Fonds de tiroir


La Société Suisse d'Utilité Publique a organisé un concours pour trouver un nouvel hymne national suisse. De ce concours sont sortis six projets. Dont trois reprennent la musique de l'actuel « cantique suisse ». Quant aux paroles, l'accueil reçu par les projets est... disons assez mitigé : « on dirait un mélange entre des chants religieux et un bulletin météo ». Comme, déjà, les paroles de l'hymne actuel : « sur nos monts quand le soleil... »  etc... De son côté, l'UDC veut garder l'hymne actuel tel quel, paroles et musique : « il fait partie de notre patrimoine »... Du coup, l'écrivain Silvio Blatter a eu une idée géniale : un hymne sans paroles. Comme l'hymne espagnol actuel (les paroles franquistes ont été virées sans être remplacées). Y'a de l'idée. Mais elle reste à mi-chemin. L'idéal, en fait, c'est un hymne sans paroles ni musique. Ou alors le Ranz des Vaches, tant qu'à faire dans le patrimonial ?

On a trouvé ça, qui nous avait mis en joie avant qu'on apprenne que c'était un canular : en juillet 2014, une équipe de baleiniers japonais aurait été victime près de la côte au Sud-Est de l’Afrique du Sud, de l'assaut meurtrier d’un groupe d’orques, qui auraient tué 16 membres de l’équipage Ben finalement, c'était bidon, cette histoire. Dommage, non ? Mais une question nous taraudait: le chasseur de baleine japonais, ça se bouffe avec des baguettes?

Le 5 mars, le PLR genevois, réuni en assemblée des délégués, a tenté de mettre ses pendules à l'heure dans le débat sur les « abus » lors des ventes en propriété par étages (PPE) dans les zones de développement, c'est-à-dire l'accaparement par des spéculateurs (ou des thésauriseurs fonciers) d'appartements qu'ils n'habitent pas mais qu'ils ont l'intention soit de louer, soit de revendre avec une plus-value confortable une fois le temps passé du contrôle de l'Etat. Le Conseiller d'Etat PLR François Longchamp avait proposé une loi pour mettre fin à cette pratique, cette loi a été castrée par la droite, MCG en tête, mais le PLR suivant le train des zachariens. Et finalement, la loi castrée a été partiellement invalidée par le Tribunal Fédéral, alors que la gauche lançait une initiative pour remettre sur le tapis le projet du Conseiller d'Etat de droite. Du coup, le PLR doit tenter de mettre un peu d'ordre dans ce boxon, et son conseiller d'Etat de ranger les députés de son propre parti de son propre côté. L'ancien Conseiller d'Etat Claude Haegi a d'ailleurs fait voter à François Longchamp des « félicitations pour avoir pris l'initiative »  de lutter contre les abus dans la vente en PPE. Et de féliciter la gauche de tenter par une initiative de rattraper les conneries de la droite, personne n'y pense, au PLR ? On mériterait, pourtant... Parce que sauver Longchamp de ses propres troupes, franchement, ça frise l'abnégartion. Ou le masochisme.

Le « think thank » (en français, on dirait club de réflexion...) libéral «Avenir Suisse» a le droit d'initiative dans le nez : constant qu'il est de plus en plus utilisé, de plus en plus utilisé par des partis politiques (surtout le PS et l'UDC), et parfois pour promouvoir des textes inapplicables (genre initiatives contre «l'immigration de masse»), « Avenir Suisse » propose, tout en protestant de son attachement à ce « pilier de la démocratie directe suisse », toute une série de mesures pour en restreindre l'exercice : contrôle préalable de la validité du texte avant la récolte de signatures, augmentation (à 4% du corps électoral, soit actuellement environ 210'000 signatures, plus du double qu'actuellement) du nombre de signatures exigées (ce qui excluerait de l'usage du droit d'initiative tous les petits groupes sans grands moyens), en échange de l'introduction d'une initiative législative deux fois moins coûteuse en signatures, référendum obligatoire sur la mise en oeuvre des initiatives acceptées, soumission d'une seule initiative au peuple par votation fédérale... De la bonne sécurité technocratique contre les foucades populaires, quoi... Mais le plus marrant de l'histoire, c'est que comme on voit mal quel parti politique prendra le risque de se profiler contre les droits populaires, il va bien falloir qu'« Avenir Suisse »  lance ou fasse lancer une initiative pour le restreindre, le droit d'initiative... Dans le genre mise en abyme, c'est assez réussi...

La fédération patronale genevoise des métiers du bâtiment (FMB) se prononce sur les élections municipales et les candidatures à l'exécutif de la Ville de Genève : « après plus de 20 ans de majorité de gauche, les entreprises méritent un changement de majorité pour une politique qui tienne mieux compte de leurs attentes et préoccupations ». La FMB soutient donc, à la surprise générale, les quatre candidat-e-s de l'Entente PLR-PDC. Qui sont donc ce que « les entreprises méritent » ? Ben ouais, faut croire. Et le candidat UDC, et les candidats MCG, les entreprises ne les « méritent » pas ? Ben non, faut croire. Et ces entreprises là, d'entente avec l'Entente, est-ce que Genève les « mérite » ? Euh...

Au Conseil Municipal du Mans, le groupe Front National s'est opposé avec virulence à une proposition de subvention accordée au Planning Familial, dont les frontistes ont dénoncé « le sectarisme et l'idéologie relativiste et morbide », et qu'ils ont qualifié d'association « dont le but est d'encourager l'élimination d'enfants sous couverts de principes humanistes » (en 2012, Martine Le Pen avait déjà dénoncé une fantomatique prolifération d'« avortements de confort »). N'empêche qu'il y en a au moins un au Front National qui doit regretter n'avoir pas mieux écouté le Planning Familial et suivi ses conseils contraceptifs quand il était encore temps : c'est le père de Marine Le Pen... Ben ouais, quoi,  le meilleur moyen d'éviter le meurtre du père par sa fille, c'est d'éviter d'avoir une fille, non ?

Pour les élections départementales françaises, la loi a imposé aux partis la présentation de « binômes » paritaires : un homme et une femme, sinon la liste n'est pas valide. Les partis se sont exécutés, et les assemblées départementales sont donc composées à part strictement égale de femmes et d'hommes. Mais les assemblées, seulement, par leurs présidences : sur 101 présidences, seules onze seront assumées par des femmes, dont six par des présidentes sortantes. Ben ouais, la parité, si on l'instaure, faut pas se contenter de l'instaurer dans les assemblées, faudrait aussi penser à l'instaurer dans les chefferies des assemblées. Parce que sinon, c'est juste un truc pour se donner bonne conscience. Du féminisme low coast, en somme.

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