariés. Les salaires effectifs ont augmenté de 0,6 % dans le secteur secondaire et de 0,9 % dans le secteur tertiaire, de 1,4 % dans la branche des transports et de l'entreposage, mais de rien du tout dans l'administration publique, la santé, l'enseignement et l'action sociale, et de presque rien dans l'hôtellerie et restauration (+ 0,2 %) et l'information et la communication (+ 0,1 %). Voila. Maintenant, si la hausse annoncée des salaires conventionnels ne couvre pas celle des primes d'assurance-maladie, c'est la faute à pas de chance, la main invisible peut quand même pas tout faire, hein...

Le 8 mars, on vote à Genève sur le projet de nouvelle loi sur la police, attaquée en référendum par l'extrême-droite, la gauche de la gauche et les syndicats. Mais trois des 68 articles de la loi, portant sur les moyens d'enquête accordés à la police avant la commission d'un crime ou d'un délit (écoutes, films, infiltrations etc...), ont été annulés par le Tribunal fédéral sur recours du PS et des Verts alors que dans la brochure officielle que les citoyens et yennes ont reçu pour les informer de ce sur quoi ils doivent voter, ni la présentation du projet, ni le commentaire des autorités ne soufflent mot de cette annulation, que le commentaire des référendaires n'y fait que succinctement allusion, et que le texte de loi publié dans la brochure contient les trois articles annulés.. Bref, on va donc devoir voter sur un projet de loi obsolète, qui, s'il était accepté par le peuple, serait attaqué en justice (ce que le PS a annoncé qu'il ferait). On pourrait même, théoriquement, faire annuler le vote lui-même. ça ne vous rappelle rien ? Mais oui, allez, un chti effort de mémoire : l'initiative de l'AVIVO sur les tarifs des TPG, acceptée par le peuple en votation, après quoi la votation a été annulée parce que le texte publié dans la brochure officielle n'était pas le texte valide de l'initiative...  A Genève, on aime tellement voter qu'on se débrouille pour voter plusieurs fois sur le même objet, ou pour faire annuler en justice au moins une partie de ce qui a été accepté dans les urnes. De grands démocrates, on est. Des fétichistes de l'urne, même.

Le PDC Philippe Morel qui s'était porté candidat à la Municipalité de Vandoeuvres aux côtés du MCG Ronald Zacharias et de l’UDC Jérémy Gardiol a retiré sa candidature sur pression de son parti. Il s’était d'ailleurs dit prêt à le faire si elle devait « créer trop d’émotions ». Et comme elle en a créé trop, le coïtus interuptus s'imposait. « Philippe Morel, comme son parti, ne partage en rien les idées politiques du MCG et de l’UDC et n’entend pas figurer sur la même liste que des membres de ces partis », peut-on lire dans le communiqué commun du PDC et de son ex-candidat qui, au moment où sa candidature était annoncée par le service des votations et élections, s'était contenté de dire que « figurer sur la même liste que ces gens (Zacharias et Gardiol, donc) ne signifie pas que je partage leurs positions et leurs propos ». ça signifiait quoi, alors ? Simplement que Morel est prêt à tout pour se faire élire à un exécutif quelconque...

Au cas où vous ne le sauriez pas, on est entrés en campagne électorale, à Genève. Pour les Municipales. En Ville, quelques places au Conseil Administratif seront chères. Dont celle du seul représentant de la droite, le PDC Guillaume Barazzone. Bon, le refus de la «gauche de la gauche» de faire liste commune avec le PS et les Verts lui facilite quand même les choses, mais le PLR Adrien Genecand fait aussi feu de tout bois dont on fait les langues pour prendre la place du démo-chrétien. Donc, notre Guillaume orange, histoire de se mettre dans les fouilles l'électorat des petits commerçants et des cafetiers, a proposé de ne pas appliquer la hausse des taxes d'utilisation du domaine public décidée par  le Conseil d'Etat. Sauf qu'il n'en a pas parlé à ses collègues, et que si sa proposition était suivie, elle ferait perdre six millions de recettes à la Ville. Justement les six millions qui ont permis d'équilibrer le budget municipal de 1,1 milliard, grâce auquel Barazzone a pu financer l'engagement d'une vingtaine de policiers municipaux supplémentaires. Mais bon, c'est la campagne électorale, et les promesses volent bas. D'ailleurs, le concurrent direct de Barazzone, Genecand, fait lui aussi dans la promesse idiote : il propose une baisse d'impôts de 10 %. Sans même avoir le pouvoir de la décider.  Quand on vous dit qu'elle vaut le détour, la droite municipale genevoise, vous nous croyez, maintenant ?

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