Fonds de tiroir


Le MCG et l'UDC n'ont cessé pendant toute la campagne électorale de dénoncer le refus du PLR et du PDC (surtout du PDC, à vrai dire...) de faire alliance avec eux, contre la gauche. Mais en même temps qu'ils dénonçaient le refus de la droite traditionnelle de s'allier avec eux, ces deux partis dénonçaient comme étant « contre-nature » les alliances ponctuelles passées par le PDC et le PLR avec le PS et les Verts pour empêcher l'élection (ou la réelection) de candidats MCG dans les conseils administratifs d'Onex, Lancy, Vernier... Donc c'est quoi, la définition d'une alliance « contre nature » , pour le MCG ? C'est simple : c'est une alliance conclue par la droite, avec la gauche, contre lui. En revanche, une alliance conclue par la droite avec lui contre la gauche serait une alliance naturelle. Raisonnement lumineux (quand on est contre le MCG, on est contre nature) qui renvoie définitivement aux poubelles de l'histoire politique locale la prétention du MCG de n'être « ni de gauche, ni de droite » ...

Après le deuxième tour de l'élection des Conseils administratifs vint l'heure des bilans des Municipales, pour chaque parti. A part l'UDC qui a admis avoir perdu (mais en a rendu responsable le reste de la droite ayant refusé de faire alliance avec elle), tous les partis ont trouvé le moyen de se proclamer vainqueurs. Même le MCG, dont le luminescent président, Roger Golay, qui s'est lui-même pris une veste à Lancy, proclame dans la «Tribune de Genève» de lundi, non seulement que « le MCG n'a pas perdu ces élections », mais même que « cela a très bien marché » pour lui . Bref, que le MCG a remporté une victoire. Le MCG ayant été battu partout où il présentait un candidat au Conseil Administratif, ayant perdu son seul siège dans un exécutif municipal (celui de Gominator à Onex), et ayant perdu une dizaine de sièges dans les Conseils municipaux, on ne peut que lui souhaiter encore beaucoup de victoires du même genre.

A Carouge, après l'élection au Conseil Administratif de la PLR Anne Hiltpold au siège abandonné par « Ensemble à Gauche »  (la socialiste Stéphanie Lammar et le Vert Nicolas Walder gardent haut la main leurs propres sièges), le PLR Bertrand Buchs se console comme il peut dans la « Tribune de Genève » de lundi (il le convoitait aussi, ce siège : essayé, pas pu) : « il était important que la droite récupère au moins un siège ». Voui, mais si c'était peut-être « important », c'était surtout d'autant plus facile qu'il ne lui était pas contesté par la gauche, ce siège... à vaincre sans péril, hein...

Le 14 juin, à Genève, on votera sur un projet de modification de la loi sur les démolitions et transformations (LDTR), projet adopté par la droite du Grand Conseil à l'initiative du MCG (et en particulier de l'un de ses sponsors, le député Zacharias), pour, sous prétexte de favoriser la transformation de bureaux en logements, permettre aux propriétaires fonciers n'arrivant ni à vendre ni à louer leurs bureaux de les fourguer en logements, le temps que le « marché »  se reprenne et qu'ils puissent les retransformer en bureaux. La loi a été attaquée en référendum par la gauche, et donc on votera. Un peu inquiets du résultat possible du vote, les partisans de cette « lex Zacharias » tentent non seulement de la présenter pour ce qu'elle n'est pas (une loi « favorable au logement »), mais aussi de se présenter eux-mêmes pour ce qu'ils ne sont pas : ils distribuent donc (ou plutôt font distribuer) dans les boîtes aux lettres un tract rose appelant à voter « oui »  au nom de « valeurs de gauche », et signé d'un fantomatique « Collectif pour des Logements à Loyers Abordables » et d'une non moins fantomatique « Association Genevoise des Locataires Progressistes » (les majuscules sont d'origine...), qui nous font irrésistiblement penser à cette autre fantomatique sous-marque commune du MCG et de la Chambre Immobilière, « Pro Loc », qui se fait passer pour une association de défense des locataires mais est logée par le député Zacharias, est présidée par la «verte libérale» Sue Putallaz, et est ouée à affaiblir l'Asloca. Les milieux immobiliers créant une pseudo-association de locataires, on se dira que ce n'est peut-être que le début d'un joli bal masqué politique à Genève, et on  attend donc avec impatience la création d'un syndicat de frontaliers par le MCG, d'un collectif de défense des requérants d'asile par l'UDC et d'une coordination laïque par Tariq Ramadan...

On commence à fatiguer à force d'entendre le MCG expliquer ses défaites aux élections des Conseils administratifs par les « alliances contre-nature »  passées entre la gauche et la droite démocratique. Parce que si de telles alliances ont effectivement été passées (et ont fonctionné) à Vernier, Onex et Lancy, à Meyrin, Carouge et Genève, ni la gauche ni la droite démocratique n'en ont eu besoin pour reléguer les candidats MCG en queue de résultats. Va falloir trouver autre chose pour expliquer vos plantées, les gars...

Le curé de Bürglen est rentré dans le rang, et la chrétienté toute entière est soulagée. Faut dire qu'elle retenait son souffle, la chrétienté, depuis que ce brave curé avait béni (pas marié, seulement béni) un couple de lesbiennes, à la grande fureur de son évêque, qui l'avait sanctionné pour cette faute impardonnable, en l'exilant à Fribourg. Parce que si les curés ont le droit de bénir des animaux ou des motos, ils n'ont pas le droit de bénir des couples homosexuels. Donc, si on comprend bien, si les filles à qui le curé de Bürglen avait accordé sa bénédiction roulaient à moto, le curé aurait pu bénir la moto. Mais pas les filles. Et si elles étaient éleveuses de vaches, le curé de Bürglen aurait pu bénir les vaches. Mais pas les filles. Donc le curé de Bürglen avait fauté en bénissant l'union des deux filles. Et il a dû promettre de ne pas recommencer pour pouvoir rester curé de Bürglen. Bénir un couple de filles, il ne le fera plus, le curé de Bürglen. Bénir un troupeau de vaches ou une portée de chiens, il pourra toujours. On a le sens des vraies valeurs, dans l'église catholique.

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