Pour Ayop Aziz, et tous les autres : Rassemblement ce matin à 9h à la pierre de Plainpalais


« Un renvoi scandaleux, effectué de façon sournoise et anti-démocratique ! » Fin février, les défenseurs des requérants d'asile ont appris que l'Office cantonal de la population et des migrations (OCPM) préparait le renvoi vers l'Espagne d'Ayop Aziz, victime de l'incendie du Foyer des Tattes survenu en novembre dernier, incendie qui avait fait un mort et quarante blessés, dont onze grièvement. Un collectif citoyen, le comité de solidarité avec les sinistrés des Tattes, a déposé début mars une pétition urgente au Conseil d'Etat, lui demandant d'intervenir auprès de Berne pour que le renvoi des victimes de l'incendie soit suspendu, ou de renoncer de lui-même à exécuter ce renvoi. Cette pétition a récolté en 20 jours près de 2200 signatures. Sans même se donner la peine de répondre, les autorités pourraient procéder aujourd'hui au renvoi d'Ayop Aziz... « Un renvoi scandaleux, effectué de façon sournoise et anti-démocratique ! », dénonce le comité de solidarité... à moins que... deux instances peuvent encore empêcher le renvoi du jeune homme : Berne, en renonçant à l'exiger, ou Genève, en refusant (comme la Ville de Genève le lui demande) de l'exécuter. Il faudrait pour cela un minimum de quelque chose : du courage. Tout à l'heure, à 9 heures, à la pierre de Plainpalais, on lui en demandera un peu. Ce qui devrait « être au centre des préoccupations du Conseil d’Etat ». Et ne l'est pas (encore). Le renvoi contre lequel nous nous rassemblerons tout à l'heure, est celui d'un requérant d'asile Tchadien de 19 ans, Ayop Aziz, tombé du 3e étage pour échapper à la fumée de l'incendie du foyer des Tattes et grièvement blessé à la tête. Ayop est sous traitement médical, et son renvoi, que ses médecins déconseillent formellement, aurait pour conséquence d'interrompre ce traitement. En outre, ce renvoi empêcherait le jeune homme de faire valoir ses droits en indemnisation et d'obtenir la réparation de son dommage. Car l'Etat est propriétaire du Foyer des Tattes, l'Hospice général, organisme public en est l'exploitant, et ce n'est pas la première fois que les Tattes brûlent : en décembre dernier, plusieurs personnes, dont un enfant d'un an, avaient été blessées dans un début d'incendie, et plusieurs départs de feux sont enregistrés chaque année. Il y a un mois, le Conseiller d'Etat MCG Mauro Poggia avait lui-même concédé qu'il « ne serait pas correct d'expulser ce requérant blessé avant que toute la lumière ne soit faite » sur l'incendie des Tattes, et que cela pourrait être interprété comme une volonté de ne pas assumer de responsabilité dans cet incendie. On se risquera donc à l'interpréter ainsi, d'autant qu'Ayop a été arrêté par la police alors qu'il, se rendait à une audition par le Ministère public, après qu'il ait déposé plainte contre l'Hospice Général, et qu'il n'a finalement été entendu (par la police) qu'en l'absence de son avocat. Un collectif citoyen a déposé début mars une pétition urgente au Conseil d'Etat, lui demandant d'intervenir auprès de Berne pour que le renvoi des victimes de l'incendie soit suspendu, ou de renoncer de lui-même à exécuter ce renvoi. Cette pétition a récolté en 20 jours près de 2200 signatures, dont celles de nombreuses personnalités politiques. Les autorités politiques n'ont pas même accusé réception de la pétition, la chargée de communication de Maudet s'étant contentée de déclarer que son département ne communiquait pas sur les « cas particuliers ». Car il ne devrait pas y avoir, s'agissant des requérants d'asile  déboutés et menacés d'expulsion, de « cas particuliers » . Il n'y a rien qu'un stock à gérer d'immigrants pour la réexportation. Et qui se risquerait à faire remarquer qu'après tout, ce sont des êtres humains qui constituent ces stocks se verra toujours opposer le même discours, sur la loi qui s'applique (au stock) sans discussion et les décisions (d'expulsion) qu'il faut respecter sans barguigner. Tout à l'heure, à 9h à la pierre de Plainpalais (sur la plaine, côté Uni-Mail), nous demanderons au Conseil d'Etat qu'il renonce à exécuter le renvoi d'Ayop, que sa détention administrative soit levée et qu'il soit remis en liberté, que les charges retenues contre lui du fait de l'exécution déloyale de son renvoi, soient abandonnées, et qu'il suspende immédiatement l’ensemble des expulsions prévues à l’encontre des sinistrés des Tattes. Parce que, pour reprendre les termes de la prise de position du Conseil, administratif de la Ville, qui demande également qu'Ayop ne soit pas expulsé « Genève a de tout temps été une terre d’accueil. Berceau des conventions de Genève, capitale des droits humains, elle se doit d’être exemplaire. Respecter la dignité humaine, le droit à l’accès aux soins et à un procès équitable devraient être au centre des préoccupations du Conseil d’Etat » . « Devraient », parce que ne sont pas. Pas encore.

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