Fonds de tiroir


«Le MCG, champion des doubles mandats », titre «Le Courrier » de mardi dernier, en examinant la situation des membres du Conseil Municipal de la Ville de Genève. Et en effet, si dans quatre des sept groupes du Conseil Municipal (il n'y a que chez les Verts, au PS et au PLR que ce n'est pas le cas), on trouve des conseillères et conseillers municipaux qui sont aussi députées et députés au Grand Conseil (ou, comme le Conseiller admninistratif PDC Barazzone, au Conseil national), au MCG, c'est carrément la majorité du groupe qui est formée de cumulards. Et encore, on ne tient compte que des mandats électifs, parce que si on y ajoute les mandats dans les conseils de fondation et d'administration, avec les èmecégistes, on a affaire à une tribu de supercumulards multicartes. Mais ça tombe bien : le MCG n'est pas seulement «champion des double mandats », il est aussi «champion du double discours »... populiste et « ni gauche ni droite » pour la galerie, notabiliste et à droite toute pour le pognon et le pouvoir...

Le cabinet-conseil international PricewaterhouseCoopers SA, qui milite ardemment contre l'initiative sur l'imposition des successions en Suisse, y voit « une atteinte potentiellement grave à la prospérité du pays ». D'un pays, la Suisse, qui connaît en effet la plus grande concentration de la fortune de tous les pays de l'OCDE : les 2 % des contribuables les plus riches possèdent autant de fortune que les 98 % restants. Et parce qu'en Suisse, ils peuvent hériter de leurs énormes fortunes sans avoir à payer d'impôt, la concentration de ces dernières ne cesse de croître. C'est cela, la «prospérité du pays», pour Pricewatertruc : la prospérité de 2 % de la population. Mais bon, évidemment, c'est pas dans les 98 % restant que Pricewatermachin va recruter sa clientèle... Quant aux trois milliards de francs que l'impôt fédéral sur les successions rapporterait aux caisses des cantons et à l'AVS, qu'ext-ce que vous voulez que ça lui rapporte, à Pricewaterbidule, hein ?

Un projet de l'Orchestre de chambre de Genève a risqué être bloqué par le Département de l'Instruction Publique, avant que la Conseillère d'Etat Anne Emery Torracinta mette le holà à cet excès de zèle, plus analphabète que laïcard. Le projet a failli être bloqué parce qu'il implique des enfants des écoles, et que faire chanter des enfants dans un opéra où leurs chants seraient parfois des adresses à Dieu (à un dieu, donc, parmi tous ceux que l'on peut chanter dans des opéras) violerait à Genève, le principe constitutionnel de la laïcité... Que l'opéra en question ait été composé par l'un des plus grand compositeurs du XXe siècle, Benjamin Britten, que Britten ait prévu d'y faire chanter des enfants, que vu le sujet de l'opéra (la fable biblique de l'Arche de Noé) il était inévitable qu'à un moment ou un autre, il y ait du dieu dans le chant, quelqu'un, au Département de l'Instruction Publique de la République & canton de Genève n'en avait cure : des enfants ne doivent pas chanter de chants religieux dans un cadre scolaire. Pourquoi ?  Parce que ce ne serait pas laïque. Qu'est-ce qu'on fait alors de l'hymne national genevois, ce cantique en franco-provençal savoyard que les enfants des écoles chantent à chaque fête nationale genevoise (l'Escalade) pour rendre hommage (et clore cet hommage par « Amen, amen, Ainsi soit-il ») au Très Haut, Maître des Batailles et Patron des Genevois ? Devrait-on expurger Haendel et Bach du répertoire des choeurs scolaires et des choeurs des collèges ? Trier dans Mozart ce qu'on a le droit de chanter (pas le requiem, c'est  religieux, pas La Flûte, c'est maçonnique, juste « Ah vous dirais-je Maman »...) ?

Le soutien du PDC de la Ville de Genève à la candidature du MCG Medeiros à la présidence du Conseil Municipal, puis la signature d'une « plate-forme » politique de la droitunie municipale, avec le PDC, le PLR,  l'UDC (l'Entente élargie, quoi)... et le MCG, fait tousser au PDC... Le député Vincent Maître et l'ancien président du parti Fabiano Forte (qui a même annoncé sa démission du parti) se sont fendus de commentaires vengeurs, le premier estimant que l'opération relève « au mieux (de la) schizophrénie, au pire (de l') escroquerie intellectuelle ». C'est bien dit, mais c'est un peu tard... enfin, c'est le PDC, quoi...

Obtenir la nationalité suisse par naturalisation, c'était déjà cher, long et compliqué. « Droit du sang »  oblige. A Genève, ça sera toujours aussi long et compliqué (la faute, notamment, à un passage par un préavis municipal souvent donné, comme en Ville de Genève, par une commission  du Conseil Municipal parfaitement superfétatoire, voire nuisible), mais ça sera dans la plupart des cas encore plus cher, si le parlement suit l'avis de la majorité (de droite) de sa commission des droits politiques, qui veut remplacer une taxe calculée sur la base du revenu par un émolument fixe qui va presque doubler le prix de l'helvétisation de la plupart des métèques (ceux qui ont un bas ou moyen revenu, soit 65 % des candidat-e-s en 2013), en le faisant passer de 920 à 1700 francs. En revanche, les métèques fortunés paieraient moins (c'est à ce genre de détails qu'on voit qu'il s'agit bien de la nationalité suisse) : une personne dont le revenu déterminant annuel dépasse les 120'000 francs (autant d'euros, en gros) et qui paie aujourd'hui 3680 francs n'en paierait plus que 1700, lui aussi. En d'autres termes : les étrangers pas riches paieraient deux fois plus, les étrangers riches deux fois moins. Pourtant, la Constituante avait demandé que le prix de la naturalisation soit réduit afin qu'il ne soit pas un obstacle à l'acquisition de la nationalité... les députés de droite on du mal comprendre, ça doit être ça : ils ont réduit le prix de la naturalisation pour ceux qui de toute façon pouvaient déjà se le payer, et l'ont augmenté pour tous les autres...

Fin avril, le « Michael Page Swiss Job Index », dont on avoue humblement qu'on ignorait jusqu'à l'existence, a annoncé que sur les douze mois précédents, le nombre d'offres d'emploi avait chuté de 6 % en Suisse romande, et reculé d'un pourcent en Alémanie, et que 40,5% seulement de demandeurs d'emploi romands prévoyaient une amélioration du « marché du travail » contre 54,6 % chez les demandeurs d'emploi alémaniques. Le numéro un mondial du travail temporaire, Adecco, a aussi constaté que le « marché de l'emploi »  avait fortement fléchi dans l'« arc lémanique » au premier trimestre 2015. Vous allez voir que ça va encore être la faute des syndicats et des frontaliers... et que personne ne relèvera que dans ce beau pays, on peut licencier sans raison... et qu'un peut partout, la droite prône le «personnal stop» (la non augmentation du nombre de postes de travail) dans la fonction publique...





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