Fonds de tiroir


Céder à une provocation est toujours une erreur (disons clairement : une connerie), et une faiblesse quand on est  militant politique depuis 45 ans et qu'on devrait avoir appris précisément à la fois à ne pas céder aux provocations des autres et à calculer les siennes. Donc, on a été sanctionné (d'un mois de suspension des commissions où l'on siège) pour avoir empoigné par le colbar un allumé (qui a écopé, lui, d'un «avertissement écrit») qui avait décidé que la place à laquelle on était affecté dans la salle du Conseil Municipal -la seule place où l'on puisse voter et d'où l'on puisse intervenir était la sienne (ou celle de son groupe, ou d'une partie de son groupe, ou d'une partie d'une partie de son groupe). On s'était préparé à pire sanction. On s'était préparé à prendre une belle posture victimaire, sacrificielle, de martyr de la connivence entre la droitunie et feue la gauche de la gauche -bref, un truc quasiment christique. Et puis voilà, manque de pot, le bureau du Conseil Municipal de la Ville de Genève, certes bien à droite mais pas maladroit, nous prive de notre instant de gloriole. On rumine donc aigrement notre déception d'acteur et l'atteinte à notre amour-propre. Et on en restera là. Du moins pour le moment.

En 2006, François Cavanna souriait de la modestie du lectorat de son «Charlie» : « On ne tirera jamais à un million d'exemplaires » ... Eh bien si, neuf ans plus tard, et à plusieurs millions même, pendant quelques semaines. Depuis les attentats qui ont frappé sa rédaction en janvier dernier et tué Charb, Wolinski, Cabu, Tignous, Honoré et les autres, « Charlie Hebdo »  s'est vendu à des millions d'exemplaires, a généré 12 millions d'euros de recettes, se vend toutes les semaines à plus de 150'000 exemplaires (cinq fois plus qu'avant le carnage) et a 270'000 abonnés. On tient donc, ici, à préciser qu'on ne souhaite pas dépasser le millier de destinataires quotidiens de nos états d'âme, qu'ils nous suffisent amplement et que la douce médiocrité de notre audience nous satisfait. Voila.

Les Verts genevois, divisés entre partisans et adversaires du projet, ont décidé de ne pas soutenir le référendum lancé contre le projet de rénovation et extension du Musée d'Art et d'Histoire (MAH +), et de laisser les référendaires récolter les signatures nécessaires avant de se prononcer sur le fond, lorsque le référendum aura abouti. Seuls une coalition et un  parti politiques soutiennent donc, aux côtés des défenseurs du patrimoine, ce référendum : l'UDC et « Ensemble à Gauche ». Vu leurs profils légèrement contradictoires, quelque chose nous dit qu'il va falloir attendre nous aussi l'aboutissement du référfendum pour qu'un véritable débat s'engage sur le projet, et pas seulement sur ses à-côtés, son financement et le partenariat avec la Fondation Gandur pour l'Art. On attendra donc. Notre patience est quasiment angélique.

TISA : Résolution de l’assemblée de délégué-e-s de la CGAS du 11 juin 2015 adressée au Conseil fédéral
(...) C’est avec une très grande inquiétude que l’assemblée des délégué-e-s de la Communauté genevoise d’action syndicale, la CGAS, a traité en son assemblée de ce soir des négociations en cours en vue de la réalisation d’un accord sur le commerce des services, ACS ou TiSA pour son acronyme anglais.
La volonté des pays participants à la négociation d’ouvrir le plus largement possible le domaine des activités soumises à la concurrence ne peut que nous inquiéter. En effet, la suppression des obstacles inutiles à la concurrence, maître mot des initiants de la négociation en cours, n’est pas un concept abstrait : elle est l’instrument d’une mainmise accrue des multinationales sur nos vies aussi bien en matière de services offerts à la population que de conditions de travail.
Renforcer les logiques de concurrence dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la protection de l’environnement, des transports, de la protection de la population c’est exposer ces domaines à la recherche de la rentabilité, c’est exercer une pression accrue sur les coûts et, in fine, c’est mettre en danger la qualité des prestations.
Au même titre, la pression à réduire les coûts risque bien de se traduire par une pression accrue et presque sans limites sur les conditions de travail et sur les salaires.
En ce sens, la volonté des négociateurs de soustraire aux dispositions de l’Organisation internationale du travail les règles en matière de conditions de travail des « travailleurs déplacés » pour en attribuer le contrôle à l’OMC ne peut qu’accroître les craintes de dumping salarial organisé.
De plus, la méthode qui préside à l’élaboration de TiSA en vertu de laquelle tout ce qui n’est pas public aujourd’hui ne pourra plus jamais l’être hypothèque grandement notre avenir et prive les générations futures de la possibilité de corriger des choix faits aujourd’hui et qu’il serait nécessaire de rectifier demain.
Enfin, la négociation de ce traité par des pays qui représentent à eux seuls plus des trois quarts du commerce mondial des services – on ne trouve parmi eux aucun pays africain par exemple, ni les BRICS - imposera de fait les normes décidées à tous ceux qui n’ont pas été conviés à la table des négociations.
C’est pourquoi, à l’instar de l’Union syndicale suisse qui s’est prononcée en ce sens lors de son Congrès de novembre dernier, l’assemblée des délégué-e-s de la Communauté genevoise d’action syndicale exige, en plus d‘une information exhaustive du parlement et de la population, le retrait de la Suisse des négociations TiSA.

La politique municipale, en Ville de Genève, c'est compliqué. Heureusement, des spécialistes, disponibles et compatissants, sont là pour nous (et vous) l'expliquer. Ainsi Pascal Décaillet, dans «Genève Home Information» de mercredi dernier. Et ça commence fort : la droite élargie à l'extrême-droite totalisant 43 sièges au parlement municipal contre 37 à la gauche (pas élargie à l'extrême-gauche vu que d'extrême-gauche, y'a plus), Décaillet résume : la droite a la majorité au Conseil Municipal, « donc le pouvoir ». Des esprits chicaneurs expliqueront évidemment que le pouvoir, dans les communes genevoises, ne réside pas au Conseil Municipal, mais au Conseil administratif, qui en Ville est à 80 % à gauche, mais on va pas s'attarder à des détails aussi insignifiants : l'important, c'est qu'en additionnant tous les partis qui ne sont pas de gauche pour les agglutiner dans une « droite élargie», on arrive à un total d'élus plus important que celui des élus de gauche. « Donc le pouvoir ». Voui, voui. Et on ne va pas s'attarder non plus sur le fait que ces partis du centre (s'il existe), de la droite et de l'extrême-droite étaient déjà majoritaires au parlement de la Ville après les élections de 2011. Et que donc la gauche n'a pas perdu en 2015 la majorité dans ce parlement, puisqu'elle l'avait déjà perdue quatre ans avant. Sans que cela empêche le vrai détenteur du pouvoir municipal, le Conseil administratif, de faire passer (parfois contre une partie de la gauche, d'ailleurs) les projets qui lui importent, y compris les budgets annuels. Mais bon, hein, ça lui fait tellement plaisir, au Journaliste, de clamer que la gauche a perdu le pouvoir parce qu'elle est restée minoritaire là où elle l'était déjà qu'on va pas chicaner : c'est vrai, quoi, c'est si beau, un homme heureux...



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